Au Yémen, l’accès aux services de santé demeure une problématique majeure
Les conditions humanitaires au Yémen sont dramatiques. 20 millions de Yéménites (70% de la population) ont besoin urgent d’assistance humanitaire. Première Urgence Internationale, présente dans le pays depuis 2007, soutient le système de santé et lutte contre la malnutrition. Pour l’ONG, comme pour les bénéficiaires, l’accès aux services est particulièrement compliqué.
Une base de l’ONG délocalisée
Première Urgence Internationale intervient aujourd’hui dans les deux gouvernorats d’Hodeidah et de Raymah, dans l’ouest du Yémen. Comme dans le reste du pays, l’insécurité alimentaire et la malnutrition chronique restent les besoins les plus urgents pour la majorité de la population.
Dans ces deux gouvernorats, l’accès est particulièrement difficile. Même dans la ville d’Hodeidah, où Première Urgence Internationale a implanté l’une de ses bases. “Nous ne pouvons accéder à la ville que depuis une seule route, depuis le nord”, détaille Aneta Brzostek. Elle fut la coordinatrice terrain de cette base pendant six mois. “Toutes les autres routes qui mènent à la ville sont coupées depuis septembre 2018.” Pour pouvoir opérer dans le gouvernorat d’Hodeidah, l’ONG a donc dû installer ses équipes dans un bureau secondaire, à Bajel. Une petite ville située à environ une heure de voiture des activités de la mission. Éloignant par conséquent les travailleurs humanitaires des 160 000 bénéficiaires de ce gouvernorat.
À Raymah, les conditions sont encore plus difficiles. Première Urgence Internationale est l’une des rares ONGs disposant de l’autorisation d’intervenir dans cette nouvelle division administrative, où l’accès est particulièrement complexe. “Nous avons ouvert des centres de stabilisation pour la malnutrition, dans les deux gouvernorats. À Raymah, l’accès à ces centres est bien plus difficile. Ils se situent en altitude sur les montagnes. À 2 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, au-dessus des nuages”, précise Aneta Brzostek.
“La majorité des gens n’ont pas les moyens de payer le transport”
Pour les organisations humanitaires, c’est un réel défi de contourner ces difficultés et de faciliter l’accès aux bénéficiaires. “Les conditions de vie des populations sont dramatiques. Nous savons que nos centres de stabilisation ont un réel impact parmi les communautés. Cependant, la majorité des gens n’ont pas les moyens de payer le transport pour venir jusqu’aux centres”, constate Aneta Brzostek. C’est pourquoi Première Urgence Internationale prend en charge les coûts de transport des patients, aller et retour, vers tous les services supportés par l’association.
Même constat dans les 8 centres de santé primaire soutenus par l’ONG. Première Urgence Internationale fournit des médicaments et un soutien financier pour le personnel médical afin de payer leurs salaires et rendre les consultations gratuites pour tous les patients. “Les besoins sont immenses et les services de santé que nous soutenons sont gratuits. Les patients sont donc très enclins à venir dans ces centres. Le problème, comme toujours, c’est l’accès.”
Difficultés d’approvisionnement
Pour le fonctionnement opérationnel de Première Urgence Internationale, également, l’accès est la problématique majeure sur le terrain. Les travailleurs internationaux ont des difficultés pour rester au Yémen. D’abord pour obtenir des visas puis, une fois sur place, pour se déplacer à l’intérieur du pays. À cause de contraintes de visas, Aneta Brzostek était basée à Sanaa, la capitale, la majorité du temps de sa mission.
De plus, l’accès aux services de santé est également très difficile dans le pays. L’importation de médicaments est très contrôlée et pas toujours possible au jour le jour. L’ONG continuera toutefois à développer ses activités au Yémen : « Les besoins sont toujours existants, urgents et critiques. »