Les enjeux de santé dans les camps de réfugiés en Thaïlande
Karina, coordinatrice médicale à Première Urgence Internationale, est partie quelques mois à Mae Sot en Thaïlande près de la frontière avec la Birmanie où elle a travaillé dans trois camps de réfugiés birmans. Elle explique l’état de la situation sanitaire dans ces camps.
Quelle est la situation sanitaire dans ces trois camps de réfugiés ?
Il y a une forte promiscuité dans les camps donc les épidémies se répandent très facilement. En un an, nous avons constaté des épidémies de dengue, de choléra et de shigellose, une maladie infectieuse d’origine bactérienne. A chaque fois, nous devons procéder à une surveillance épidémiologique très rapprochée pour comprendre précisément d’où viennent les cas, analyser les causes et endiguer rapidement leur expansion.
Par exemple, lorsque les cas de shigellose se sont déclarés en mai dernier, les équipes ont constaté que le nombre de personnes contaminées augmentait très rapidement. C’est une infection qui se répand très vite. Elle touche surtout les enfants qui se déshydratent très rapidement lorsqu’ils tombent malades. Elle peut dans ce cas devenir très inquiétante. Nous avons informé les autorités qui ont aussitôt réagi et ont apporté leur aide. Après avoir effectué différentes analyses, nous avons pu détecter le problème : la source d’eau qui approvisionnait le camp était infectée. Nous avons traité les personnes contaminées et en quelques jours, ils étaient rétablis. En intervenant rapidement, les équipes ont pu rapidement enrayer la maladie.
Quels sont les conditions de vie dans ces camps ?
Il faut savoir que les réfugiés de ces camps vivent dans des petites maisons et qu’ils ont accès à des services de santé et même d’éducation. Les conditions de vie sont plus favorables que dans d’autres pays dans lesquels les personnes vivent sous des tentes. Cependant, les défis restent nombreux notamment à cause des moustiques qui véhiculent des maladies, des difficultés de l’accès à l’eau et surtout de la collecte des ordures qui est très compliquée. Pour les humanitaires, le travail dans ces camps est complexe notamment à cause des nombreuses langues utilisées. En effet, certains bénéficiaires parlent les langues karens, le médecin de notre équipe en birman, le coordinateur des équipes, lui, s’exprime en langue thaïe et d’autres membres de l’équipe utilisent le français ou l’anglais. La communication est un véritable défi dans ce genre de situation.
Première Urgence Internationale est aujourd’hui, grâce au soutien du service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), le principal prestataire de soins de santé pour les réfugiés birmans en Thaïlande. Elle intervient dans trois des principaux camps : Mae La, Umpiem et Nupo.