Première Urgence Internationale mise sur la cohésion sociale à Mossoul
Un an et demi après la violente bataille de Mossoul, qui avait dévasté la deuxième plus grande ville d’Irak, l’heure est à la reconstruction. Première Urgence Internationale mène un projet multisectoriel de cohésion sociale. L’objectif est de permettre aux populations de revivre ensemble après des années de conflit, et de se réapproprier leur territoire.
Plusieurs mois après la « bataille de Mossoul ». Malgré la fin officielle des opérations militaires, la ville dévastée et les populations traumatisées. Laissant ainsi entrevoir un très long processus de reconstruction.
Accompagner les populations déplacées
Après avoir ouvert une base opérationnelle dans la ville de Mossoul. Première Urgence Internationale met aujourd’hui en œuvre un projet multisectoriel (1). L’enjeu est d’accompagner les populations déplacées dans le camp de Bardarash (Kurdistan Irakien), durant leur retour vers les villages périphériques de Mossoul, en zone rurale.
Dans le cadre de ce projet, l’ONG intervient dans le sous-district de Bashiqa, au nord-est de Mossoul. Une intervention principalement sur trois villages spécifiquement ciblés : Darawish, Abujrboa et Khorsebat.
« Le but premier de ce projet, c’est la cohésion sociale, explique Léa Triniac, chargée du projet depuis septembre 2018. En effet, l’objectif est de permettre à des gens qui ont été divisés par cette crise de pouvoir revivre ensemble, travailler ensemble sur un projet commun, et ainsi se réapproprier le territoire dans lequel ils vivent. »
Une cohésion sociale pour revivre ensemble
Première Urgence Internationale accompagne par exemple la réhabilitation de quatre écoles dans ces villages. Cela passe par le rafraîchissement des peintures, remise à niveau des réseaux électriques, réparation de portes et fenêtres… Des travaux pour réparer les dommages principalement liés au temps et à l’inutilisation de ces infrastructures pendant plusieurs années. Même si une des écoles avait également été impactée par un tir de mortier. « On cherche à restaurer les infrastructures de base, pour améliorer les conditions d’éducation », développe Léa Triniac. L’association veille également à ce que les travaux, menés par un fournisseur irakien, ne perturbent pas les classes et l’activité des écoles.
Par ailleurs, l’association mène des projets communautaires collectifs qui permettent aux populations de travailler ensemble. Aussi bien sur l’identification des besoins que dans la mise en œuvre concrète des travaux. Trois projets de réhabilitation seront prochainement lancés. Un réseau de drainage, à Khorsebat. Puis une partie de deux axes routiers principaux, l’un à Darawish et l’autre à Abujrboa. « Cela devrait garantir un environnement plus sain et permettre une meilleure circulation des personnes sur l’ensemble de la zone ».
Enfin, grâce à ce projet multisectoriel, Première Urgence Internationale agit sur une dimension sociale collective. L’association accompagne la mise en place de deux centres communautaires, dans les murs d’anciennes maisons privées réhabilitées. Dans ces centres, l’objectif est de favoriser le retour d’une vie de quartier. Premièrement avec des activités récréatives pour les enfants. Puis avec des ateliers de formation professionnelle avec mise à disposition de matériel, ou tout simplement réunions collectives. « Ces centres pourront servir d’espace de parole aux femmes des villages, qui n’ont pas toujours de lieu où se réunir pour simplement discuter », analyse Léa Triniac.
Sensibiliser et former les bénéficiaires
En attendant la mise en place de ces centres communautaires, des ateliers de formation sont déjà en cours de développement pour les habitants de Khorsebat, village pilote. Comme par exemple l’initiation à la couture, au métier de barbier pour les hommes et coiffeuse pour les femmes, photographie, informatique… ces formations visent à faire rencontrer les personnes et les faire travailler ensemble.
« De manière générale, à Mossoul et autres localités en situation de post-urgence, les besoins ne sont plus les mêmes, explique Léa Triniac. Une fois passée la phase d’urgence, c’est toute la dimension ‘livelihood’ que l’on doit appréhender ». En développant la formation professionnelle et permettant un meilleur accès aux revenus, les populations peuvent reprendre en main leur quotidien et devenir autonomes dans la gestion de leur besoins. Il s’agit d’un axe essentiel pour leur permettre d’être plus résilientes face aux chocs ».
Sensibiliser les bénéficiaires aux différents services disponibles
Par ailleurs, Première Urgence Internationale lance des activités de sensibilisation pour les représentants communautaires. Cela permettra de renforcer la capacité de réponse des autorités locales aux différents besoins de leurs communautés. Sensibilisation aux dangers des mines, aux violences basées sur le genre, aux bonnes pratiques d’hygiène, ou encore aux soins de premiers secours psychologiques. L’idée est de coupler ces différentes activités avec une cartographie des acteurs présents dans le sous-district de Bashiqa (acteurs locaux, autres ONG nationales et internationales). Afin de sensibiliser les bénéficiaires aux différents services disponibles, et les aider à se rediriger, au besoin, vers les acteurs appropriés. « Le projet s’achève à la fin du mois d’avril. Nous explorons la possibilité de répliquer cette approche dans d’autres villages ayant le même type de besoins. »
(1) Ce projet est mis en œuvre avec le soutien du CDCS (Centre de Crise et de Soutien). Un organe du Ministère Français des Affaires Etrangères et Européennes.