Journée mondiale de l’eau : les catastrophes climatiques nous rappellent que l’accès à l’eau est loin d’être acquis, au Nord comme au Sud


Alors que les états se réunissent cette semaine au siège de l’ONU à New York pour discuter des enjeux autour de l’eau, les organisations de la société civile alertent sur le niveau encore jamais atteint des besoins humanitaires en matière d’accès à l’Eau, à l’Hygiène et à l’Assainissement (EHA). A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Eau, Timothée LE GUELLEC, Référent EHA chez Première Urgence Internationale, revient sur les actions prioritaires sur lesquelles la communauté internationale doit agir.

Château d’eau détruit suite au séisme de février 2023, Hama – © Première Urgence Internationale

Les états vont se réunir 3 jours à New York dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, que pouvons-nous attendre de cette rencontre ?

Timothée LE GUELLEC (T.L.G.) – La dernière conférence de ce type remonte à 1977, elle est donc historique et surtout déterminante. Rappelons que 25% de la population mondiale n’a toujours pas accès à l’eau potable et qu’une personne sur trois n’a pas accès à des toilettes[1].

Aujourd’hui les catastrophes climatiques se multiplient et nous rappellent que l’accès à l’eau n’est pas un acquis au Nord comme au Sud. Cette crise climatique est intimement liée à l’eau : elle vient complexifier les contextes fragiles où l’eau est tantôt source de conflit, tantôt utilisée comme arme de guerre.

Sur ces mêmes zones on voit se développer des épidémies, dont certaines étaient oubliées. En 2022, plus de 14 pays ont vu l’apparition ou la réapparition d’épidémies de choléra. En moyenne 100 000 personnes perdent la vie chaque année à cause de cette maladie.[2]

L’enjeu de l’eau est le défi de tous aujourd’hui et d’autant plus pour près d’un quart de la population vivant dans des zones dites fragiles où Première Urgence Internationale intervient.

Certains contextes cumulent en effet plusieurs facteurs de crise qui rendent la réponse humanitaire d’autant plus complexe qu’il faut agir à la fois sur le court et le long terme en matière d’eau et d’assainissement…

T.L.G. : Le récent séisme en Turquie et en Syrie en est un exemple. La Syrie combine une multitude de crises liées à un conflit complexe qui est entré dans sa 13ème année, à une économie en chute libre, à l’impact du changement climatique avec deux années de sécheresses consécutives, et à une gestion des eaux transfrontalières qui est loin d’être simple.

Enfin le choléra est lui aussi réapparu en 2022 dans cette région ; et les conséquences du séisme ne fait qu’aggraver la situation. Plusieurs réseaux d’eau ont été détruits ou fortement endommagés, ce qui impacte directement l’accès à une eau propre à la consommation.

Dans ce genre de contexte, Première Urgence Internationale privilégie une réponse globale avec plusieurs expertises dont la mise en œuvre de programmes d’accès à l’eau. Ceci afin de répondre aux besoins les plus élémentaires comme boire, se nourrir, se loger mais aussi se soigner et limiter les risques pour la population face au fléau épidémique.

Dans le secteur de l’eau, notre équipe composée d’environs 70 ingénieurs et techniciens répond à l’urgence, en acheminant de l’eau par camion à des points clefs et en installant des toilettes préfabriquées.

Dans le même temps, elles évaluent l’étendue des dommages matériels et engagent les travaux de réhabilitation : stations de potabilisation, châteaux et réseaux d’eau, réseaux d’assainissement, stations d’épuration et réseaux d’irrigation.

Au-delà de la phase de réhabilitation, nous développons également des programmes de résilience et de réduction des risques liés aux catastrophes naturelles. Ceci inclue notamment de la formation et de la sensibilisation par le biais des nouvelles technologies.

Dans le gouvernorat de Hama, par exemple, Première Urgence Internationale a réhabilité deux stations d’eaux usées qui permettent de traiter les eaux de millions de personnes, sachant que l’eau est ensuite réutilisée pour l’irrigation. Le dysfonctionnement de ces systèmes est une des principales causes de la propagation du choléra.

Première Urgence Internationale travaille donc avec les populations syriennes sur de multiples enjeux liés à l’accès à l’eau, comme c’est le cas dans la plupart de nos interventions dans le monde.

 

Station de traitement d’eaux usées à Salamīyah, Hama – © Première Urgence Internationale

Quel message souhaitez-vous adresser aux décideurs politiques à l’occasion de la Conférence sur l’eau ?

T.L.G. : Première Urgence Internationale s’associe à 33 autres organisations humanitaires pour que les gouvernements adoptent notre proposition de feuille de route et s’engager pour des mesures concrètes.

Cette feuille de route prévoit notamment, de :

  • Concentrer principalement leurs efforts sur les personnes vivant dans des environnements fragiles, de conflits et de violence,
  • Augmenter le soutien aux réponses humanitaires en Eau, Assainissement et Hygiène (EAH) et renforcer la coordination des acteurs humanitaires en la matière
  • Construire des services EAH durables et résilients, capables de résister aux crises
  • Promouvoir activement la mise en œuvre effective des obligations du Droit International Humanitaire
  • Soutenir la demande adressée au Secrétaire Général des Nations Unies de nommer rapidement un Envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau

 Vous pouvez lire l’intégralité de cette feuille de route ici.

[1] OMS/UNICEF, 2021

[2] https://www.gtfcc.org

Comment sont utilisés vos dons ?

Stats Chaque année, Première Urgence Internationale affecte l’essentiel de ses ressources aux programmes qu’elle déploie sur ses différents terrains d’intervention et seulement 0,2% à la recherche de fonds. Vos dons sont essentiels.

Reprendre en main son destin !

Vos dons sont les garants de notre liberté d’action. Ils nous permettent de venir en aide aux populations affectées par des crises oubliées qui ne retiennent l’attention ni des médias, ni des bailleurs de fonds institutionnels. Les sommes collectées constituent ainsi les fonds propres de l’association, lui donnant une autonomie d’action et une réactivité accrue.
Faire un don