« J’ai eu l’impression d’arriver en plein désert, nous ne connaissions personne »


Tarek et Hasna sont nés dans la région de Hama en Syrie. Ils ont deux enfants : Sarah et Mohammed. En 2011, la guerre a éclaté et le destin de cette famille avec. Hasna nous raconte leur histoire.

Vie des réfugiés syriens au Liban

Comment était ta vie avant la guerre ?

« Tarek et moi, nous vivions à Homs en Syrie avec nos 2 enfants. Nous avions notre propre maison avec un jardin potager d’olives et de légumes. Tarek était chauffeur de taxi et je travaillais avec ma fille en tant que coiffeuse dans un salon. Mohammed, lui, a un handicap de naissance : son corps et son cerveau sont paralysés. Malgré cela, notre quotidien était bien. Nous avions tout.

Que s’est-il passé pour vous quand la guerre a éclaté ?

Quand la guerre a éclaté, nous sommes restés chez nous aussi longtemps que possible.  Mais un jour, la ville a été bombardée, c’était la panique. Tout le monde avait peur et courait en tous les sens. Mohammed était avec nous et il s’est fait piétiner par la foule affolée. Une de ses jambes et ses deux bras ont été brisés. Cela a été un tournant pour nous. Mon frère habite à Tyr, au Sud du Liban depuis des années. Nous avons pris la décision de quitter la Syrie pour le rejoindre. Nous avons traversé la frontière tous les quatre avec une centaine d’autres familles, et nous avons atteint Tyr.

Les conditions de vie ont-elles été faciles ?

Nous sommes restés 4 ans à Tyr. Mon mari faisait toute sorte de travail journalier, surtout dans le bâtiment. Ce n’était pas forcément bien payé mais nous faisions au mieux. Ma fille Sarah a accouché là-bas. Elle a été séparée de son mari par la guerre. Nous n’avons jamais entendu parler de lui depuis. Un jour, les corps d’hommes libanais qui étaient morts dans la guerre en Syrie ont été rapatriés. Cela a attisé les colères envers les réfugies syriens. Par peur, nous avons décidé de déménager.

Où êtes-vous allés ensuite ?

Nous avons pris un bus sans savoir où aller. Nous avons atterri à Halba, au Nord du Liban. J’ai eu l’impression d’arriver en plein désert, nous ne connaissions personne. Nous avons alors rencontré un homme qui nous a proposé de vivre dans un petit garage au sous-sol d’un bâtiment de 2 étages avec d’autres familles syriennes. Cela va faire maintenant 2 ans que nous habitons là. Entre temps, mon mari a trouvé un travail à Beyrouth grâce à une connaissance, suffisamment bien payé pour couvrir nos dépenses.

Malheureusement, un jour, il s’est blessé à la jambe au travail et il a fallu l’amener à l’hôpital où il a été diagnostiqué d’un problème plus grave. Sa blessure a été soignée mais il lui faut une chirurgie du genou. Je n’ose pas regarder le devis, tellement j’ai peur d’en voir le montant. En attendant, Tarek marche difficilement, il ne peut plus faire de travail physique.

Comment avez-vous fait financièrement ?

Quand Tarek a arrêté de travailler, nous avons utilisé toutes nos économies pour les dépenses quotidiennes. Nous avons reçu de l’aide de quelques personnes de la mosquée qui savaient que notre fils est handicapé. Mais bientôt l’argent s’est épuisé. Nous ne pouvions plus payer le loyer, nous étions endettés auprès des épiceries et de la pharmacie. Le propriétaire du garage a perdu patience et nous a dit qu’il nous restait 10 jours pour payer le loyer avant qu’il ne nous mette à la porte. J’ai alors appelé des ONG qui s’occupent de Syriens au Liban. Après mon appel, des membres de Première Urgence Internationale sont venus à notre garage. Après une semaine, nous avons reçu une aide de 400$US. Nous avons donné l’argent directement à notre propriétaire et notre dette a été effacée.

Qu’est-ce que tu espères pour la suite ?

J’ai recommencé à travailler comme je le faisais avant la guerre. Grâce au bouche à oreille, j’ai maintenant quelques clientes syriennes qui viennent à mon domicile pour que je les coiffe, surtout avant des mariages par exemple. Mais mon rêve c’est qu’un génie vienne nous chercher et nous ramène tous en Syrie. Récemment, nous avons reçu une photo de notre maison à Homs. Les portes et fenêtres ont été volées ainsi que les meubles mais elle n’a pas été détruite. Quand nous rentrerons, nous pourrons recommencer notre vie à nouveau. Et je planterai des légumes dans mon jardin. »

Les noms mentionnés ont été modifiés pour protéger l’identité des familles.

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Ce programme est supporte par le Bureau of population, Refugees and Migration (BPRM, Département d’État des États-Unis).

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