Haïti : reconstruire de façon plus sûre et durable
Le 29 janvier a eu lieu, en Haïti, une cérémonie de remises d’abris « core house», dans le cadre d’un projet mis en place par Première Urgence Internationale dans la Grand’Anse.
Le 29 janvier a eu lieu, en Haïti, une cérémonie de remises d’abris « core house» en présence de l’Ambassadeur de l’Union européenne en Haïti et de la Cheffe de secteur Amérique Latine et Caraïbes du service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile (ECHO). Cet événement s’inscrit dans le cadre d’un projet multisectoriel mis en place par Première Urgence Internationale dans la Grand’Anse.
L’abri « core house », qu’est-ce que c’est ?
Le «core house» est une maison bâtie sur une véritable fondation en béton, sur laquelle repose une ossature et une charpente en bois recouverte d’un toit en tôle.
L’abri comprend une pièce de 22m² qui répond aux normes parasismiques et para-cycloniques en vigueur dans le Pays. Il garantit ainsi aux personnes les plus vulnérables un refuge solide en cas de nouvelles catastrophes naturelles et réduit significativement les risques en termes de perte en vies humaines ainsi que le phénomène de décapitalisation lié à la perte de son habitation.
Le « core house » contre les ouragans et les séismes
En effet, « lors du passage de l’ouragan Matthew, le département de la Grand’Anse a été l’un des plus touchés. Matthew a détruit la quasi-totalité des maisons de la zone », explique Marine Carbon, responsable du projet multisectoriel pour Première Urgence Internationale en Haïti. En lien avec les autorités locales et le groupe de travail national, la prise en compte des standards de construction « core house » apporte une réponse adaptée.
Aujourd’hui, près d’un million de personnes vivent encore dans des abris de fortune. Pour avoir une idée de la situation actuelle, il faut imaginer la moitié de la population résidant à Paris, la rive droite par exemple, s’abritant sous une tente ou dans une cabane.
Le « core house » dans les localités les plus enclavées d’Haïti
Dans le cadre de son projet multisectoriel en Haïti, Première Urgence Internationale a systématisé la formation d’équipes de maçons et de charpentiers locaux. Notre objectif est de doter ces zones rurales de compétences techniques permettant de faire face aux réponses d’urgence à venir et ainsi de développer l’autonomie et la capacité des communautés à se relever plus rapidement.
290 ménages des sections communales de Mouline et Chardonnette, soit plus de 1500 bénéficiaires directs répartis dans plus de 40 sous localités, reçoivent actuellement les matériaux (ciment, bois, tôles, etc.) nécessaires à la construction de ces abris renforcés.
De plus, les populations bénéficiant de ce projet vivent dans des zones extrêmement isolées. Les bénéficiaires se trouvent parfois à plus de 4 heures de marche des stocks d’approvisionnement. Dans certains endroits la route est inexistante, ce qui représente un défi logistique de taille pour les équipes de Première Urgence Internationale. Il est donc fréquent que le seul moyen d’acheminement se fasse par la seule force des bras ou à dos d’animal.
La couverture des besoins humanitaires les plus urgents
Selon Jordi Torres Miralles, Chef du bureau de la Direction Générale de la Protection Civile et des Opérations d’Aide Humanitaire Européennes (ECHO) en Haïti, présent lors de la conférence de presse : « La couverture des besoins humanitaires les plus urgents et l’appui au relèvement précoce des ménages les plus vulnérables sévèrement affectés par le passage de Matthew restent une priorité dans la programmation de l’Union européenne en Haïti. En assurant l’accès digne à l’hébergement, la nourriture et l’eau à ces ménages, l’Union européenne est en train de contribuer à améliorer la situation ».
Une approche multisectorielle de Première Urgence Internationale
« Dès le lendemain de l’ouragan Matthew, Première Urgence Internationale s’est mobilisée afin d’évaluer les besoins et de s’inscrire dans la réponse d’urgence. Nous avons choisi de déployer notre intervention sur la commune de Beaumont, en particulier dans les localités enclavées de Mouline et Chardonnette », explique Pascal Maillard, chef de mission adjoint en Haïti.
« Au cœur de notre stratégie d’intervention, on retrouve le ciblage des ménages vulnérables et la couverture de leurs besoins de base. C’est en s’appuyant sur une approche intégrée qui couvre les besoins prioritaires en sécurité alimentaire et renforcement des moyens d’existence, en Eau Hygiène et Assainissement et en appui au logement, que Première Urgence Internationale accompagne ces populations en vue d’un renforcement durable de leur résilience. »
Défis et perspectives
Première Urgence Internationale envisage aujourd’hui de renforcer son intervention sur les moyens d’existence, ce qui a pu être initié dans le cadre d’un projet soutenu par ECHO. La sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales ainsi que la poursuite de la construction des abris durables seront au cœur des futures actions.
Ces deux composantes visent à un renforcement des capacités de résilience des populations les plus vulnérables de la Grand’Anse.
« Tout ce que nous imaginons faire, maintenant et dans le futur, doit prendre en considération les futures menaces afin de permettre de reconstruire en mieux et de façon plus sure », explique Pascal.
« Il est nécessaire de continuer à intervenir en Haïti avec l’aide du gouvernement, afin de continuer à couvrir les besoins vitaux des populations les plus vulnérables. Nous restons mobilisés pour Haïti ».