Entretien avec Marie-Michèle, Référente Santé Afrique de retour d’une visite en RDC


Marie-Michèle Thiam, Référente Santé Afrique à Première Urgence Internationale a récemment effectué une visite des sites où Première Urgence Internationale intervient en République Démocratique du Congo (RDC).

La RDC est un pays continent qui bénéficie d’importantes ressources. Depuis 2001, le pays se remet d’une série de conflits qui ont éclaté dans les années 1990 et des conséquences d’un marasme économique et social prolongé. Les Nations Unies estiment à environ 1,7 millions le nombre de personnes déplacées internes en octobre 2016, et à plus de 400 000 le nombre de personnes réfugiées en RDC. 4,5 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et privés totalement ou partiellement de leurs moyens d’existence.

Dans ce contexte, les besoins de la population sont considérables, c’est pourquoi Première Urgence Internationale intervient dans le pays depuis plus de 15 ans auprès des populations les plus vulnérables que sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. L’organisation est actuellement présente dans 4 zones : le Tanganyika, le Nord-Kivu, le Sud Oubangui et Kinshasa pour favoriser l’accès aux soins de santé primaires, la prise en charge nutritionnelle, l’approvisionnement et la disponibilité en médicaments essentiels et le transfert des cas compliqués vers les structures médicales de référence. Selon les régions, la présence de Première Urgence Internationale varie en fonction des besoins de la population.

Suite à sa visite, Marie-Michèle explique les activités médicales  menées actuellement par Première Urgence Internationale dans le pays.

Photo article RDC

Au Tanganyika et au Nord-Kivu, l’organisation intervient via des cliniques mobiles, afin de faciliter l’accès physique et géographique des populations aux soins de santé. Ces cliniques permettent d’apporter une offre de soins en santé primaires aux personnes bénéficiaires – prise en charge des maladies courantes (paludisme, infections respiratoires, maladies de peau), vaccinations, suivi de grossesse, prise en charge de la malnutrition aiguë, identification et prise en charge psychosociale des victimes de violences sexuelles. En parallèle, les équipes de Première Urgence Internationale apportent un appui aux centres de santé de ces régions pour la prise en charge de la malnutrition aiguë. Les actions menées dans les centres de santé sont relativement semblables avec un appui via la distribution d’intrants pour la malnutrition aigüe, la fourniture de médicaments (gratuits pour notre cible des femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans), de la réhabilitation et de la formation.

Enfin, un appui est également donné aux hôpitaux de référence pour renforcer la prise en charge des cas graves de pédiatrie (y compris les cas compliqués de malnutrition) et de maternité qui sont référés par les cliniques mobiles ou les autres structures de santé. Cet appui consiste en la mise à disposition d’un personnel d’appui (médecin, sage-femme, infirmiers, assistant nutritionnel), l’amélioration de la capacité d’hospitalisation (dotation de lits), l’approvisionnement en médicaments essentiels, matériel et équipement médical, la réhabilitation des zones à déchets. Un volet non moindre de cette intervention consiste en l’organisation régulière avec les autorités sanitaires locales de sessions de formation continue pour le personnel soignant.

L’un des principaux challenges pour nos équipes est le contexte sécuritaire volatile à l’origine de nombreux déplacements. Le contexte sanitaire, en plus d’être précaire, est émaillé d’épidémies à répétition qui revêtent un caractère endémique (rougeole, malaria). A ça il faut rajouter la barrière logistique en termes de voies de déplacement pour les équipes et les difficultés d’approvisionnement en matériel et médicaments de qualité.

Tout ceci oblige constamment l’équipe à adapter régulièrement sa stratégie d’intervention.  Répondre au mieux à l’urgence tout en prenant en compte ces épidémies récurrentes est le principal challenge que doivent relever nos équipes sur le terrain.

Première Urgence Internationale développe également des interventions en santé à Kinshasa et dans la province du Sud Oubangui. A Kinshasa, où la densité de populations est très importante et très pauvre notre équipe intervient dans 5 centres de santé de la zone de N’Gaba avec des activités de sensibilisation sur la santé sexuelle reproductive (SSR) et le VIH/sida auprès de la population adolescente. Ces activités ont lieu aussi bien dans les structures de santé appuyées par nos équipes que dans la communauté via un réseau de travailleurs communautaires (appelés relais communautaires) qui diffusent les informations auprès de la population.  Enfin, au Sud Oubangui un nouveau projet dans les zones de santé de Zongo et Libengue porte sur l’appui à la prise en charge de la malnutrition aiguë au niveau des centres de santé et de la communauté. L’activité communautaire se fait par le dépistage, la sensibilisation, et la prévention de la malnutrition, grâce à des agents formés et des réseaux communautaires existants. Cette intervention est complétée par le renforcement des capacités de surveillance épidémiologique et de riposte des autorités sanitaires locales (mise en place de sites sentinelles, formation, appui à la transmission des données, pré-positionnement d’un kit contre choléra). Dans ce pays aux ressources naturelles importantes, la malnutrition qui frappe la population constitue « un véritable contraste » conclue Marie-Michèle.

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