« Mission 3 frontières » aux portes du Mali, Niger et du Burkina Faso
Première Urgence Internationale prépare une intervention globale dans la zone aux frontières du Mali, Niger et du Burkina Faso. Cette mission « 3 frontières » permettrait d’apporter une aide humanitaire cohérente pour des populations aux besoins similaires.
En septembre dernier, les journaux locaux annoncent une recrudescence d’attaques aux frontières Mali-Niger-Burkina Faso. Un pic de violence qui n’est pas nouveau pour la région. En effet, cette zone subit des attaques répétées, revendiquées par les groupes armés. « L’endroit souffre de violences communautaires à répétition. Certains groupes sont en effet en compétition pour contrôler les ressources existantes », explique Mathieu Ebbesen-Goudin, responsable du service des Urgences et du développement à Première Urgence Internationale.
L’état d’urgence au Niger
En mars 2017, les autorités nigériennes déclarent l’état d’urgence pour les régions de Tillabéri et Tahoua au Niger. Un déploiement d’une force de 5 000 hommes des pays dits du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). « Les groupes armés se déplacent énormément et prennent refuge au Niger, au Burkina et au Mali, selon les avancées de l’armée et des autres groupes ». Les populations, elles, fuient tour à tour ces zones risquées pour leur sécurité.
25 000 déplacés au Burkina Faso
Dans les régions de Tillabéry et Tahoua, plus de 16 000 personnes sont enregistrées comme déplacées en 2018. Environ 25 000 déplacés sont comptabilisés au Burkina Faso. « Les chiffres ne cessent d’augmenter », s’inquiète Mathieu. En parallèle, dans la zone, les besoins humanitaires grandissent. « Au Burkina Faso, nous constatons un accès aux services de bases réduits. En effet, les agents de santé fuient en raison de l’insécurité. Les écoles ferment. Et l’insécurité alimentaire est en hausse ».
Une approche globale autour de la santé
Début 2018, Première Urgence Internationale décide d’intervenir aux 3 frontières : « C’est une stratégie globale. Comme les besoins et les communautés sont les mêmes, nous allons utiliser les mêmes moyens d’intervention ». Une approche globale qui permet également de suivre les personnes qui bougent d’un côté de la frontière à un autre et se déplacent dans les différents pays.
La méthode d’intervention sera elle aussi globale. Axée sur les besoins en santé, les besoins en sécurité alimentaire, en eau, hygiène et assainissement ont vocation à être couverts, selon l’approche intégrée développée par Première Urgence Internationale.
Des cliniques mobiles au Mali depuis 2013
La présence de Première Urgence Internationale n’est pas nouvelle dans cette région du Sahel. Les équipes interviennent au Mali depuis 2013 dans la région de Kidal et à Gao. Des cliniques mobiles composées de personnel médical sillonnent les zones difficiles d’accès du pays. L’idée serait de développer leur présence près de la frontière.
Les habitants du Niger se souviennent encore de Première Urgence Internationale
En octobre 2017, une mission exploratoire a été lancée au Niger, où d’importants besoins ont été identifiés. Le Niger n’est pas une zone d’opération humanitaire inconnue de Première Urgence Internationale, rappelle Mathieu. Les équipes étaient présentes en 1995 dans le nord du pays. 23 ans plus tard, les habitants s’en souviennent encore, explique Mathieu. « Lorsque nous avons réalisé la mission exploratoire en octobre 2017, les habitants se souvenaient de Première Urgence Internationale. Les greniers à grains mis en place par les équipes sont toujours fonctionnels ».
Les équipes de Première Urgence Internationale devraient lancer une mission exploratoire au Burkina Faso avant la fin de l’année.
La difficulté principale : la sécurité
« La difficulté principale de cette mission aux trois frontières sera l’accès. Nous allons devoir négocier l’accès à des zones avec des groupes armés, ce qui n’est pas forcément évident. Reste la question des financements. Dans cette région, les financements sont plutôt en baisse », conclut Mathieu.
Photos du Mali : © Aboubacar Traoré