L’urgence de l’accès à l’eau potable
2,1 milliards de personnes, soit 30% de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Mauricio Tautiva, référent eau, hygiène et assainissement à Première Urgence Internationale, explique la situation dans les pays où nos équipes interviennent.
En 2017, 2,1 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable
La majorité des pays dans lesquels nous intervenons sont dans des situations critiques par rapport à l’accès à l’eau potable. Plusieurs facteurs peuvent expliquer les chiffres du rapport de l’OMS et de l’UNICEF, paru en juillet dernier, comme le dérèglement climatique, les contextes politiques ou encore les dysfonctionnements institutionnels.
En situation d’urgence, nous avons la possibilité de mettre en place différents types d’activités pour répondre aux besoins de la population. Par exemple, nous installons des stations de traitement d’eau potable d’urgence, et nous déployons des camions citernes qui acheminent l’eau potable jusqu’aux populations. Nous avons mené ce type d’intervention en Syrie par exemple, il y a quelques mois, face à la pénurie d’eau potable dans les villes frappées par la crise.
Un manque d’infrastructures
Dans certains pays, c’est le manque d’infrastructures qui est en cause. Au Liban par exemple, dans certaines zones d’accueil des réfugiés syriens, l’infrastructure de distribution d’eau potable est en mauvais état ou est même parfois inexistante. Pour résoudre cette problématique, nous développons des activités de réhabilitation et de construction de réseaux d’acheminement et nous travaillons étroitement avec les autorités afin qu’ils prennent la suite et gèrent les nouvelles structures.
L’eau, une ressource rare
Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun la situation est plus complexe. Dans ces zones subsahariennes, l’eau se fait rare. Par exemple, nous intervenons dans le camp de réfugiés de Minawao, où la population, qui s’élève à plus de 55 000 réfugiés nigérians, a été particulièrement impactée par la crise liée à Boko Haram. Dans ce camp, les sources d’eau sont très limitées et la capacité de production des aquifères de la zone n’est pas suffisante pour couvrir les besoins de base de la population réfugiée.
Les facteurs de pollution
Parfois, c’est la qualité des infrastructures et les activités agricoles qui rendent l’eau non consommable. Par exemple au Liban, nous avons réalisé des forages et nous nous sommes aperçus que l’eau présentait des niveaux de nitrates hors normes. Nous avons donc installé un système de traitement d’eau.
Un problème de gestion
Une autre cause d’insalubrité de l’eau : une mauvaise gestion des eaux usées. En Haïti, nous menons des travaux de réhabilitation des réseaux d’eau dans les écoles notamment, mais aussi d’impluviums. Les impluviums sont des bacs qui servent à stocker l’eau de pluie. Nous intervenons dans la région de la Grand’Anse qui a été particulièrement touchée par le passage de l’ouragan Matthew en 2016 où les sources d’eau disponibles ne sont souvent pas potables.
Grâce à ces différentes interventions, nous avons amélioré la qualité de l’eau consommée par les populations concernées par nos programmes. C’est primordial. En effet, en situation d’urgence humanitaire, l’accès et l’approvisionnement en eau potable est une priorité. L’eau est un besoin vital.
Photo : © Adrienne Surprenant