Irak : permettre aux personnes déplacées du camp de Bersiveh d’accéder aux soins de santé


Depuis le premier octobre 2020, Première Urgence Internationale intervient dans le camp de Bersiveh, situé au nord du pays. L’ONG y gère l’unique centre de santé et offre des services de santé primaire ainsi que de santé mentale et soutien psychosocial.

Ce camp a été établi en novembre 2014 pour les déplacés ayant fui les zones de combats. Il est situé près du village Bersiveh dans le district de Zakho (gouvernorat de Dohuk).

© Google Maps | District de Zakho

© Google Maps | District de Zakho

En janvier 2021, la population s’élevait à 6 675 personnes dont 3 779 femmes et 2 896 hommes. Ces populations déplacées sont principalement originaires du Sinjar (gouvernorat de Ninewa).

Les Yezidis sont une minorité ethno religieuse longtemps marginalisée et discriminée sous Saddam Hussein. Puis durement persécutée durant l’invasion de Daesh jusqu’en 2017. On estime à environ 6 000 le nombre de femmes et enfants yezidis enlevés par Daesh en 2014 et soumis à d’extrêmes violences physiques et sexuelles.

Daesh parti, les survivants et survivantes n’ont toutefois pas pu reprendre leur vie d’avant. Leurs villages et maisons ont été détruits ou leur accès est devenu trop risqué.

Nombre d’entre eux vivent dans des camps ou des quartiers informels et doivent composer avec les expériences traumatisantes (physiques et psychologiques) qu’ils et elles ont endurées durant leur captivité.

Un centre de santé essentiel

Les services proposés par Première Urgence Internationale visent à fournir des services de santé de qualité pour toutes et tous. Les équipes se concentrent notamment sur les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et allaitantes à travers des consultations pré et post natales.

L’ONG s’occupe également de fournir des équipements non médicaux et assure la maintenance du centre de santé et son accessibilité pour les personnes avec des besoins spécifiques.

73% des personnes viennent pour des consultations générales, 41% pour des maladies non transmissibles et 12% d’entre elles viennent pour de la santé reproductive.

Les besoins en soins de santé concernant les maladies transmissibles sont aussi élevés (56% des consultations), du fait des conditions de vie insalubre dans le camp, créant des conditions propices à l’apparition de maladies transmissibles telles que la diarrhée.

©Florent Vergnes | Soins de santé dans le camp de Bersiveh en Irak avec une séance de sensibilisation par une travailleuse communautaire de santé

© Florent Vergnes | Séance de sensibilisation par une travailleuse communautaire de santé

« Lorsque le cas est trop grave ou requiert l’intervention d’un spécialiste, on réfère le patient à un centre de santé secondaire (hôpital), ou à d’autres acteurs spécialisés : par exemple pour les victimes de violences basées sur le genre », explique Laure Jegard, Chargée de subventions pour le programme Irak.

Le centre de santé est ouvert six jours sur sept, de 8 heures à 14 heures, il est ensuite réservé aux urgences.

« Nous faisons aussi appel à des travailleurs communautaires de santé qui sensibilisent la population qui vient au centre de santé, explique la Chargée de subventions, elle ajoute : « Ils parcourent également le camp, pour aller directement à la rencontre des familles, de tente en tente. Les principaux sujets abordés sont : l’hygiène, la COVID-19, la santé reproductive, les maladies chroniques et la santé mentale. »

La moitié des personnes soutenues par Première Urgence Internationale via ce centre de santé sont des femmes. 42% ont entre 15 et 49 ans.

Consultations prévues en santé mentale

Au début de l’année, plusieurs tentatives de suicides ont eu lieu dans le camp de Bersiveh, particulièrement chez les adolescents.

De ce fait, en plus des sessions de sensibilisation sur la santé mentale organisées au sein de la salle d’attente du centre de santé, une psychologue et des travailleurs psychosociaux prennent en charge les personnes ayant besoin d’un soutien psychologique au travers d’entretiens individuels et en famille. Des référencements vers des centres de santé spécialisés sont également effectués lorsque la situation de la personne le requiert.

Aux conditions de vie difficiles, à la promiscuité et aux traumatismes d’avoir dû fuir son foyer s’ajoutent des drames comme le décès d’un père et de ses deux enfants le 17 février 2021 dans un incendie, probablement dû à un court-circuit. Cinq autres personnes ont été blessées, avec pour certaines des brûlures importantes.

À travers les photographies de Florent Vergnes, découvrez les actions menées par Première Urgence Internationale dans le camp de Bersiveh :

 

Réponse COVID-19

« Nous faisons aussi beaucoup de renforcement de capacité pour les personnels de santé gouvernementaux, pour renforcer le système de santé irakien au-delà de la seule action de Première Urgence Internationale. À partir d’avril, nous allons soutenir une zone d’isolement et de quarantaine pour les cas suspects et/ou positifs à la COVID-19 », explique Laure Jegard.

Ce nouveau projet permettra l’identification des cas, la provision de soins, un transfert des cas sévères vers un centre de santé secondaire et du soutien psychologique aux personnes malades ainsi que du soutien psychosocial à leurs familles.

Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) daté de février 2021 : « Un an après la première incidence du COVID-19 en Irak, le pays est entré dans une nouvelle période de confinement et de restrictions de mouvement visant à contenir la propagation du virus. Les personnes déjà vulnérables, notamment les personnes déplacées, les réfugiés et les rapatriés, risquent de continuer à subir des conséquences négatives. »

Selon le BCAH, l’aperçu des besoins humanitaires 2021 pour l’Irak s’élève à 4,1 millions de personnes dans le besoin.

« Si le nombre de personnes dans le besoin est resté similaire à celui de l’année précédente, la gravité de ces besoins a augmenté, en grande partie à cause de l’impact du COVID-19 qui s’est ajouté à une crise humanitaire existante, entraînant une augmentation de 35 % du nombre de personnes ayant des besoins aigus. Comme l’indique le HNO [Humanitarian Needs Overview : rapport sur les besoins humanitaires mondiaux], les principaux facteurs de cette augmentation sont l’impact de la COVID-19 et la crise économique partiellement liée à celle-ci, qui a entraîné une perte de moyens de subsistance à grande échelle, » note le rapport.

Première Urgence Internationale intervient en Irak depuis 1983 (au départ sous le nom d’Aide Médicale Internationale).

La mission apporte son aide aux réfugiés vulnérables, aux personnes déplacées ainsi qu’aux communautés d’accueil, afin d’améliorer leurs conditions de vie et de renforcer leur résilience, leur permettant ainsi de retrouver dignité et autonomie.

En faisant un don à Première Urgence Internationale, vous permettez aux équipes de continuer leurs actions sur place tout en mettant en œuvre de nouveaux projets pour venir en aide aux personnes vulnérables déplacées.

Les services liés au centre de santé du camp de Bersiveh sont financés grâce au soutien du Bureau of Humanitarian Assistance (BHA), le soutien à la zone d’isolement et de quarantaine est lui financé par le Iraq Humanitarian Fund (IHF).


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