Une réponse sanitaire d’urgence en faveur des réfugiés camerounais au Tchad


Depuis plusieurs mois, le Tchad est devenu un des refuges de la population camerounaise fuyant les conflits intercommunautaires sur son territoire, avec un impact considérable sur les populations d’accueil. Les équipes de Première Urgence Internationale se sont mobilisées dans l’ouest du pays afin de faire face à cette nouvelle crise transfrontalière.

Distribution des médicaments à la pharmacie de la clinique mobile du site des réfugiés de Kabe © Première Urgence Internationale

Le Tchad est un pays à faible revenu caractérisé par un accès limité aux services sociaux de base (santé, eau, hygiène et assainissement) qui continue de se dégrader face à l’afflux de plus de 60 000 personnes venues du Cameroun en août, puis décembre 2021. Ces déplacements massifs de populations, autant externes qu’internes, sont la conséquence d’affrontements intercommunautaires se déroulant dans la province de l’Extrême-Nord du Cameroun. L’arrivée de ces réfugiés dans les provinces du Chari-Baguirmi et de N’Djamena au Tchad a ainsi dépassé les capacités déjà faibles des structures de base mises en place dans les villages d’accueil.

Une prise en charge primordiale dans le secteur de la santé

Les équipes de Première Urgence Internationale ont choisir de mettre en place trois cliniques mobiles, leur permettant d’aller à la rencontre des réfugiés dispersés le long de la frontière. Ces cliniques offrent des soins de santé de base aux populations tant réfugiées qu’hôtes et redirigent les cas compliqués et de malnutrition vers des structures de santé de référence. Un renforcement des capacités des centres de santé de la zone est aussi effectué afin de faire face aux afflux de déplacés.

En parallèle, une formation sur le dépistage de la malnutrition a été mise en place au sein des communautés afin de les rendre autonomes dans la prévention de cette maladie. Première Urgence Internationale a également organisé une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation communautaire en faveur de la cohésion sociale sous la forme d’activités manuelles. Ces dernières sont un prétexte à l’échange social et au dialogue et permettent dans le même temps de combler un besoin chez les réfugiés (création d’une ressource économique, réponse à un besoin en hygiène intime, etc.).

Séance de sensibilisation sur l’alimentation équilibrée du nourrisson à Samankalé © Première Urgence Internationale

Le docteur Ange Kabangu Kabula, responsable du projet chez Première Urgence Internationale au Tchad, revient sur les activités mises en place afin de fournir une assistance médicale de qualité : « Depuis janvier 2022, les équipes des cliniques mobiles effectuent environ 1 200 consultations médicales par mois et réfèrent en moyenne une dizaine de patients devant recevoir des soins de santé secondaires et tertiaires dans d’autres hôpitaux. Un suivi des patients référés est réalisé afin de s’assurer que les réfugiés reçoivent une assistance médicale de qualité. Nous soignons tout le monde, peu importe sa communauté d’origine ».

La majorité des patients pris en charge au sein des cliniques mobiles souffrent de paludisme, d’infections respiratoires aiguës et de diarrhées. La précarité des conditions de vie dans les camps des réfugiés (manque d’hygiène, eau potable insuffisante) accroît la vulnérabilité des populations face aux maladies. De plus, la période de soudure qui ne prendra fin qu’en octobre augmente le nombre de cas de malnutrition, une situation dont témoigne un réfugié du site Ngueli Pont : « Les rations alimentaires ne sont pas suffisantes, en quantité ou en qualité ». En juin 2022, nos équipes ont pris en charge plus de 70 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, parmi lesquels certains nécessitaient une hospitalisation d’urgence.

Au Cameroun, Première Urgence Internationale continue à se mobiliser en distribuant aux populations hôtes et déplacées des kits d’Articles Ménagers Essentiels (AME) leur permettant de préparer, manger et stocker des aliments. Plus de 2 500 bénéficiaires ont pu disposer de ces kits en février dernier.

La précarité menstruelle chez les réfugiées

L’hygiène intime a été identifiée comme étant l’une des préoccupations majeures des réfugiées camerounaises. Un besoin en serviettes hygiéniques et le manque de ressources financières pour se les procurer furent exprimés auprès des équipes de l’ONG. Cette thématique constitue un biais de genre important puisqu’elle ne touche que les femmes et n’est pas considérée comme un besoin essentiel. Pourtant, la satisfaction du besoin de se sentir propre et digne, si elle est difficilement quantifiable, n’en reste pas moins un prérequis pour tout bien-être mental. C’est ce que plaide Regina, mobilisatrice communautaire : « Les bailleurs de fonds de l’aide humanitaire doivent l’inclure de manière systématique dans les projets qu’ils financent ».

En vue de rendre accessible ces serviettes à moindre coût aux femmes refugiées des sites de l’axe Koundoul dans la province de Chari-Baguirmi, une des mobilisatrices communautaires a organisé la formation de 30 filles et femmes sur la confection de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables. Cette activité leur permet de réduire la précarité menstruelle, mais aussi de générer un revenu et d’améliorer de manière autonome leurs conditions de vie.

Formation sur la confection de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables à Samankalé © Première Urgence Internationale

Ces projets sont soutenus et financés par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères – Centre de crise et de soutien (CDCS).

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