« Les vaccins sont transportés à dos d’âne »
Alors que le conflit perdure au Yémen, Première Urgence Internationale continue d’intervenir auprès des populations vulnérables de Hodeidah et Raymah, deux gouvernorats situés sur la côte ouest du pays, à environ 5 heures de route de la capitale Sanaa. L’ONG y mène des projets en santé et nutrition par le biais de cliniques mobiles et assure également des campagnes de distribution de biens alimentaires. Dans ce pays violemment affecté par le conflit, le travail des humanitaires n’est pas toujours aisé. Omar Abughoffa a été coordinateur logistique pendant trois mois pour la mission Yémen avec Première Urgence Internationale. Il explique les nombreux défis auxquels l’équipe doit faire face.
« Au Yémen, les besoins sont énormes. Dans un rapport publié en mars dernier, l’UNICEF relevait que près de 10 millions d’enfants, soit 80% de toute la population infantile du pays avait besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Face à cette situation critique, il y a donc un véritable besoin d’assistance.
L’acheminement d’équipements humanitaires est indispensable pour porter secours aux populations qui sont affectées par le conflit, les déplacements forcés, l’insécurité alimentaire ainsi que par la malnutrition. Les dégâts infligés par les frappes aériennes à des infrastructures logistiques cruciales telles que des ponts, des aéroports et des ports maritimes entravent fortement la capacité de réponse à ces besoins. Les acteurs humanitaires qui interviennent sur place doivent faire face à ces défis au quotidien. Le rôle du coordinateur logistique et de son équipe devient donc vital pour permettre aux équipes sur le terrain de mener les opérations dans de bonnes conditions. Dans un contexte comme le Yémen, le rôle de l’équipe logistique est de veiller à l’approvisionnement en équipements, en médicaments et en denrées qui vont être distribuées sur place.
Le marché local yéménite étant profondément affecté par le conflit, certains achats doivent être réalisés à l’internationale. Ceci concerne certains médicaments et les intrants nutritionnels. L’approvisionnement se fait par voie maritime directement vers le port d’Hodeïda, principal point d’entrée de l’aide humanitaire destinée au nord du pays. Vu le contexte, cette tâche n’est pas aisée. Le port d’Hodeïda peut en effet se retrouver fermé à tout moment en cas de risque de raids aériens.
De plus, nous devons faire face à des règles très strictes pour acheminer du matériel à l’intérieur du pays. Dans l’ensemble, la communication avec les autorités se déroule bien mais les démarches peuvent prendre du temps.
Concernant l’approvisionnement local qui est réalisé par voie terrestre, il faut obtenir des autorisations pour passer les nombreux check-points. Le processus d’obtention de ces documents peut être long. Il arrive aussi – malgré ces autorisations – que les membres de l’équipe soient bloqués à des check-points parfois pour une demi-journée.
Nous devons également faire face à des obstacles géographiques. A Raymah, il faut traverser des montagnes pour atteindre les populations. Les chemins sont impraticables en véhicule. Nous utilisons donc des animaux qui sont à l’aise pour se déplacer sur ce type de relief. Les vaccins par exemple sont transportés à dos d’âne dans des containers réfrigérants.
La situation est très instable et c’est toute la difficulté du travail du logisticien dans ce pays mais quand nous voyons l’impact de notre intervention auprès des populations, nous sommes prêts relever les défis qui nous attendent. »