« Ce qui me frappe, c’est de constater l’ampleur des besoins médicaux des habitants du bidonville. »


Stefano Badini est stagiaire opérationnel pour Première Urgence Internationale. A l’occasion d’une journée volontaire, il s’est rendu pour la première fois sur un bidonville à Vitry-sur-Seine, accompagné de Simina, médiatrice en santé. Il nous raconte son expérience de vie là-bas.

Vie en bidonvilles

Un aperçu de la vie en bidonvilles

« Lorsque j’aperçois Simina déboucher du coin de la gare de RER, je n’ai qu’une vague idée des qualités que requiert le métier de Médiatrice en Santé. Mais dès nos premiers échanges, je comprends qu’il s’agit d’un métier « au cœur de l’humain ».

« Tu verras », me dit-elle alors que l’on traverse la route à proximité du bidonville, « il y a beaucoup de rats, de boue et… de pauvreté ».

Nous franchissons une cloison décatie et posons les pieds sur un vaste terrain plat. A droite, sur un espace d’environ 50 m², s’amoncèlent une multitude d’objets insalubres. A quelques pas de là, des carrés d’habitation précaire se succèdent par rangée. L’alignement de l’ensemble me surprend d’emblée, tant il correspond peu à l’image chaotique que renvoie habituellement le terme de « bidonville ». Des bidons, il y en a bien, mais ils servent uniquement aux habitants à s’approvisionner à l’unique point d’eau.

Diverses rencontres…

En avançant le long du chemin principal qui borde le camp, Simina me conduit jusqu’à l’entrée d’une maison où se trouve une femme devant être hospitalisée. Une enfant nous ouvre la porte, écoute avec des grands yeux Simina lui demander des nouvelles de sa mère et redisparait à l’intérieur. Quelques secondes plus tard, la porte se rouvre. Apparaît alors une femme, terrée au fond d’un lit, semi-ensevelie sous une pile impressionnante de couvertures. La dame relève péniblement le dos et nous informe que son état de faiblesse la cloue au lit, l’empêchant de nous rejoindre.

Nous avons à peine le temps de prendre congé avant que des couinements perçants de rats font s’enfuir Simina en courant. Je la rejoins alors sur l’allée principale où, déjà, une femme lui demande de l’aide.

Ce qui me frappe, c’est de constater l’ampleur des besoins médicaux des habitants du bidonville.

Et des besoins médicaux immenses

Simina et moi sommes constamment entourés de personnes s’approchant pour lui demander de l’aide. Je remarque également la façon dont elle assure un suivi des visites précédentes, se rappelant des différentes situations personnelles. Son professionnalisme est à la hauteur de la sévérité des besoins des habitants.

Un vieil homme minuscule vient à notre rencontre. Il est très inquiet pour sa femme qui souffre de diabète et, depuis plusieurs jours, de problèmes cardiaques à répétition qui mettent ses jours en péril. On décroche aussitôt le téléphone pour essayer d’obtenir un rendez-vous médical. Je lis une inquiétude obsédante dans ses yeux fatigués. Au bout de la deuxième tentative, nous obtenons un rendez-vous pour le lundi suivant.

Le vieil homme s’éloigne à peine que, déjà, une jeune femme portant à son cou une enfant se rapproche. La fillette se trouve dans un état de maladie avancé : fiévreuse, elle ne mange ni ne dort depuis plusieurs jours. Son regard, révulsé par l’hyperthermie, est poignant. Nous réussissons – non sans peine – à fixer un rendez-vous médical. Les médecins sont méfiants lorsqu’il s’agit des « roms ». Simina conseille vivement à la mère de couvrir les pieds de la petite, qui sont nus malgré le vent glacial.

Le métier de Médiatrice en Santé

Alors que les requérants se succèdent auprès de nous, j’apprends, en observant Simina se démener, que les besoins médicaux sont aussi nombreux que divers. Son métier demande une capacité d’écoute sans faille. Il lui faut également une réactivité face aux situations d’urgence sanitaire, voire d’extrême urgence, dans lesquelles se trouvent plongées trop de ces habitants.

Par sa présence, Simina tente d’enrayer cette mécanique d’isolement. Pour cela, elle aide les habitants à engager de lourdes procédures administratives censées ouvrir le droit à l’Aide médicale de l’Etat (AME). Cette démarche a pour but d’inscrire les gens dans le circuit de droit commun. Le but est qu’ils puissent avoir une prise en charge médicale comme n’importe quel patient en besoin.

Après deux heures d’action intense et continue, nous prenons la voie de la sortie avec un goût amer dans la bouche. Il reste tant à faire et nous savons, au fond de nous-mêmes, que notre aide n’est qu’un remède éphémère- et idéalement il devrait rester éphémère. Car nous souhaitons que ces personnes puissent jouir pleinement de leurs droits, cassant ainsi ce cercle vicieux de pauvreté et discrimination. »

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