Patrimoine palestinien en péril : les fortes pluies saisonnières menacent les vestiges de plusieurs sites

A cause des fortes pluies saisonnières et des changements climatiques, des mesures de protection à long terme sont nécessaires pour protéger les vestiges du monastère de Saint Hilarion, d’Al Bureij et de la nécropole romaine.

^{Image des inondations au Monastère Saint Hilarion prise en décembre 2022 (© F. Al-Utol/Première Urgence Internationale)}

Le changement climatique : facteur de risque important

Ces dernières années, les Gazaouis ont assisté à une augmentation constante de la pluviométrie et à la multiplication des violentes tempêtes hivernales (sables et pluies) en quelques mois en raison du changement climatique (novembre-mars). Selon l’Autorité palestinienne de l’eau, en quelques jours seulement, les récentes pluies ont atteint 73% du taux annuel de précipitations dans la bande de Gaza.

Or, ces fortes précipitations ont un impact direct et indirect sur les vestiges archéologiques palestiniens. Le ruissellement torrentiel entraîne le lessivage des mortiers des chaussées et la déconstruction progressive des sols jusqu’à leur effondrement. Ces pluies ont également des effets néfastes sur les structures bâties en élévation. Dans le site de Tell Um Al Amer par exemple, les fortes pluies ont entraîné le gonflement des mortiers jusqu’à la terre des murs, créant un risque d’un possible effondrement. Associées à la topographie du site et à la géologie du site (sol argileux peu drainant), les fortes pluies vont inévitablement altérer les pavements et entraîner le décollement des tapis de mosaïques et des vestiges existants.

Ces fortes pluies ont aussi des conséquences indirectes liées à l’écoulement souterrain de l’eau après son infiltration dans le sable, menaçant principalement les vestiges situés sous la dune (notamment la crypte). En effet, par sa position en contrebas du site, la crypte est devenue le point de convergence des eaux de pluies ayant été absorbées par le sol. Conséquence : la détérioration des maçonneries par l’accumulation de l’efflorescence de fins minéraux blancs à leur surface lors de son évaporation. Ce phénomène de minéralisation entraîne également des éclatements à la surface de la maçonnerie et le développement d’algues vertes et roses.

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Une situation qui se détériorera sans mesures de protection durables pour les vestiges archéologiques palestiniens

En effet, si les mesures d’urgence sont utiles, une protection durable est nécessaire. Suite aux fortes pluies du 8 novembre 2022, + 0,30 m d’eau de pluie et de boue se sont déversés sur les trottoirs et les vestiges. Une accumulation importante d’eau et une grande quantité de débris ont été constatées sur les sites d’Al Bureij et de Saint Hilarion.  L’élaboration d’un programme de préservation a été lancé en urgence avec le soutien de l’UNESCO et du British Council Cultural Protection Fund afin de sauvegarder temporairement les pavements en mosaïque d’Al Bureij des violentes pluies hivernales.

Une protection cruciale puisque cinq tapis de mosaïque aux décors polychromes ont été jusqu’à présent révélés sur le site. La richesse de leur polychromie et la finesse de leur exécution sont exceptionnelles. D’un point de vue anthropologique et ethnologique, le site apportera de nouvelles connaissances sur l’activité humaine à l’époque de l’Antiquité tardive dans la région de Wadi Gaza.

Des toits de protection permanents sont nécessaires pour protéger le monastère de Saint Hilarion, Al Bureij et les sites de la nécropole romaine.

Ainsi, avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD), nos équipes étudient la possibilité de construire des toits de protection permanents pour protéger le monastère de Saint Hilarion, afin de :

• protéger efficacement les vestiges des détériorations contre les effets climatiques et les éléments naturels : fortes pluies en hiver, mais aussi difficultés d’évacuation des pluies, vents de sable ou végétation,
• réduire les besoins d’entretien et/ou de restauration des vestiges à cause du changement climatique,
• maintenir les vestiges visibles, et permettre au public de découvrir réellement les vestiges archéologiques palestiniens sur le site,
• créer un modèle économique durable pour le site par l’installation de panneaux solaires.

Lien vidéo : fortes pluies sur le Monastère Saint Hilarion.

Sources :

• International Committee of Red Cross, 2022, Gaza : on the frontline of climate change
• Palestinian Water Authority, The last rainfall raised the proportion of rain to 43% in West Bank and to 73% in Gaza Strip
• INCA, march 2021, Tell umm el-’amr monastery as a venue for socio-economic development feasibility study presentation report