« Derrière un budget, il y a des vies humaines »


Ivan Dautriche a 30 ans et il est contrôleur de gestion pour Première Urgence Internationale. Il nous raconte son expérience de vie et son parcours au sein de l’association.

Ivan Dautriche, contrôleur de gestion dans l'humanitaire, au travail

Peux-tu nous expliquer ce que tu fais chez Première Urgence Internationale ?

« Aujourd’hui, je suis contrôleur de gestion pour le SUDO, service des Urgences et du Développement opérationnel, chez Première Urgence Internationale.

Est-ce que tu as toujours été contrôleur de gestion dans l’humanitaire ?

J’ai eu la chance d’avoir un parcours mixte : j’ai fait du programme, et aussi de la logistique avant d’être à la finance. Cela permet une vision plus ouverte et complète. Il y a parfois une image très sérieuse du poste de financier sur une mission alors que c’est tout aussi intéressant qu’autre chose.  Le travail du contrôleur de gestion est d’appuyer techniquement les équipes finances sur le terrain et de veiller au respect des règles et procédures de Première Urgence Internationale et de nos bailleurs de fonds. Mais cela comprend également de gérer des gens. Derrière un budget, il y a des vies humaines et nos choix auront des conséquences sur eux aussi.

Quelle a été ta première mission chez Première Urgence Internationale ?

Ma première mission avec Première Urgence Internationale était au Sénégal. J’étais chargé de mettre en place toutes les procédures administratives, de ressources humaines, finance et logistique. C’était un véritable défi parce que je n’avais jamais fait ça avant. Mais Première Urgence Internationale m’a fait confiance et m’a laissé ma chance. C’est la meilleure école parce que tu apprends beaucoup sur le terrain.

A quelles autres missions as-tu participé ?

Je suis parti ensuite 2 fois en RDC, une fois au Tchad et une fois en Afghanistan, et sur l’ouverture de la mission Libye.

Par laquelle as-tu été le plus touché ?

L’Afghanistan est la mission qui m’a vraiment le plus marqué. Aujourd’hui, souvent, j’ai encore envie de retourner là-bas, pas forcément pour travailler d’ailleurs, mais pour voir les habitants. C’est la plus ancienne mission de Première Urgence Internationale. Elle a commencé en 1979, avec des personnes qui travaillent pour nous depuis les années 1980 et qui sont toujours là. J’ai tissé des liens là-bas que je n’ai pu retrouver nulle part ailleurs. Les Afghans sont incroyables. Certains ont vécu de véritables horreurs mais sont capables d’en parler aujourd’hui avec recul, sourire et joie de vivre.

Ivan et ses coéquipiers en Afghanistan

Est-ce que tu as une anecdote particulière à nous raconter de tes missions en tant que contrôleur de gestion ?

Il y a mille et une anecdotes et rencontres particulières à raconter. Sur le terrain, tous les jours, tu en prends pleins les yeux. Par exemple, nous avons eu une frayeur lorsque j’étais en mission en RDC. Dans le cadre de activités génératrices de revenus, nous avions commandé 30 machines à coudre d’une valeur totale de près de 50 000€. Elles ont été remontées depuis Kinshasa vers l’Equateur par un gros bateau, qu’on appelle une baleinière. Pendant 2 mois, nous avons été sans contact avec la baleinière parce qu’il n’y avait pas de réseau de téléphone. Et un jour, le téléphone sonne, on nous prévient que la baleinière arrive mais qu’elle accoste à 50km de chez nous et pas plus loin. Alors il a fallu se réorganiser pour prévoir un transport. Partir en mission, c’est des hauts et des bas, mais qui après coup te font bien rire»

Qu’est-ce que c’est le SUDO ?

« Le SUDO est là pour apporter une réponse en cas d’urgence sur de nouvelles crises ou sur des crises existantes sur lesquelles nous intervenons, notamment quand l’équipe sur place n’est pas en mesure d’y répondre par elle-même. Nous appuyons également le développement opérationnel des missions existantes. Concrètement, lorsqu’une crise éclate, le SUDO va lancer une mission exploratoire afin d’analyser les besoins humanitaires sur place et la pertinence d’une réponse. En cas de besoin, le SUDO assurera l’ouverture de la mission. Ensuite, il gardera la gestion de cette mission jusqu’à ce que certains critères soient atteints pour finalement la repasser au département opérationnel. »

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