Le Yémen fait face à une nouvelle épidémie mortelle de choléra


La crise humanitaire que connaît le Yémen actuellement est la pire au monde. Les conflits constants ont provoqué l’effondrement économique du pays et la dégradation continue des services publics. En particulier du système de santé. Depuis toujours, le choléra est endémique au Yémen. Mais une épidémie particulièrement grave avait frappé le pays en octobre 2016. Puis, il y a eu une seconde vague, encore plus dévastatrice, en avril 2017. En mars 2019, le nombre de cas suspects a augmenté : ce qui pourrait s’apparenter à la troisième vague de l’épidémie.

© Sami Shamsan / Première Urgence Internationale

Entre le 1er janvier et le 13 avril 2019, 214 798 cas de diarrhée aigüe, suspicions de choléra, ont été répertoriés par le Ministère de la santé yéménite et par le groupement de santé supervisé par l’Organisation Mondiale de la Santé. Depuis le début de l’année, 445 décès suspects pourraient être attribués au choléra. Ce bilan sanitaire critique intervient exactement deux ans après que le Yémen ait connu la plus grande épidémie mondiale de choléra, avec plus d’un million de cas déclarés. Au total, entre avril 2017 et mars 2019, le nombre de cas suspects aurait causé près de 3 000 décès au Yémen.

Les organisations humanitaires mettent en garde contre un nouvel épisode épidémique, qui pourrait s’amplifier dans les semaines à venir. Sandrine Chapeleau, référente santé chez Première Urgence Internationale, explique : « Avec la saison des pluies qui a commencé tôt cette année(1), le nombre de cas de choléra est en hausse ces derniers mois. D’autant que la destruction des infrastructures de santé et d’eau favorisent la propagation de l’infection. Le nombre de cas suspects pourrait continuer à augmenter, en raison de ces conditions insalubres. »

L’action de Première Urgence Internationale

Première Urgence Internationale est présente au Yémen depuis 2007. L’ONG internationale soutient le système de santé primaire des gouvernorats d’Al Hudaydah et de Raymah. Aussi, elle appuie les Centres de Santé Régionaux, en étroite collaboration avec le Ministère yéménite de la Santé et le Ministère de la Planification et de la Coopération Internationale.

Afin de répondre aux besoins de la population yéménite lors des précédentes vagues d’épidémie de choléra, Première Urgence Internationale avait mené une action sanitaire d’urgence. Cette action faisait partie de la réponse nationale mise en place par le Ministère de la Santé et était financée par le CDCS (Centre de Crise et de Soutien du gouvernement français). Par ailleurs, l’ONG a un centre de traitement de la diarrhée (DTC), et 9 centres de traitement de réhydratation par voie orale (ORTC). Ils sont répartis dans six districts ; Al Meghlaf (gouvernorat d’Al Hudaydah), Al Jabin, Al Jafariyah, Kusmah, Bilad Al Taam et Al Salafiah (gouvernorat de Raymah). Cette réponse d’urgence avait pris fin en juillet 2018.

Aujourd’hui, Première Urgence Internationale constate une résurgence du nombre de cas suspects dans ses zones d’intervention. « Le nombre de diarrhées aigües a augmenté dans les 8 établissements que nous soutenons au Yémen », observe Sandrine Chapeleau. « Les données que nous avons pour le mois de mars 2019 sont conformes aux tendances nationales. On constate une augmentation du nombre présumé de cas de choléra depuis début mars ». Dans le centre de santé de Sukhnah (gouvernorat d’Al Hudaydah), par exemple, les données mensuelles de Première Urgence Internationale indiquent 254 cas suspects en mars, contre 165 en février, dans ce même centre. Soit une augmentation de plus de 150%.

Faire partie de la réponse nationale

Pour faire face à cette nouvelle vague de cas, Première Urgence Internationale fournit des soins médicaux primaires. De plus, ces soins sont dispensés à tous les patients présumés atteints de choléra, dans l’ensemble des centres de santé qu’elle soutient au Yémen. De plus, l’ONG notifie tous les cas de diarrhée aigüe et les suspicions de cas à l’équipe de surveillance nationale. Cela fait partie du système d’alerte précoce des maladies (eDEWS), qui permet de compléter les données relatives à l’épidémie. Ainsi, des échantillons de selles sont envoyés en laboratoire, pour confirmer le diagnostic des cas suspects. Les patients souffrant de déshydratation sévère sont redirigés vers des Centres de traitement régionaux.

Malheureusement, les capacités des laboratoires nationaux sont insuffisantes pour garantir un diagnostic exact dans les meilleurs délais, pour l’ensemble des patients. En effet, peu de laboratoires yéménites sont équipés et dotés du personnel adéquat. Actuellement, Première Urgence Internationale est à la recherche de fonds afin d’assurer la réouverture des DTC et ORTCs dans ses zones d’intervention.

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(1) D’ordinaire, au Yémen, la saison des pluies s’étend de la mi-avril jusqu’à août. Cette année, elle a démarré plus tôt.

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