Les violences secouent la Centrafrique en 2017


En 2017, les violences en Centrafrique sont devenues de plus en plus intenses entrainant des conséquences désastreuses pour les habitants. En effet aujourd’hui, un peu plus de la moitié de la population se trouve en situation de besoin humanitaire. Ewelina Gasiorowska, responsable de la zone Afrique à Première Urgence Internationale nous éclaire sur la situation.

Allée d'un camp de réfugiés - Violences en Centrafrique

En 2017, nous constatons une augmentation des violences en Centrafrique. Comment le pays est-il arrivé à une telle situation ?

Les violences en Centrafrique sont devenues de plus en plus importantes même si, depuis quelques années, le pays connait peu de réelles périodes d’accalmie. La situation est en effet très instable et les crises s’enchainent depuis le coup d’État de 2013.

Différents conflits cohabitent depuis longtemps à l’intérieur du pays. Leur intensité varie selon les périodes et ils impactent fortement la population :

  • Les conflits ethniques, comme par exemple dans le nord-est du pays, entre les Goulas et les Rungas
  • Des problèmes entre le Nord et le Sud du pays
  • Un conflit culturel entre les « Arabes » et les Bantous
  • Un conflit communautaire et religieux entre les chrétiens et les musulmans

La crise entre les chrétiens et les musulmans n’existait pas avant le coup d’Etat de 2013. Elle donne lieu à de multiples exactions et d’importants déplacements de population à l’intérieur et à l’extérieur du pays. En septembre 2017, on comptait environ 600 000 de personnes déplacées dans le pays et environ 500 000 réfugiés.

Les violences en Centrafrique sont le résultat de l’augmentation des affrontements entre les différentes factions armées. Par ailleurs, ces groupes se démultiplient au gré des alliances de leurs membres. Ces alliances se font et se défont selon les intérêts de chacun : la conquête, le contrôle d’une zone minière ou encore d’une forêt.

Depuis 2017, la situation s’est dégradée. Des zones, jusqu’à récemment relativement stables, sont devenues le théâtre de crises. Le Nord-Est et le Sud-Ouest du pays connaissent, depuis quelques mois, des violences sans précédent.

Quelles sont les conséquences de ces violences en Centrafrique pour la population ?

Aujourd’hui, 2 Centrafricains sur 3 n’ont pas accès à des soins de santé primaire. Presque la moitié de la population ne consomme qu’un seul repas par jour. Ces chiffres démontrent l’extrême souffrance de la population. Les conflits armés entraînent des exactions sur la population civile qui fuit les combats et qui, bien souvent, récupère une habitation pillée.

La communauté internationale, installée dans le pays, est elle aussi touchée par ces violences. Récemment, une structure de santé gérée par des humanitaires a été attaquée. Les convois de matériel et d’équipement sont régulièrement attaqués et les travailleurs humanitaires ont des difficultés à accéder aux populations dans le besoin.

Est-ce que ces violences en Centrafrique vont persister ?

La Centrafrique risque l’embrasement. À Bangui par exemple, les habitants sont très fatigués et frustrés par la situation. Fin novembre, un accident de circulation qui a provoqué la mort d’un étudiant a déclenché toute une série de manifestations dans la ville. La situation est instable et fragile.

Nous constatons également un sentiment « anti-ONG » qui se développe. En effet, les populations ne voient pas la situation s’améliorer dans leur pays et ne comprennent pas l’utilité de la présence d’ occidentaux dans le pays.

Des hommes chargent un camion rempli de palettes

La communauté humanitaire a donc des difficultés à travailler sur le terrain ?

Des difficultés d’accès rencontrées par des ONG, que ce soit pour des raisons d’espace humanitaire ou de problèmes logistiques, rendent le soutien à des populations compliqué.

Il est également primordial de travailler avec la population et les autorités sur les sensibilisations aux principes humanitaires afin de s’assurer que les mandats des ONG et des Casques bleus soient compris et qu’une confusion entre les deux soit évitée.

Les ONG doivent négocier l’accès humanitaire. Elles doivent aussi se coordonner pour être les plus complémentaires possibles. Il est important de mutualiser les moyens. Par exemple, nous avons mis en place à Bangui un projet d’entrepôt. Il permet aux acteurs humanitaires d’entreposer dans un lieu sécurisé le matériel et l’équipement humanitaire avant que celui-ci soit acheminé en province.

Première Urgence Internationale met également en place un projet pilote d’évaluations logistiques et de soutien aux entrepôts en dehors de la capitale.

En Centrafrique, il est difficile de prévoir quelle zone sera affectée par des violences ou par un mouvement de population de masse. Aujourd’hui, une zone stable peut devenir du jour au lendemain un foyer de violences. Il faut que nous soyons en mesure d’apporter des réponses rapides aux populations dans le besoin.

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