Burkina Faso : la situation reste critique à Sebba, ville sous blocus
Depuis la fin du mois de juin, la ville de Sebba, au nord du Burkina Faso, est soumise à un blocus par des groupes radicaux, entravant les possibilités de ravitaillement et affaiblissant fortement le fonctionnement des structures de santé.
File d’attente au Poste de santé avancé de Première Urgence Internationale à Sebba | © Première Urgence Internationale
Des étals de marché quasiment vides, des structures de santé désertés par le personnel… Depuis la fin du mois de juin, la situation humanitaire dans la ville de Sebba, coupée du reste du pays et où vivent près de 11 000 habitants et plus de 34 000 déplacés, s’est fortement aggravée. « Pendant tout le mois de juillet, aucun ravitaillement n’a pu y être effectué : ni céréale ni vivres, ni carburant », souligne Romain Philibert, chef de mission de Première Urgence Internationale au Burkina Faso qui intervient dans la ville depuis plus d’un an. Si quelques denrées ont pu arriver avec un convoi militaire dans la nuit du 12 août et deux distributions ont été organisées par des acteurs humanitaires, le nombre de bénéficiaires reste limité et les besoins très importants.
Par ailleurs, « après le début du blocus de la ville de Sebba, le samedi 25 juin, les agents de l’État, notamment ceux des structures de santé, ont quitté leur poste », explique Romain Philibert. Conséquence : le fonctionnement du Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) où 17 agents sur 19 sont partis et le Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) – les deux centres de santé publics de Sebba – ne fonctionnent presque plus ou au ralenti. Et ce, alors que le nombre de déplacés arrivant dans la ville de Sebba augmente. Le poste de santé avancé (PSA) de Première Urgence Internationale – mis en place en 2021 – a donc vu le nombre de patients se multiplier ces dernières semaines : si entre le 1er et le 8 août, 543 personnes sont venues consulter, elles étaient 643 la semaine suivante. « Nous avons réussi à acheminer des médicaments pour renflouer la pharmacie et nous avons augmenté le nombre de jours de consultations », détaille Romain Philibert, le chef de mission de Première Urgence Internationale. Les équipes ont également ajouté la prise en charge de la malnutrition, celle-ci ne pouvant plus être prise en charge par le Centre de Santé et de Promotion Sociale en raison du manque de personnel. La vaccination a aussi été incluse dans les activités de Première Urgence Internationale.
La vaccination des enfants compte désormais parmi les activités de Première Urgence Internationale à Sebba | © Première Urgence Internationale
Blocus de la ville de Sebba : quelles priorités ?
Les priorités aujourd’hui ? « Soutenir les centres de santé afin que, par exemple, le Centre médical avec antenne chirurgicale puisse redémarrer », indique notamment Romain Philibert. En effet, sans structure secondaire de santé, « tous les cas avec complications ne peuvent pas être traités comme dans le cas d’opérations chirurgicales ». Par ailleurs, en plus des besoins alimentaires, se pose également la question de l’approvisionnement en carburant. « Pour l’instant, nous pouvons tenir encore deux semaines mais comment va-t-on pouvoir se déplacer pour mener des activités si l’on n’a plus de carburant ? » s’interroge le chef de mission de Première Urgence Internationale, qui souligne que le travail des ONG est rendu difficile par le fait que le réseau téléphonique et la connexion internet sont très rares, ce qui complique les communications avec le reste des équipes.
À lire : les actions du Poste de santé avancé de Première Urgence Internationale à Sebba.
Découvrez les activités de Première Urgence Internationale au Burkina, en cliquant ici.
Les activités au sein du poste de santé avancé à Sebba sont rendues possibles grâce au soutien financier de la Protection Civile et Opérations d’Aide Humanitaire Européenne (ECHO) et le Centre de Crise et de Soutien du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
