« C’est un conflit qui n’est toujours pas résolu »


En Ukraine, la guerre du Donbass continue de battre son plein. Depuis le début de ce conflit, 1,6 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Mathieu Vernusse est chef de mission en Ukraine depuis un an. Il nous explique la situation des populations là-bas.

La situation in Ukraine continue d'être critique pour sa population

Quelle est la situation en Ukraine actuellement ?

« La guerre en Ukraine a débuté politiquement et militairement en 2014. Fin 2014, le statu quo a été déclaré et une « ligne de contact » a été définie qui coupe le pays entre les zones non contrôlées par le gouvernement et celles sous contrôle du gouvernement ukrainien.

Aujourd’hui, cette ligne de contact peut être schématisée en une bande qui s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres de longueur et sur 200m à 5km de largeur (1). Elle traverse ainsi la région du Donbass et représente une zone de danger appelée « zone grise ». Cette zone est en fait une frontière à partir de laquelle les positions armées des deux parties s’organisent. Les tirs y sont quotidiens. Malheureusement, les populations vivent encore dans cette zone dangereuse et en subissent les conséquences régulièrement.

Est-ce que cette situation justifie une intervention humanitaire ?

Tous les services de base dans cette zone ont subi des dégradations majeures. Par exemple les services de santé ont été touchés et de nombreux hôpitaux ont été détruits. Certains centres de santé se sont vidés car leur personnel a souvent été forcé de fuir. D’autres ne sont quasiment plus accessibles. Tous manquent de ressources –en matériels médicaux entre autres- en raison du conflit.

Mais sur les 1,6 million de déplacés internes, la moitié sont des personnes qui font des aller retour entre le territoire non gouvernemental et l’Ukraine pour essayer de toucher leur retraite.

Ainsi, pour récupérer cette pension, nombre de personnes en zone grise ou en zone sous contrôle séparatiste se voient obligées de traverser la ligne de contact. Il faut bien s’imaginer : il y a parmi elles des hommes et des femmes âgés de 70 ans et plus qui doivent traverser à pied pour aller chercher leur pension méritée pour avoir travaillé toute leur vie. La traversée peut prendre jusqu’à plus de 8h. Cela fait méditer sur les conditions humanitaires et sanitaires de ces populations.

Une petite dame traverse un checkpoint à Mariinka

Est-ce que les besoins sont vraiment urgents et massifs ?

Nous sommes dans un cas de guerre à l’ancienne « de tranchée ». Tous les mois, on compte plus de 1 million de personnes qui traversent la ligne dans les deux sens alors que tous les jours, il y a des affrontements entre les zones non contrôlées par le gouvernement et les forces gouvernementales.

Le conflit entre dans sa 4ème année et on atteint les 2 500 civils tués, sans compter les blessés ni les morts militaires. 2017 a vu une escalade de la violence, notamment avec l’utilisation accrue d’armes lourdes. Les armes lourdes sont de longue portée et sont donc moins précises que des armes au poing. Les tirs de ces armes tombent régulièrement dans la zone grise et les zones près de la ligne de contact. C’est un vrai problème qui présente des risques majeurs pour les civils et populations locales.

Et toi, quel sentiment gardes-tu de cette mission ?

Il est difficile de s’imaginer qu’un pays aux portes de l’Europe puisse vivre un conflit d’une telle ampleur. Nous croisons de nombreuses personnes, de nombreuses histoires et récits de vie différents. Mais pour beaucoup, l’histoire se termine souvent dramatiquement. J’ai connu des femmes que nous avons aidé à accoucher mais qui ont perdu leur enfant par la suite, ou des personnes qui ont fait des crises cardiaques que nous avons aidé à réanimer mais qui sont mortes dans l’ambulance après. Ce sont des histoires comme ça qui nous montrent à quel point notre mission est primordiale et à quel point les besoins sont bel et bien présents. »

Cliquez ici pour en savoir plus sur les actions de Première Urgence Internationale dans le pays.

(1) La zone de contact est une zone difficilement définie.
Pour en apprendre plus : http://mappemonde.mgm.fr/119lieu1/

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