Les besoins humanitaires sur le littoral syrien, une zone oubliée


Osama Abad est chef de base en Syrie pour Première Urgence Internationale. Il coordonne les interventions autour des villes côtières de Tartous et Lattaquié, sur le littoral Syrien. Ces zones rurales ont accueilli des millions de personnes déplacées mais elles ne bénéficient pas d’une aide humanitaire suffisante.

Quelle est la situation aujourd’hui dans cette partie du littoral syrien?

Entre 2012 et 2016, les districts ruraux de Lattaquié ont fait face à plusieurs offensives qui ont défiguré les rues et les infrastructures. La population a beaucoup souffert durant cette période et les habitants sont nombreux à avoir fui vers d’autres villes ou dans les pays voisins. Aujourd’hui, la zone du littoral syrien est relativement calme sauf à proximité de la ligne de front avec Idleb où des opérations militaires sont encore en cours.

Si les conditions de sécurité se sont améliorées, les conditions de vie, elles, demeurent très mauvaises. Lorsqu’ils reviennent dans les villages qu’ils ont quittés, les habitants ne trouvent pas de moyens de transport, pas d’école, les maisons sont détruites ou pillées et il n’y a plus d’électricité.

Quels sont les besoins humanitaires ?

En 2016, la situation sécuritaire s’étant stabilisée, les habitants ont commencé à rentrer chez eux. Au même moment, les personnes fuyant d’autres villes, comme Idleb, sont venues chercher refuge sur la zone côtière. Les besoins sont donc considérables. Bien que la zone côtière n’ait jamais été au centre de l’attention médiatique, l’intérêt des journalistes a totalement disparu avec la fin des principales offensives. Cette zone est aussi très difficile d’accès. Résultat, les informations sur ce contexte humanitaire ont diminué.

Les organisations humanitaires et bailleurs de fonds sont ainsi peu informés des véritables besoins. En 2016, du fait de sa présence dans les villes, Première Urgence Internationale a eu accès aux zones rurales et a pu se rendre compte de la gravité de la situation. Nous avons procédé à des évaluations et mesuré l’étendue des dégâts.

Nous sommes donc intervenus dans ces zones ?

Oui, nous sommes intervenus dans les villes dès 2013 puis dans les zones rurales à partir de février 2017. Nous avons commencé par réhabiliter les habitations, approvisionner les personnes en eau en installant des réservoirs, et procéder au déblaiement des rues.

Puis, nous avons réhabilité les écoles et travaillé pour aider les personnes à générer un revenu afin qu’elles puissent nourrir leur famille. Sur le littoral syrien, autour de Lattaquié, 263 villages ont été directement touchés par le conflit. Nous faisons donc de notre mieux pour atteindre les plus vulnérables, dans les limites de nos ressources.

Quels sont les défis d’intervention ?

Les moyens financiers dont nous disposons. Cette année par exemple, nous avons soutenu une centaine de familles retournées dans le village de Jabul Al Nobah. Nous avons aidé à la réhabilitation des écoles, des maisons et nettoyé les débris c’est à dire les restes des ruines.

Mais dans ce village, il est impossible pour les habitants de trouver des infrastructures médicales. Ils doivent parcourir 40 km pour trouver ce type de service. Nous souhaiterions soutenir davantage d’infrastructures de base, mettre en œuvre plus d’activités mais nous manquons cruellement de fonds.

Le silence médiatique sur la situation ne motive pas les financements requis dans cette zone. Pourtant, nous savons que pour 2019, nous devons nous préparer à d’importantes vagues de retours de déplacés internes et de réfugiés originaires de la province de Lattaquié.

Comment sont utilisés vos dons ?

Stats Chaque année, Première Urgence Internationale affecte l’essentiel de ses ressources aux programmes qu’elle déploie sur ses différents terrains d’intervention et seulement 0,2% à la recherche de fonds. Vos dons sont essentiels.

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Vos dons sont les garants de notre liberté d’action. Ils nous permettent de venir en aide aux populations affectées par des crises oubliées qui ne retiennent l’attention ni des médias, ni des bailleurs de fonds institutionnels. Les sommes collectées constituent ainsi les fonds propres de l’association, lui donnant une autonomie d’action et une réactivité accrue.
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