Soigner les déplacés nigerians et ne pas oublier les « hôtes » de Maiduguri
Depuis mars 2016, les équipes de Première Urgence Internationale interviennent dans le centre de santé de Bolori II dans la ville de Maiduguri. Aujourd’hui, la ville accueille des milliers de déplacés nigerians ayant fui les conflits liés à Boko Haram. La population hôte comme les déplacés souffrent d’une situation précaire qui s’est transformée en crise humanitaire. Ibrahim et Fatima nous parlent de l’aide apportée par les équipes de Première Urgence Internationale.

Ibrahim est un déplacé nigerian ayant fui le conflit
Ibrahim Moussa a 40 ans. Il vient du village de Girgithang dans la zone gouvernementale de Gombi, l’Etat d’Adamawa. Comme d’autres déplacés nigerians, il a quitté sa ville natale avec sa femme et ses trois enfants de 3,7 et 9 ans.
« Lorsque l’insurrection a commencé dans mon village, tous les membres de la communauté ont tenté de se réfugier à Maiduguri. Je suis alors parti avec ma femme et mes enfants. En arrivant, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a embauché comme garde de sa maison à Maiduguri.
À ce moment, j’ai commencé à avoir des douleurs abdominales et à vomir. J’ai donc acheté des médicaments mais la douleur n’a pas disparu. Elle était intense et c’était insupportable. Quelqu’un m’a alors parlé de la clinique dans laquelle intervient Première Urgence Internationale. Je m’y suis rendu et l’équipe m’a diagnostiqué une appendicite.
Ce centre de santé ne pouvait pas me prendre en charge car il n’était pas équipé du matériel pour effectuer une opération chirurgicale. J’ai donc été référé à un hôpital d’Etat vers lequel j’ai été transporté en ambulance. Première Urgence Internationale a payé pour la chirurgie et pour les médicaments dont j’avais besoin. L’opération a été un succès. J’ai suivi toutes les recommandations du médecin et maintenant je suis guéri. Je mange et je suis capable à nouveau de travailler.
Ma famille et moi n’avions jamais reçu d’aide auparavant. Première Urgence Internationale nous a apporté des soins humanitaires précieux. En effet, comme je suis un travailleur précaire, nous n’aurions jamais pu consulter ni nous faire soigner autrement.»
Fatima et sa fille Alcausar qui souffre de malnutrition aiguë
Fatima Auda ne fait pas partie des déplacés nigerians de Maiduguri. Elle a toujours vécu dans la ville. En octobre dernier, elle est venue consulter pour sa fille de 15 mois, Alcausar Mohamed. L’enfant a été diagnostiquée comme souffrant de malnutrition sévère aiguë.
« J’ai 32 ans et j’ai toujours vécu à Maiduguri dans le quartier de Bolori. Parfois, j’ai l’impression que toute l’aide va aux déplacés nigerians qui vivent dans la ville. J’ai 5 enfants et, avec mon mari, nous sommes responsables de deux autres petits. Leur père a ainsi été tué durant l’insurrection et leur mère, qui est âgée, ne vit plus dans la communauté. Mais comme ils font partie de la famille, nous prenons soin d’eux.
Depuis le début de l’insurrection, c’est très compliqué de nourrir toute la famille. Mon mari était un homme d’affaire mais il a été victime d’une attaque. Depuis, il a de grosses difficultés à utiliser sa main.
Avant d’aller dans cette clinique pour ma fille, nous nous rendions dans des infrastructures de santé, dans lesquelles il fallait payer le moindre soin, la moindre consultation. Nous ne pouvions donc pas nous procurer de médicaments. Dès qu’elle est arrivée au centre de santé, Alcausar Mohamed, qui souffrait d’une forte fièvre, a été auscultée par les infirmières. Elles ont ainsi diagnostiqué qu’elle souffrait de malnutrition. Nous sommes venues à la clinique toutes les semaines pour qu’Alcausar reçoive des rations alimentaires. Depuis, ma fille ne pleure plus. Elle est traitée et semble heureuse. »
On estime que 1,2 million d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition dans le nord-est du Nigeria.
L’urgence nutrition a été déclarée en juillet 2016.
Selon La Nema, l’agence nationale en charge des situations d’urgence (The National Emergency Management Agency) : « en 2015, dans le seul Etat de Borno on compte 1,6 million de déplacés, dont 90 % se sont installés dans la capitale, Maiduguri ».