Gaza : une vie à côté de la barrière


En 2020, le blocus imposé à Gaza est entré dans sa treizième année, continuant à restreindre la circulation des personnes et des biens à l’entrée et à la sortie de la bande de Gaza. Bien que l’armée israélienne se soit retirée de la bande en 2005, les autorités israéliennes contrôlent toujours son espace terrestre, maritime et aérien par le biais d’un blocus imposé. Dans le cadre de ce régime, illégal en vertu du droit international humanitaire, des couches supplémentaires de restrictions sont imposées le long du périmètre de Gaza sur terre et en mer. Les deux millions de Gazaouis qui peuplent ce territoire de seulement 360 km² mènent une vie en suspens. Découvrez le quotidien de nos bénéficiaires à Gaza, territoire palestinien toujours occupé.

Habiter dans une zone d’accès restreint

Illégal au regard du droit international, ce blocus de la bande de Gaza s’accompagne de restrictions d’accès aux territoires terrestre et marin proches de la ligne de démarcation avec Israël. Les populations vivant dans ces « zones d’accès restreint » (ZAR) ont ainsi vu leur mode de vie lourdement impacté. Les ZAR sont militarisées, incluant des exercices de tirs à balles réelles, et parfois d’obus, à proximité des habitants Gazaouis. En l’absence d’un périmètre géographique clairement défini, leur délimitation concrète varie d’un segment de démarcation à l’autre et est donc source d’instabilité.

D’après le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA), s’aventurer à moins de 1500 mètres d’une barrière terrestre est très risqué. Cela comprend une no-go zone qui s’étend sur tout le périmètre à moins de 300 mètres de la démarcation. Concernant l’espace maritime, la pêche est autorisée uniquement entre les 3 et 12 milles nautiques accolés à la barrière. En d’autres termes, selon ces mêmes chiffres, les ZAR représentent 17 % du territoire terrestre de Gaza, dont 35 % des terres agricoles. En mer, la population se voit interdire tout accès à 85 % des zones de pêche.

Dans ce cadre, les Gazaouis ont dû développer des stratégies d’adaptation pour continuer à vivre près et dans ces zones.

Comme le reste du monde, les ménages de Gaza ont été touchés par la crise pandémique. Parallèlement aux mesures de restriction des déplacements visant à atténuer la propagation éventuelle du virus, les conséquences de cette situation critique ont été diverses pour la population de Gaza. Afin de mesurer son impact, les équipes de terrain du Première Urgence Internationale ont mené une enquête multisectorielle. Les conséquences sont multiples, telles que l’évolution des prix des denrées alimentaires, l’augmentation du taux de chômage, l’accumulation de dettes… Ainsi, la grande majorité (90%) des agriculteurs, pêcheurs et travailleurs journaliers interrogés ont constaté une augmentation des dépenses familiales en nourriture, produits non alimentaires et matériel d’hygiène.

Première Urgence Internationale a développé une réponse globale par le biais d’une assistance en nature et en espèces pour aider les familles les plus vulnérables à surmonter la crise prolongée exacerbée par le COVID-19.

Aller à l’école dans un espace militarisé

Treize écoles sont localisées à l’intérieur desdites ZAR. Pour s’y rendre, les enfants doivent marcher dans des espaces militarisés. Par exemple, à Khuza’a, dans le gouvernorat de Khan Younis, au sud de la bande, l’école se situe à 600m de la barrière, face à une entrée. L’armée israélienne utilise cette dernière pour mener différents types d’opérations militaires.

Par ailleurs, le conflit de 2014 a conduit à la destruction de nombreux bâtiments dans les ZAR, dont des écoles. Les difficultés d’approvisionnement en matériel de construction entravent les possibilités de réhabilitation. Même en temps d’absence de conflit armé proprement dit, les écoles sont régulièrement les cibles de tirs de l’armée israélienne. Cette stratégie d’intimidation des Gazaouis par l’État hébreux a pour conséquence directe de contre-carrer l’exercice du droit à l’éducation.

Sur-remplis et insuffisamment équipés, les établissements scolaires encore en état peinent à subvenir aux besoins éducatifs, qui sont substantiels dans ce territoire où près de la moitié de la population a moins de vingt ans. En outre, les routes détruites, la présence de chiens errants et les coûts de transport élevés constituent des entraves supplémentaires à l’accès à l’éducation.

Une pépinière dans la ZAR : le témoignage d’Hassan, agriculteur

Hassan a cinquante-cinq ans. Il vit à Khuza’a et y possède une pépinière. Cette dernière se situe à 1200m de la barrière, dans la ZAR. Il est également propriétaire de trois hectares de terres qu’il ne peut pas cultiver. Par manque de moyens financiers d’une part. Mais surtout, de l’autre, car le risque de se faire tuer est trop élevé.

Il fait pousser des semis qu’il revend à d’autres agriculteurs. Exerçant cette profession à Khuza’a depuis trente-cinq ans, il a pu voir les choses changer. Depuis le blocus, ses revenus ont diminué de 80 %, chutant de 850 à 170 euros par mois. Les conflits de 2009, 2012 et 2014 ont successivement endommagé sa pépinière. En conséquence de ces destructions, Hassan estime ses pertes à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Alors qu’il exportait ses produits en Arabie saoudite et en Europe, le blocus lui empêche désormais l’accès à ces marchés. L’État d’Israël accorde des autorisations d’exportations au compte-goutte et les petits entrepreneurs y sont généralement inéligibles.

Son témoignage en vidéo :

 

Le contenu de cet article se réfère à des activités humanitaires mises en œuvre avec le soutien financier de l’Union européenne. Les points de vue exprimés ne reflètent pas la position officielle de l’Union européenne. La Commission européenne ne peut donc être considérée responsable de l’utilisation d’une quelconque information contenue dans cet article.

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