En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, la population face à la 55e année d’occupation israélienne


55 ans après le début de l’occupation israélienne, les populations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sont plongées dans l’une des plus longues crises humanitaires et de déplacement forcé de l’histoire moderne. Retour sur les conséquences de l’occupation pour les Palestiniens en infographies.

Image des destructions causées par les frappes israéliennes en août 2022 à Gaza I © Première Urgence Internationale

LA BANDE DE GAZA : BLOCUS ET RESTRICTIONS

Depuis le renforcement drastique du blocus israélien sur la bande de Gaza fin 2005 après l’évacuation des colons et de l’armée, on assiste à une multiplication des bombardements et attaques contre les civils et les infrastructures de base.  Ces quinze dernières années, les Palestiniens ont subi de plein fouet les conséquences des lourdes escalades militaires tout en faisant face aux nombreuses violations quotidiennes des droits humains.

Outre le blocus de la bande de Gaza, les autorités israéliennes ont imposé unilatéralement des zones d’accès restreint sur terre et en mer. Or, ces zones constituent le panier alimentaire de la bande de Gaza. En fonction de la situation politique, les pêcheurs sont autorisés à naviguer entre 0 et 12 miles nautiques, alors que les accords d’Oslo leur accordaient jusqu’à 20 miles nautiques. Même dans les zones autorisées, la marine de guerre israélienne continue de tirer à balles réelles sur les pêcheurs, de les arrêter, et/ou de confisquer ou détruire leurs bateaux et matériel de pêche. Entre 2010 et 2022, plus de 4 000 pêcheurs ont été durement affectés par les actions israéliennes. Ces violations des droits humains et du droit international humanitaire ont des conséquences extrêmement négatives sur les moyens de subsistance des pêcheurs et de leurs familles, ainsi que sur l’économie de la bande de Gaza déjà très mal en point en raison du blocus.

Le long de la barrière qui encercle la bande de Gaza sur sa partie terrestre, où sont situées 35% des terres arables, les agriculteurs risquent leur vie à chaque fois qu’ils tentent de se rendre dans leurs champs, conséquence de l’imposition arbitraire d’une « zone tampon » à la superficie fluctuante. Ils ne sont pas autorisés à s’approcher à moins de 100 mètres près de la barrière, et ne peuvent se rendent qu’à pied dans un rayon de 300 mètres.  La situation reste néanmoins dangereuse dans un rayon de plus d’un kilomètre le long de celle-ci. Les agriculteurs se font tirer dessus alors qu’ils travaillent dans leurs champs, leurs cultures sont endommagées par les pulvérisations régulières par l’aviation israélienne de produits chimiques et les terres sont fréquemment nivelées lors des incursions militaires et inondées. Plus de 5000 tirs ont été recensés entre 2010 et juillet 2022, notamment durant les rassemblements populaires des « Grandes Marches du Retour », organisés près de la barrière pour protester contre le blocus. Ces pratiques israéliennes sont à la base d’une crise humanitaire prolongée.

LA CISJORDANIE : COLONIES ILLÉGALES ET ATTAQUES DE COLONS

20 ans après le début de sa construction, le mur serpente en Cisjordanie sur 712 km et a un impact considérable sur la capacité des Palestiniens à subvenir à leurs besoins de base. Le mur ne suit pas en effet la ligne verte définie par les Nations Unies en 1967 (carte UNOCHA), mais a été construit par les autorités israéliennes à 85% à l’intérieur même de la Cisjordanie, séparant les communautés palestiniennes les unes des autres. En conséquence, 10% de leurs terres situées entre la ligne verte et le mur sont isolées.  Jérusalem a également été séparée du reste de la Cisjordanie lors de son annexion illégale par Israël. Les agriculteurs palestiniens ne peuvent pas accéder librement à leurs terres et propriétés de l’autre côté du mur et doivent demander des autorisations spécifiques qui leur sont souvent refusées (Hamoked).

Par ailleurs, l’occupation israélienne a entrainé une forte présence militaire, l’annexion de facto d’une partie de la Cisjordanie et le déplacement forcé des Palestiniens. Il existe actuellement en Cisjordanie plus de 250 colonies israéliennes illégales au regard du droit international, dont au moins 77 avant-postes agricoles également illégaux au regard du droit israélien. Les colonies sont généralement construites au sommet de collines, sur des terres privées ainsi volées à leurs propriétaires palestiniens. Les terres proches des colonies, généralement agricoles, deviennent quasiment inaccessibles aux Palestiniens en raison des attaques des colons israéliens et/ou de la présence militaire israélienne. Se rendre dans certaines zones proches des colonies nécessite souvent une coordination préalable.

La présence de colonies et de civils israéliens en territoire occupé est interdite par le droit international et crée un environnement coercitif lourd. Depuis 2017, l’UNOCHA a enregistré plus de 5 000 attaques de colons contre des Palestiniens et leurs propriétés. Au cours de ces attaques, 187 Palestiniens ont perdu la vie. Les colons détruisent les arbres et attaquent le bétail des Palestiniens, favorisant le départ des villageois et bédouins ayant perdu leurs moyens de subsistance.

Les colonies polluent aussi sciemment les terres palestiniennes par différents moyens, comme le déversement de leurs eaux usées, affectant ainsi la santé et les moyens de subsistance de plus de 40 000 Palestiniens. Ces pratiques d’occupation violent les droits humains fondamentaux et ne cessent d’aggraver la crise humanitaire.

La longue occupation militaire israélienne et ses pratiques, illégales au regard du droit international, ainsi que la violence institutionnalisée sont à la base d’une crise économique et humanitaire qui laisse tout un peuple dépendant d’une assistance internationale dont il n’aurait nul besoin s’il pouvait accéder librement à toutes ses ressources naturelles.

La stratégie israélienne d’enfermement des populations palestiniennes, de restriction d’accès aux terres agricoles et zones de pêche, et de pollutions de l’environnement crée une crise humanitaire qui favorise la politique d’expulsion des Palestiniens de leur sol national, toujours en cours 74 ans après la Nakba -l’exode forcé de 700 000 Palestiniens –  de 1948.

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