Yémen : un soutien pour garantir des accouchements en toute sécurité et médicalisés


Alors que le taux de mortalité maternelle a fortement augmenté ces dernières années au Yémen, Première Urgence Internationale soutient des centres de santé pour y garantir des accouchements en toute sécurité et médicalisés.

Myriam, sage-femme au centre de santé d’Al Madman, examine une jeune mère, le 14 mars 2022 I © Première Urgence Internationale

Le 24 avril 2022, le centre de santé d’Al Madman a vu naître son millième enfant, un petit garçon : un événement d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un centre de santé très reculé, situé au sein de communautés pauvres du nord-ouest du Yémen qui n’ont accès à aucune autre infrastructure de santé.  Avant le soutien de Première Urgence Internationale – qui a commencé à y travailler en février 2020 -, l’établissement était une unité de santé semi-fonctionnelle, offrant peu de services ou avec un rayonnement limité. Nous avons assuré la réhabilitation du bâtiment, l’avons doté de tous les équipements nécessaires, et avons soutenu financièrement et techniquement le personnel.

UNE SALLE D’ACCOUCHEMENT RÉHABILITÉE 

À l’origine, la salle d’accouchement était dans un espace très réduit, situé derrière la zone des consultations, avec peu d’intimité et très encombré. Les autorités sanitaires locales ont alors construit un bâtiment séparé, qui a ensuite été réhabilité par Première Urgence Internationale. Cette extension s’est avérée indispensable pour suivre le rythme des naissances et assurer intimité et confort aux femmes. « C’est devenu un lieu bien adapté, avec une intimité parfaite pour les femmes. En ce moment, je n’ai pas assez de mots pour exprimer à quel point je suis fier de ce que nous avons réalisé« , confie Bacheer*, le responsable du centre de santé.

La nouvelle salle d’accouchement du centre de santé qui permet d’assurer intimité et confort aux femmes I © Première Urgence Internationale

Depuis, le centre a pu accueillir un nombre croissant d’accouchements médicalisés et sécurisés, au point que Première Urgence Internationale a décidé de doubler le nombre de sage-femmes y travaillant – elles sont désormais quatre – afin d’assurer un service 24h/24 et 7j/7. Nos équipes orientent également les cas compliqués vers les hôpitaux de soins secondaires, par exemple lorsqu’une césarienne est nécessaire ou lorsque des facteurs de risque sont constatés. Depuis 2021, constatant que les femmes enceintes n’ont pas toujours la capacité financière de payer les accouchements dans d’autres hôpitaux, Première Urgence Internationale rembourse également les frais de transport et de soins.

CONSULTATIONS PRÉNATALES ET SUIVI MÉDICAL : l’EXEMPLE DE FATIMA 

Fatima*, une jeune femme de 22 ans déplacée au sein du gouvernorat de Hodeidah depuis le début de l’année 2022 à cause des conflits, a pu accoucher dans le centre de santé d’Al Madman. Venant d’une famille extrêmement pauvre, sa situation s’est détériorée à cause de la guerre. Mariée il y a six ans, elle n’arrivait pas à avoir d’enfant en raison de fréquentes fausses couches.

« Je n’ai jamais compris pourquoi je perdais mes bébés. Mais un jour que je rendais visite à ma voisine, elle parlait du centre de santé Al Madman et du fait qu’il y avait des services de santé gratuits. Elle était enceinte et faisait suivre sa grossesse dans ce centre. Comme j’étais enceinte à ce moment-là, je me suis immédiatement rendue dans ce centre« , explique la jeune femme.

Fatima y est reçue par une sage-femme, qui recueille avec bienveillance et dans l’intimité son histoire médicale. Pour comprendre la cause de ses fausses couches récurrentes, Fatima passe des tests et des examens médicaux et se fait diagnostiquer une toxoplasmose (une infection parasitaire), une anémie et une malnutrition. À l’issue de sa première consultation, Fatima est informée sur le calendrier des consultations prénatales et reçoit des médicaments spécifiques et une alimentation complémentaire. La grossesse de Fatima a été suivie au centre de santé, jusqu’à l’accouchement :

« Je comptais les jours de grossesse avec bonheur, alors que mon état nutritionnel et mon taux sanguin s’amélioraient. Le 17 avril 2022 à minuit, j’ai commencé à ressentir des crampes et des douleurs abdominales, et j’ai demandé à mon mari de m’accompagner au centre. Le centre était ouvert : en fait, nous avions peur que le centre soit fermé car c’était la nuit. [La sage-femme] a confirmé que je pouvais accoucher normalement. À un moment où je souffrais beaucoup, j’ai entendu la voix de mon bébé, et la sage-femme a dit : « Le bébé arrive ! » et elle l’a mis sur ma poitrine pour commencer la lactation. Je ne peux pas expliquer et exprimer mon bonheur à ce moment-là », se souvient Fatima.

UNE MORTALITÉ MATERNELLE PARMI LES PLUS ÉLEVÉES DU MONDE 

Le Yémen a l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, une situation qui s’est détériorée depuis 2014 à cause de la guerre. En 2019, au Yémen, une femme et six nouveau-nés meurent toutes les deux heures en raison de complications pendant la grossesse ou l’accouchement, soit un taux de mortalité de 164 pour 100 000 naissances vivantes (source : Unicef). Cela peut s’expliquer en partie par le fait que, dans les zones rurales, la plupart des femmes accouchent à domicile. Première Urgence Internationale promeut les accouchements sécurisés et médicalisés dans les structures de santé qu’elle soutient, considérant que les accouchements à domicile multiplient les risques, notamment en cas de complications.

Première Urgence Internationale au Yémen

Au Yémen, Première Urgence Internationale est présente et active depuis 2007, apportant une aide aux populations les plus vulnérables des zones touchées par le conflit grâce à une approche communautaire intégrée combinant santé primaire et reproductive, nutrition, soutien psychosocial, sécurité alimentaire et interventions en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

Le centre de santé d’Al Madman et huit autres établissements de santé du nord et du sud du Yémen sont soutenus dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne, mis en œuvre de mai 2021 à février 2023. Depuis mai 2021, un total de 725 accouchements a été assuré dans le centre de santé Al Madman, et 1 000 naissances ont été assurées depuis le début du soutien de Première Urgence Internationale en 2020. Les femmes sont également suivies avant et après leur accouchement : depuis mai 2021, 643 femmes ont bénéficié de soins prénataux, et 788 ont bénéficié de consultations de soins postnataux.

Cette publication a été réalisée avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité de Première Urgence Internationale et ne reflète pas nécessairement le point de vue de l’Union européenne.

* Les noms ont été modifiés pour protéger l’identité et la dignité des personnes interrogées.

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