COVID-19 : En Afghanistan, Première Urgence Internationale œuvre pour la santé publique


Dans l’est de l’Afghanistan, Première Urgence Internationale intervient depuis quatre décennies pour répondre aux besoins d’urgence en santé, et contribuer à l’amélioration des services publics. En réponse à la pandémie de COVID-19, l’ONG met en œuvre plusieurs activités et adapte ses programmes habituels, avec des ressources dédiées. Un approvisionnement supplémentaire a aussi été fait, grâce à un pont aérien humanitaire reliant l’Europe et l’Afghanistan.

COVID-19 en Afghanistan

© Première Urgence Internationale – Juin 2020

Bien que les données officielles montrent peu de cas confirmés de COVID-19 dans le pays, l’Afghanistan n’échappe pas à la pandémie mondiale. Les infections continuent de se propager de façon exponentielle, alors que le nombre de tests disponibles est extrêmement limité. Les ménages manquent d’espace pour assurer l’auto-quarantaine et respecter le confinement.

Ce virus mortel arrive aussi dans le pays comme un fléau supplémentaire pour les civils, et ne fait qu’aggraver la crise humanitaire et sanitaire et les besoins d’assistance. Le plan de réponse humanitaire estime désormais le nombre total de personnes dans le besoin à 14 millions de personnes, soit 38% de la population totale. Une augmentation considérable par rapport à 9,4 millions au début de l’année (avant l’épidémie de COVID-19) et à 6,3 millions en 2019.

Postes de premiers soins et équipes mobiles

Dans les régions de l’Est, à la frontière avec le Pakistan, Première Urgence Internationale intervient dans 4 provinces : Nangarhar, Kunar, Nuristan, Laghman. L’ONG met en œuvre une approche intégrée, mêlant activités de santé, nutrition, protection, accès à l’eau et assainissement. Sur le terrain, Première Urgence Internationale gère par exemple 29 postes de traumatologie en premiers soins, pour fournir des services d’aide d’urgence aux civils (blessures et traumatismes liés au conflit ou à des maladies aiguës).

Première Urgence Internationale gère également 10 équipes de santé mobiles, assurant des services de santé d’urgence hebdomadaires dans les zones reculées. Dans ces structures mobiles, les médecins, sages-femmes et infirmières assurent plusieurs services : consultations médicales, soins prénatals et postnatals, vaccination, distribution de kits d’hygiène et de nutrition, soutien psychosocial…

L’ONG intervient également dans la réhabilitation des structures, y compris des salles d’accouchement et des murs dans les cliniques provinciales ainsi que les salles de vaccination dans les établissements de santé des zones reculées. L’ONG assure aussi la fourniture d’équipements médicaux et non médicaux (tables, étagères, chaises, couvertures, câbles…). En cas de besoin, Première Urgence Internationale propose également des formations professionnelles au personnel local et facilite le recrutement de spécialistes (pédiatres, infirmières nutritionnelles, travailleurs psychosociaux…).

Entre octobre 2019 et mai 2020, les équipes de Première Urgence Internationale ont enregistré plus de 136 000 consultations, livré plus de 14 000 kits d’hygiène et pris en charge plus de 6 500 accouchements, 7 000 fournitures nutritionnelles d’urgence et 7 000 consultations psychosociales.

Mesures préventives face à la pandémie de COVID-19

Malgré la pandémie mondiale, Première Urgence Internationale a assuré la continuité opérationnelle de tous ses programmes sur la mission, et n’a cessé de fournir ces services de santé d’urgence.

Afin de protéger ses équipes et tous les bénéficiaires de ces programmes, l’ONG a adopté très tôt des mesures de prévention et d’atténuation. « Dès décembre 2019, lorsque la pandémie a frappé la Chine, nous savions que cela pourrait également arriver en Afghanistan », se souvient le Dr Muqabel Shah, chef de projet pour Première Urgence Internationale. « Tous nos collaborateurs ont été informés des symptômes de ce nouveau virus et ont été formés aux mesures préventives. Du matériel spécifique a été fourni à toutes nos équipes et structures: masques, gants, équipements de protection individuelle, thermomètres infrarouges pour dépister nos personnels et nos patients. »

Du matériel d’information et de visibilité (dépliants, affiches…) a également été produit en urgence, pour être affiché dans les structures de santé et distribué par les équipes mobiles de santé, à des fins de sensibilisation. « Nous avons également réduit nos équipes mobiles de santé, de 6 à 3 personnes, et mis en place des rotations entre les personnels chaque semaine, pour réduire les risques de propagation », poursuit le Dr Muqabel Shah.

Du matériel et des médicaments spécifiques ont également été livrés afin de couvrir les besoins supplémentaires pendant cette période particulière. Certains produits pouvaient être trouvés sur place, mais certains ont dû être achetés hors d’Afghanistan. « Dans ce pays, il reste difficile de trouver des fournisseurs et de transporter du matériel médical », développe Justyna Bajer, cheffe de mission. « Nous manquons souvent de médicaments ou de produits spécifiques, et c’était le cas même avant la pandémie. »

Un pont aérien humanitaire pour livrer 30 tonnes de médicaments

Grâce à la coopération entre plusieurs ONG européennes, et au soutien de l’Union européenne, un pont aérien humanitaire exceptionnel a été mis en place ces dernières semaines pour relier l’Europe à une trentaine de destinations dans le monde et faciliter la réponse sanitaire d’urgence mondiale à la pandémie. Avec la RDC, Haïti, le Burkina Faso et le Soudan du Sud entre autres, l’Afghanistan fait partie des destinations couvertes par ce pont aérien exceptionnel.

Un premier vol à destination de Kaboul a décollé de Maastricht le 16 juin, avec une cargaison de 100 tonnes de matériel médical et de médicaments. Les produits étaient destinés à plusieurs ONG, et environ 30 tonnes spécifiquement destinées aux activités de Première Urgence Internationale et aux équipes de santé mobiles.

« Nous avions besoin de beaucoup d’items et médicaments. Pendant plusieurs semaines, au début de la pandémie, tous les transports et convois habituels ont été annulés ou reportés faute de vols internationaux. On sentait que ça commençait à être critique, et ce pont aérien est arrivé au bon moment », développe Sylvain Sanhueza, coordinateur logistique de la mission.

COVID-19 en Afghanistan - un pont aérien mis en place pour livrer du matériel médical et des médicaments
© UNICEF – Juin 2020

« Beaucoup de médicaments ne sont pas disponibles sur le marché afghan, et pour ceux qui le sont, la qualité n’est pas toujours constante », poursuit Sylvain. «L’origine des médicaments et leurs moyens de production varient beaucoup. Mais lorsque nous avons besoin de médicaments de traitement spécifiques, pour un patient diabétique par exemple, la qualité doit être précise et constante, avec les mêmes principes actifs et les mêmes dosages, dans chaque produit. »

Les difficultés liées à l’importation de produits et à la disponibilité d’articles sur le marché ne sont pas nouvelles. Mais elles ont été accrues avec la pandémie. « Le marché noir a explosé, les prix ont triplé voire plus, notamment en ce qui concerne les équipements de protection individuelle (gants, masques, gel hydro-alcoolique…). Le prix d’un masque unitaire coûtait 0,10 cents auparavant et a atteint jusqu’à 3 dollars! Et c’était le cas pour presque tout », note Sylvain. « Étant donné que nos équipes fournissent des services médicaux et sont en contact direct avec les bénéficiaires, nous avions besoin de grandes quantités de ces articles et d’une qualité contrôlée vérifiée.»

Coopération internationale

Grâce à cette opportunité de pont aérien, Première Urgence Internationale a pu travailler avec des fournisseurs européens (Nutriset, Medeor et Imres) et commander ces grandes quantités de médicaments et matériel. « Nos fournisseurs ont été très réactifs et efficaces. Ils ont pu préparer et envoyer nos commandes en seulement 10 jours, en moins de temps que d’habitude », remercie chaleureusement Sylvain.

À l’aéroport, les autorités locales ont également facilité le dédouanement pour accélérer l’approvisionnement. « Au total, le processus de livraison a pris moins d’un mois et demi, alors qu’il prend généralement de 6 à 9 mois en temps normal! » Une solution qui a fait gagner du temps, de l’énergie et de l’argent, grâce à cette coopération internationale et ce pont aérien d’urgence.

Des discussions sont en cours pour un deuxième vol vers Kaboul dans les prochaines semaines, en fonction des besoins de tous les autres partenaires et ONG. Pour Première Urgence Internationale, les besoins sont toujours là, en médicaments, articles et équipements médicaux.

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