Comment mieux parler du VIH au Myanmar


Après 15 ans de gestion de centres de santé, première Urgence Internationale décide de transformer son modèle d’intervention de lutte contre le VIH au Myanmar. Désormais, elle base sa réponse sur une approche communautaire beaucoup plus adaptée aux personnes.

Comment mieux parler parler du VIH au Myanmar ?

220 000 personnes vivent avec le VIH au Myanmar. Le pays compte le plus de personnes séropositives dans le monde après la Thaïlande. Dans le pays, trois groupes sont les plus exposés au risque d’infection :

  • les consommateurs de drogue (43%)
  • les mineurs
  • les travailleuses et travailleurs du sexe (32%).

Moins de 0.5%  de la population entretient des relations sexuelles avec les hommes, selon le National Aids Programme (Nap). Il s’agit des homosexuels, travailleurs du sexe et transgenres. Ils représentent donc 240 000 personnes sur une population estimée à 60 millions. Or, moins de 30% d’entre eux ont reçu des informations de sensibilisation sur le VIH au Myanmar.

Une approche du VIH au Myanmar basée sur la communauté

Irma est coordinatrice médicale pour Première Urgence Internationale au Myanmar. L’ONG organise des réunions de prévention contre le VIH dans un centre médical. Un jour, elle demande à l’un des participants les raisons pour lesquelles il ne vient plus aux séances. Il répond que lorsqu’il assiste aux réunions, il se sent « sale » et « sous pression ».« C’est ainsi que nous avons commencé à réfléchir sur le fait de modifier notre approche », explique Irma. Jusqu’à présent, les équipes proposaient une rencontre éducative animée par une sage-femme. Elles ont alors réalisé que certains participants étaient méfiants par rapport à cette figure professionnelle. Elle était en effet perçue comme trop distante et différente d’eux.

Savoir convaincre un client d’utiliser un préservatif

Par conséquent, ils ne se sentaient pas compris. « Nous avons donc pensé proposer à quelqu’un d’autre d’animer la séance de formation : un travailleur du sexe, toujours sous la supervision de la sage-femme. »  Elle se remémore : « un jour, la sage-femme m’a dit qu’elle ne pouvait pas traduire ce qu’une participante était en train de dire».  Cette dernière était en train d’expliquer la manière de convaincre un client d’utiliser un préservatif et elle était en train d’utiliser « leur langage ». « C’est ce jour-là que le projet au Myanmar a été complètement transformé » conclut Irma. Après 15 ans de gestion de centres de santé, Première Urgence Internationale décide donc de changer son approche d’intervention de lutte contre le VIH au Myanmar et de faire appel à un « pair travailleur ».

La solidarité, un sentiment fort dans une communauté

Comme le mot évoque, le support du pair travailleur est une initiative sociale apportée par un « pair ». Il s’agit d’une personne qui a vécu des expériences similaires à celles du destinataire dans sa vie. Elle peut ainsi relier à la situation actuelle du destinataire à son expérience, pour le supporter et le guider. La solidarité est la raison qui pousse ces personnes à aider les organisations comme Première Urgence Internationale.  La solidarité est également un sentiment très fort dans une communauté. De plus, « les pairs comprennent ce que nous n’arrivons pas tout le temps à interpréter » ajoute Irma.  « Notre projet permet d’augmenter la confiance et d’éliminer la stigmatisation présente dans les centres de santé, en commençant au bas de l’échelle et pas forcément avec des grandes actions » détaille la sage-femme.

La sensibilisation pour combattre la discrimination

Au Myanmar, la discrimination imbibe les quartiers, les lieux de travail, mais aussi les hôpitaux. Les enfants séropositifs (9500 enfants affectés) sont perçus comme dangereux ou comme le produit de l’immoralité. Par ailleurs, une loi qui parle de « sexe immoral » et un code pénal datant de l’époque coloniale anglaise, renforcent la stigmatisation. De sorte que les hommes restent souvent cachés, terrifiés par le fait de rencontrer un médecin pour parler d’une maladie sexuellement transmissible (MST). Dans ce contexte, la prévention et l’éducation sont un facteur clé pour lutter contre les clichés liés au VIH.

Déjà 40 travailleurs pairs impliqués

Cette maladie  tue encore 9700 personnes chaque année (données de 2014) « La participation significative de la société civile, en particulier au niveau de la communauté, a été un outil vital pour permettre une réponse effective au VIH au Myanmar. Nous avons commencé avec 20 travailleurs pairs et maintenant ils sont 40 », explique Irma.  « Nous avons constaté qu’en utilisant cette approche, cinq fois plus de participants viennent à nos formations en quelques mois. C’est une expérience significative de prévention et de sensibilisation au VIH au Myanmar à travers une approche basée sur la communauté ».

 

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