7 mois au centre de la guerre en Afghanistan
Antoine Golfier a passé 7 mois en Afghanistan pour Première Urgence Internationale. Travailler dans ce pays en guerre a relevé du défi pour ce jeune humanitaire de 25 ans. Cette expérience lui a également ouvert les yeux sur la réalité d’un pays et de sa population.
« À mon arrivée en Afghanistan, je voyais principalement des murs et des barbelés. Puis peu à peu, je suis sorti de l’image d’un pays avec des gens reclus dans leurs maisons. L’Afghanistan, c’est bien plus que ça ». Antoine Golfier a passé 7 mois à Jalalabad, près de la frontière pakistanaise. Une zone avec des tensions sécuritaires très fortes. Des tensions qui sont liées à la présence de nombreux chefs de guerre de groupes armés, et de la guerre en Afghanistan « interminable ».
Antoine était logisticien. Il était en charge de veiller au bon approvisionnement des projets pour la province du Nangarhar et de la Kunar. « Nous avions des conditions sécuritaires très strictes et nous bougions peu. Malgré tout, j’ai eu beaucoup de contact avec le personnel local. Ce sont des gens très compétents et investis. Ils sont très chaleureux. J’ai eu l’occasion d’échanger avec eux, souvent autour d’un thé. Les Afghans ont une culture très forte et ils sont très accueillants ».
La guerre en Afghanistan : ils n’ont plus rien
À Jalalabad, la majorité des Afghans qui travaillent avec Première Urgence Internationale, ont vécu au Pakistan. Ils se sont réfugiés dans le pays voisin à cause de la guerre en Afghanistan. En juillet 2016, le Pakistan a forcé les réfugiés afghans à rentrer dans leur pays d’origine. « Mes collègues afghans m’ont raconté que la réinstallation a été souvent difficile. Certains ont rejoint leurs familles mais d’autres n’avaient plus rien. Ils se sont installés dans des campements de fortune dans l’est du pays ».
Antoine raconte que la plupart des personnes qu’il a rencontrées ont déjà eu un mort, parmi leurs familles ou leurs connaissances, lié à la guerre en Afghanistan. « J’ai rencontré un homme qui avait perdu son fils, il y a un an, suite à une explosion. Il vient de perdre son deuxième fils ».
Retours massifs du Pakistan, violents combats, attentats, bombardements, la guerre en Afghanistan est meurtrière. La situation humanitaire se dégrade d’année en année. Selon le Bureau de la coordination humanitaire (OCHA), plus de 9 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans le pays. 36 % des Afghans n’ont pas accès aux soins de santé primaire comme les soins d’urgence, néonataux et de vaccination. Pour répondre à ces besoins urgents, Première Urgence Internationale, présente dans le pays depuis 1979, met en œuvre des projets de santé destinés à plus de 500 000 personnes.
La santé, une priorité pour les humanitaires
« Nous travaillons notamment dans tous les centres de santé de la Kunar », explique Pierre-Manuel Mendez, chargé de programmes pour l’Afghanistan pour Première Urgence Internationale. « En Afghanistan, l’enjeu est l’accès pour la population à des centres de santé. En effet, les populations sont parfois très éloignées de ces centres. De plus, l’accès est souvent limité par les groupes armés qui contrôlent certaines régions comme la Kunar ».
Première Urgence Internationale met en place des projets de cliniques mobiles. Elles sont composées de médecins d’infirmiers, de pharmaciens. Elles se déplacent auprès des populations vulnérables. En effet, la guerre en Afghanistan provoque de nombreux morts et blessés. Elle affecte également le mental des habitants qui souffrent de traumatismes chroniques. Ils ont donc besoin de soins urgents. Entre janvier et juin 2017, les points de premiers secours, soignant les traumatismes, affichaient ainsi une augmentation de 28% des incidents traumatiques, en comparaison avec l’année précédente.
« Les besoins de la population sont considérables. C’est pour cette raison que j’ai choisi de m’y rendre même si les conditions de vie ne sont pas très faciles », explique Antoine Golfier. « C’est un défi de travailler dans un pays en guerre. J’ai appris beaucoup de choses sur l’Afghanistan, la culture mais aussi sur moi-même et mes capacités d’adaptation à un contexte difficile ».