« Nous ne sommes hélas que des poseurs de pansements »


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Emmanuel Tronc est chef de mission en Syrie pour Première Urgence Internationale. Il travaille pour l’ONG depuis 10 ans. Depuis plus d’un an, il coordonne une mission dans un pays dévasté par la guerre. Il nous fait part d’une expérience intense.

Avant de venir en Syrie, tu as travaillé dans de nombreux pays notamment au Moyen-Orient, est-ce que tu juges cette mission différente des autres ?

Il y a un ce^EF904E4634C3596F8AD6E0193DC0428823A927B4FA2CA1F5EF^pimgpsh_thumbnail_win_distr_syrie2rtain nombre de similitudes avec la mission Irak car le contexte de la crise, ses acteurs et ses origines sont pour bon nombre d’entre eux identiques, avec bien évidement des spécificités locales. Pour moi, aucune crise n’est aussi intéressante, complexe et pleine d’enjeux que la crise moyen-orientale. En travaillant en Syrie, j’ai le sentiment d’un aboutissement professionnel en étant au cœur de la crise majeure de ces dernières décennies. C’est passionnant et paradoxal car c’est en étant à l’intérieur du pays que l’on a une vision exhaustive des acteurs, de leurs intérêts spécifiques et de toutes les problématiques humanitaires que cela génère.

Quels sont les enjeux au quotidien en tant que travailleur humanitaire en Syrie ?

En Syrie, la stratégie de Première Urgence Internationale est double : assurer à la fois une réponse d’urgence et une réponse de stabilisation. Dans certaines zones, les conflits sont très actifs et dans d’autres endroits, il faut apporter une réponse humanitaire aux populations déplacées et communautés hôtes avant que leur niveau de vie ne se détériore jusqu’à des niveaux relevant de l’urgence. Infrastructures, eau, éducation, moyens de subsistance, nous essayons d’apporter les réponses les plus adéquates aux besoins que nous identifions directement sur place.

C’est un contexte où il n’est pas simple de travailler. Nous sommes contraints dans nos mouvements, l’accès humanitaire est compliqué et chaque intervention que nous voulons mettre en place demande énormément de négociations. Il faut parfois des semaines voire des mois pour obtenir un document. Il faut vraiment croire en ce que l’on fait et persévérer. Travailler en Syrie demande de la rigueur et de bien connaître la culture du pays. Nous n’avons pas le droit à l’erreur et le fait d’être présent ici depuis 2008, donc avant la crise, nous permet d’en éviter un grand nombre.

Lorsque l’on est humanitaire en Syrie, est-ce qu’on ne développe pas un sentiment d’impuissance ?

En tant qu’acteur humanitaire, on ne peut que déplorer l’ensemble des besoins auxquels on ne peut pas répondre. Notre rôle n’est pas de changer la donne politique mais d’agir pour les populations affectées par la crise et même si nous ne sommes, hélas, que des poseurs de pansements. C’est dans ce sens qu’il me paraît indispensable d’intervenir dans le pays.

 

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