Tribune : Un pays à genoux


Avant l’offensive russe de février 2022, l’Ukraine vivait une crise oubliée en Europe. Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle étape d’un conflit qui s’étend depuis 2014. Sept ans après l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et le soutien apporté aux Républiques autoproclamées de Louhansk et Donetsk, en 2021, la guerre persiste et s’intensifie.

En tant qu’humanitaires, nous nous posons à la fois en observateurs et acteurs d’une crise multiforme qui évolue en permanence. Première Urgence Internationale fait partie des premières ONG internationales à s’être installées en Ukraine dès 2015. Nous y avons développé une approche globale combinant santé, santé mentale et protection dans les infrastructures de santé. La récente escalade du conflit engendre un mouvement massif de populations jamais observé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis le mois de février, les hostilités affectent directement la sûreté et la sécurité des civils. Depuis le mois d’octobre, les infrastructures civiles sont délibérément visées. La dégradation volontaire des installations électriques, privant les Ukrainiens de chauffage à l’aube d’un hiver rude, laisse croire à un ciblage quasi délibéré des populations. Les conditions de vie sont plus que précaires. À cause de l’inflation et la pénurie de logements, les personnes déplacées ne peuvent se loger dignement, ni même quitter les zones de combat, pour certaines.

Doit-on en arriver là ?

Une réponse basée sur les besoins, agile, réactive, est cruciale pour assurer la pertinence du soutien humanitaire dans le pays. Les équipes de Première Urgence Internationale se rendent donc dans les centres d’accueil; dans des zones plus éloignées de la ligne de front, en allant directement à la rencontre de ceux qui restent. La situation s’avère également éprouvante pour nos collègues ukrainiens, en majorité déplacés eux-mêmes. Ils ont presque tous un mari, un frère, un père parti au front. Ils vivent et travaillent au quotidien avec une charge mentale épuisante, celle de ne pas savoir de quoi sera fait demain. Le conflit en Ukraine se caractérise par un contexte très dynamique, voire imprévisible, avec des besoins qui évoluent rapidement. On observe une gradation dans le conflit depuis plusieurs années déjà; mais nous entrons maintenant dans sa phase ultime : mettre le pays à genoux en enlevant aux personnes le chauffage et l’électricité en plein hiver, les forçant à partir pour survivre. Que peut-on craindre pour la suite ? N’attendons plus de le constater, mais réparons ensemble ces vies brisées.

Nicolas Ben-Oliel, Chef de Mission en Ukraine pour Première Urgence Internationale


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