Logisticien centrafricain et réfugié au Cameroun


Innocent Francis Mordert, âgé de quarante ans, est responsable logisticien au sein de la mission Cameroun. Ce Centrafricain natif de Paoua, au nord du pays, a débuté sa carrière professionnelle en Centrafrique avant de fuir le pays et rejoindre la mission de Première Urgence Internationale au Cameroun. Il revient sur son parcours et sur sa venue au siège lors de la « Log Week », une formation pour les logisticiens travaillant sur le terrain, qui s’est tenue au siège à Asnières-sur-Seine la semaine dernière.

Logisticien centrafricain habitué aux frontières

Je suis originaire de la République centrafricaine. Après mes études, j’ai travaillé comme gestionnaire d’une société de transport import / export de marchandises entre la RCA, le Tchad, le Cameroun et le Congo-Brazaville. Je franchissais la frontière fréquemment, je connaissais donc bien les frontières, la zone et le contexte sécuritaire. C’est ce qui m’a donné envie de travailler dans l’humanitaire. J’ai été recruté en 2007 alors que la mission de Première Urgence Internationale ouvrait tout juste au nord du pays à cause de la crise Centrafricaine, j’étais l’un des premiers membres de l’équipe nationale. J’ai été engagé en tant qu’enquêteur distributeur et puis chef d’équipe. Je me chargeais de recenser les bénéficiaires et d’assurer les distributions de vivres alimentaires.

En 2009, je suis devenu assistant du responsable de programme chargé d’identifier, organiser, planifier les distributions pour un nombre total de 6 300 bénéficiaires dans la sous-préfecture de Paoua.

Visé par des attaques parce que j’étais musulman

En 2010, j’ai rejoint Bangui et je suis devenu responsable d’approvisionnement pour la mission. J’ai occupé ce poste jusqu’en 2012 et je m’occupais du processus d’acheminement de matériel jusqu’aux bases. De 2012 à 2014, je suis ensuite passé adjoint coordinateur logistique toujours pour Première Urgence Internationale en RCA.

Mais en 2014, la situation sécuritaire s’est complexifiée. J’ai été visé par des attaques du fait que je suis de confession musulmane. Les malfrats sont entrés trois fois chez nous et ont menacé de nous faire du mal. Ils n’ont finalement pris que des biens. Avec mon épouse, nous avons décidé de quitter le pays car c’était devenu trop dangereux. Je suis parti en tant que réfugié au Cameroun. Un poste d’assistant logistique alors vacant, sur la mission Cameroun m’a été proposé. Ma famille m’a rejoint peu de temps après.

Je suis ensuite devenu logisticien « volant » en mars 2016. « Volant » signifie que j’apporte un soutien aux bases, je comble le manque de personnel sur les missions où il manque un logisticien, j’apporte un appui aux différentes bases sur la mission Cameroun (Batouri, Ngaoundéré, Kousséri, Maroua).

J’ai une forte capacité d’adaptation aux personnes, aux projets, aux différents besoins, c’est ce qui m’a permis d’occuper ce poste jusqu’à nos jours.

Une semaine de formation logistique

Je suis très content d’être invité à cette semaine de formation. Pour moi, c’est un signe de reconnaissance envers mon expérience. Je n’ai jamais pensé arriver un jour en France. M’impliquer dans cette semaine était très symbolique pour moi.

A Asnières-sur-Seine, au siège de Première Urgence Internationale,  j’apprécie les temps d’échange avec mes collègues des autres missions. Je suis ravi de retrouver d’anciens collaborateurs qui ont travaillé sur la mission Cameroun et Centrafrique.  Par ailleurs, c’est important de mettre la logistique en avant. C’est un secteur essentiel pour le bon fonctionnement d’une intervention humanitaire. Le logisticien est garant des procédures des achats. Nous nous chargeons d’approvisionner le terrain en matériel, aussi bien en voitures, ordinateurs pour les employés, qu’en médicaments et denrées alimentaires pour les bénéficiaires. Ce métier recouvre plusieurs domaines.

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