De l’eau saine en réseau pour les populations du Kayin


Les populations de l’état du Kayin font face à de nombreuses maladies dues à une mauvaise qualité de l’eau. Une équipe d’évaluation, composée de Timothée Le Guellec, expert en eau, hygiène, assainissement pour Première Urgence Internationale et de deux experts techniques d’Aquassistance, s’est rendue dans le sud-est du Myanmar, dans l’état du Kayin pour analyser la situation et proposer des solutions.

Le Thanlwin, l’un des dix fleuves les plus pollués au monde

Les habitants du canton de Hpa-An au Myanmar vivent près du cours d’eau Thanlwin, l’un des dix fleuves les plus pollués au monde (1). Chaque jour pendant la saison sèche, la plupart des familles collectent son eau pour boire, se laver et nettoyer fruits et légumes. « En saison des pluies, les puits à ciel ouvert sont alimentés par les eaux souterraines. Les habitants boivent cette eau et utilisent l’eau pluviale pour l’usage domestique. En revanche, en saison sèche, la plupart des puits tarissent. Alors, les habitants puisent l’eau du fleuve et de ses affluents qu’ils boivent directement, ce qui entraîne des maladies diarrhéiques qui peuvent se révéler très graves alors que l’accès aux centres de santé est extrêmement difficile dans les zones les plus reculées», explique Timothée Le Guellec, expert eau, hygiène, assainissement pour Première Urgence Internationale.

Dans le Kayin, les populations souffrent de ce manque d’accès à une eau de qualité. « La qualité de l’eau est souvent non conforme aux standards pour la consommation », ajoute Timothée.

Dans un centre de santé du canton de Kawkeirek, la sage-femme évite d’apporter de l’eau de la rivière et du puits aux mères et aux nouveau-nés. Elle achète donc de l’eau en bouteille qui est vendue à chaque coin de rue, « ce qui n’est pas tout à fait satisfaisant car elle est mise en bouteille par des entreprises parfois non agréées ». Elle confie à Timothée : « J’ai des doutes sur cette eau car elle rend malades ma famille et mes patients ».

En saison des pluies, l’accès est restreint voire impossible

Quelle serait la solution pour ces populations qui vivent dans ces zones très reculées ? Selon Timothée, « deux solutions techniques sont adaptées au contexte. Dans les zones de piémont, le captage de source avec alimentation gravitaire. L’eau qu’on a analysée y est d’une qualité excellente. Dans les zones de plaines, le pompage solaire et la construction de mini réseaux d’adduction en eau potable. Les solutions doivent être résistantes, à faible technicité et avec un coût de maintenance bas».

L’équipe d’évaluation préconise de commencer par un projet pilote dans un village. Dans un second temps, nos équipes pourront étendre le projet à d’autres localités, après avoir apprécié l’impact et la qualité en eau et hygiène proposés. Les enjeux dans cette zone sont multiples, comme le fait d’être accepté des groupes armés ethniques. De plus, en saison des pluies, l’accès est restreint voire impossible. « Il a fallu parfois utiliser un véhicule tous terrains, des motos et finir à pieds pour accéder aux localités ».

Première Urgence Internationale, connue et acceptée par les communautés

Timothée insiste par ailleurs sur l’implication des communautés pour que le projet soit durable. « En même temps », dit Timothée, « c’est important que Première Urgence Internationale intervienne dans cette zone. L’ONG est présente depuis les années 80 au Myanmar lorsqu’elle gérait la santé dans des camps situés à la frontière avec la Thaïlande. Elle est donc connue et acceptée par les communautés ». Dans le sud-est du Myanmar, on estime que 162 000 personnes sont encore déplacées et plus de 80 000 encore réfugiées en Thaïlande(2).

(1) Référence : The Millennium Project, 2010.

(2) Source : Human security in SE Myanmar, The Border Consortium, 2018.

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