La gestion des boues de vidange dans un camp de réfugiés est un enjeu de santé publique


Aline Georges rentre de sa première mission avec Première Urgence Internationale. Elle nous raconte comment la gestion des boues de vidange est un enjeu de santé publique sur le camp de réfugiés de Minawao au Cameroun.

Camp de réfugiés nigérians de Minawao au Cameroun où Première Urgence Internationale intervient dans la gestion des boues du camp

La gestion des boues de vidange, c’est quoi ?

Construire des latrines fait partie des activités prioritaires sur un camp de réfugiés. Cependant, on manque parfois de place pour en créer de nouvelles lorsqu’elles sont pleines. A Minawao, les caractéristiques du sol font qu’il est nécessaire de les vider régulièrement. Alors, il faut mettre en place un processus de vidange des latrines et de disposition de ces déchets liquides. C’est ce que l’on appelle la gestion des boues de vidange. J’ai participé durant plusieurs mois à l’élaboration d’une stratégie de gestion des déchets (solides et liquides) sur le camp de Minawao. La concrétisation sera la création d’un site de gestion de ces derniers comprenant un tri des déchets domestiques (solides), une station de traitement des boues de vidange et un module de co-compostage.

La gestion des boues de vidange, et plus largement des déchets, est un enjeu de santé publique. Afin d’éviter la propagation de maladies ou la contamination des sols, il est indispensable de mettre en place des processus de vidange/collecte, traitement et élimination, ou idéalement valorisation, de ces déchets.

Bloc sanitaire dans le camp de réfugiés nigérians de Minawao au Cameroun où Première Urgence Internationale intervient au niveau de la gestion des boues du camp

La gestion des boues, de la vidange à la valorisation

La gestion des boues de vidange se résume souvent par nécessité à leur élimination. Cependant, à Minawao, nous avons décidé d’innover. L’objectif, au-delà du traitement, sera donc de valoriser les déchets en compost.

Ce projet nécessite la sensibilisation et la formation des populations. Il n’est pas toujours évident de faire accepter l’utilisation d’un compost fait à base d’excrétas humains. Néanmoins, cela permet de valoriser les déchets et possiblement d’utiliser à terme la vente du compost pour le recouvrement partiel des coûts de gestion. Les populations ont été et seront associées à l’ensemble des étapes du processus, de l’élaboration à la gestion.

Un objectif : la pérennité      

La gestion des déchets c’est également un enjeu de cohésion et de développement. Nous avons engagé un processus d’accompagnement et d’implication de la commune voisine de Mokolo. Ce processus dit “progressif” a pour objectif de lui déléguer à terme la gestion totale des activités d’assainissement du camp. Enfin, la stratégie implique à différents niveaux à la fois la communauté hôte et réfugiée pour sa mise en œuvre via des activités génératrices de revenus. En associant les autorités locales, ainsi que les communautés hôtes et réfugiées à cette gestion des déchets, nous essayons de mettre en place un système pérenne. Pourquoi ? Dans l’optique que les communautés retrouvent leur autonomie. C’est l’une de mes plus grandes fiertés sur ce projet.

L’équipe Première Urgence Internationale de Minawao dédiée à l’assainissement a fait un travail formidable sur le camp et m’a été d’un grand soutien. Grâce à une analyse poussée, nous avons réussi à adapter la technologie (niveau de technicité / coûts d’entretien raisonnables) au contexte. C’est indispensable à la garantie de la pérennité et c’est une véritable réussite !

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