Ces Ukrainiens qui vivent près de la ligne de front


Le conflit en Ukraine dure depuis 4 ans et la situation des populations, vivant près de la « ligne de contact » entre la zone contrôlée par le gouvernement ukrainien et la zone non gouvernementale, se dégrade de jour en jour.

Ligne de contact

Alors que Viktoria sort de sa maison, elle aperçoit une forme sombre dans son jardin. En s’approchant, elle réalise qu’il s’agit du corps d’un soldat. Impossible pour elle de distinguer sa provenance. Les tenues militaires des différents partis du conflit sont similaires. La femme de 65 ans rentre chez elle pour appeler les secours puis ressort quelques instants plus tard. C’est alors qu’un deuxième militaire apparait. Il marche vers le corps, se penche par-dessus. Un quart de seconde plus tard, les deux corps explosent, ensemble. Pour Viktoria, cette situation n’est plus anormale.

Depuis quatre ans, sa vie est saturée des mortiers qu’elle entend, des uniformes des soldats qu’elle croise et surtout des difficultés de tous les jours, des coupures d’électricité et du manque d’accès aux soins. Son village est situé près de la ligne de contact qui sépare la zone contrôlée par le gouvernement ukrainien et la zone non gouvernementale. Il borde la ligne de front et selon Viktoria, « la situation est pire de jour en jour ».

L’attente peut durer plus de 24h

« Les personnes âgées ne souhaitent pas quitter le village dans lequel elles ont vécu », explique Maria Artanova, coordinatrice terrain pour Première Urgence Internationale en Ukraine. « C’est une des raisons qui fait que certains continuent de vivre sous les bombardements en zone gouvernementale ainsi qu’en zone non gouvernementale. Ils sont forcés de traverser la ligne de contact sous des conditions climatiques extrêmes et patientent pendant des heures.  Ils endurent des souffrances inhumaines seulement pour voir leur famille de l’autre côté, retirer de l’argent ou récupérer leur pension ».

ligne de contact

Les habitants du hameau de Viktoria bénéficient du soutien des équipes de Première Urgence Internationale. Elles ont installé une unité médicale près du check-point, le lieu de contrôle et de passage vers la zone non contrôlée par le gouvernement. « Nous sommes présents tous les jours pour venir en aide aux populations qui vivent dans le village, qui ne peuvent pas accéder aux soins de qualité dans leurs infrastructures locales, et également pour apporter une aide de soins primaires aux personnes qui traversent le check-point. Parfois, l’attente peut durer plus de 24 heures, ce qui est éprouvant pour les personnes vulnérables.  ».

« Je veux rentrer chez moi »

Dans un chalet, un médecin de Première Urgence Internationale rassure une femme de 90 ans qui est arrivée en pleurant et en criant au check-point. Il lui apporte un verre d’eau, s’assure qu’elle va bien et lui propose de s’asseoir. « Je veux rentrer chez moi », répète-t-elle. Pour traverser la zone de contact, les habitants doivent franchir des douanes et patienter à de nombreux guichets. Pour revenir à son domicile de l’autre côté, il manque maintenant une signature à cette femme qui doit franchir à nouveau le check-point. La vieille femme, paniquée, a jeté son passeport quelques mètres plus loin.

ligne de contact

Cinq personnes se sont évanouies

« Cette situation n’est pas rare ici », explique Maria, « les personnes âgés représentent plus de 60% de ceux qui franchissent la zone de contact. Les conditions climatiques sont rudes en hiver et en été. Les personnes sont parfois à bout de nerfs. Il y a quelques semaines par exemple, nous avons soigné cinq personnes qui se sont évanouies dont une qui est tombée sur la tête. Elles ont été référées à l’hôpital pour des soins complémentaires ».

Un mortier tombé près d’une école

Maria raconte que mi-mai 2018 des tirs de mortier sont tombés entre une école et un jardin d’enfants dans le village de Svitlodarsk. « Heureusement, le tir principal est tombé dans les arbres d’un jardin entre les deux structures. Malgré tout, les fenêtres de l’école ont été détruites. Les 375 enfants ont été évacués rapidement et il n’y a pas eu de victimes même si beaucoup d’entre eux ont des traumatismes psychologiques dus à cet incident. Mais c’est un quotidien éprouvant pour les habitants qui vivent cette situation depuis plus de 4 ans ».

La Direction générale de l’aide humanitaire (ECHO) finance nos projets en Ukraine

Photos : Sadak Souici

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