Ukraine, Dnipro : les besoins des populations civiles ne faiblissent pas.
Pour répondre aux besoins des populations civiles, Première Urgence Internationale déploie trois équipes mobiles. Elles vont directement dans des centres hébergeant les personnes déplacées dans la ville et la région de Dnipro, à l’Est de l’Ukraine.
Depuis juin, trois équipes mobiles de Première Urgence Internationale se rendent chaque jour dans des centres d’acceuil de personnes déplacées internes dans la ville et la région de Dnipro. Elles se composent toutes d’un.e médecin, infirmier, travailleur social, et enfin d’un.e psychologue, Ces équipes garantissent un accès à des soins de santé de base aux populations civiles les plus vulnérables qui ont fui les zones de guerre.
L’accès aux soins difficile pour la population
L’Ukraine compte actuellement 6,6 millions de déplacés internes. Parmi eux, 1,9 million se trouvent dans les régions de l’Est, notamment celles de Dnipro, Zaporijjia et Kharkiv.[1] Beaucoup ont fui en laissant tout derrière eux et ont vu leur accès aux services de santé limité ou provisoirement arrêté en raison du contexte sécuritaire. Aussi, 512 attaques contre des structures de santé dans le pays ont été recensées depuis le 24 février[2]. Ce qui perturbe l’accès aux soins des populations civiles les plus vulnérables. Par conséquent, près de 14,5 millions de civils auraient besoin d’une assistance médicale dans le pays. [3]
Des besoins en santé qui ne faiblissent pas
Les déplacés internes logent dans des centres d’accueil collectifs et parfois éloignés géographiquement des structures de santé traditionnelle. Ou ils ne connaissent pas les structures existantes dans leur nouveau lieu de résidence. Les équipes mobiles de Première Urgence Internationale se rendent chaque jour directement auprès des populations civiles dans différents centres d’accueil. Elles répondent à un besoin immédiat, en attendant le retour des bénéficiaires dans des centres de santé traditionnels.
« Les déplacés internes rencontrent des problèmes de santé variés : stress, tension élevée, anémie et diabète qui nécessitent un suivi médical », rapporte Olga, médecin chez Première Urgence Internationale dans une des équipes mobiles de Dnipro. « Récemment, j’ai eu le cas d’une femme qui avait fui très les zones de combat du côté de Bakhmout, dans la région de Donetsk. Elle avait attendu le dernier moment avant de partir et même les volontaires ne pouvaient plus évacuer les civils à cause des combats intenses qui avaient lieu. Elle avait alors dû marcher plusieurs kilomètres avec son mari. Nos équipes les ont pris en charge. Quand nous l’avons vue, elle avait une tension très élevée et était dans un fort état de stress, ajoute-t-elle. Nous l’avons écoutée et elle a reçu de quoi réguler sa tension. Quand elle est revenue nous voir, sa tension avait diminué », explique Olga.
Des besoins spécifiques
En moins de trois mois, les équipes mobiles de Première Urgence Internationale se sont quotidiennement rendues dans 31 centres d’hébergement dans la ville et la région de Dnipro. Elles ont accompagné plus de 4 480 bénéficiaires en santé, santé mentale et en protection.
Certains besoins s’avèrent être plus spécifiques : « Je suis arrivée dans la région de Dnipro en avril dernier avec ma fille de 9 ans et je suis enceinte de plusieurs mois », confie une bénéficiaire de la région de Dnipro, « pour le moment nous vivons dans un centre d’accueil éloigné de la ville et donc d’une structure hospitalière publique. Pour la première fois, j’ai été voir une équipe de Première Urgence Internationale afin de faire un point sur ma grossesse et ils m’ont donné des vitamines pour femmes enceintes. », raconte-t-elle.
La guerre a considérablement augmenté les besoins en matière d’accompagnement psychologique
Suite à l’expérience de la guerre, les déplacés internes font souvent état de stress, d’anxiété et d’insomnie. Ils indiquent le besoin d’une prise en charge psychologique. Le psychologue des équipes mobiles les prend alors en charge. Pour le seul mois d’août, les psychologues des équipes mobiles dans la région de Dnipro ont accompagné 604 bénéficiaires.
« J’essaye de les aider en leur transmettant des techniques permettant de se calmer comme des exercices de respiration, la technique du câlin-papillon ou l’art thérapie », raconte Maria, psychologue chez Première Urgence Internationale à Dnipro. « En effet, beaucoup ont perdu leur maison, leur travail et parfois des proches. Ils ont vécu un changement soudain, brutal, qu’ils ne peuvent pas contrôler. Je suis là pour les rassurer et les aider à se stabiliser émotionnellement. Pleurer, se sentir angoissé ou stressé… Ce sont des réactions tout à fait normales au vu du contexte dans lequel ils vivent. Ils n’ont pas à se sentir coupable de cela », rappelle-t-elle.
Enfin, des ateliers d’art thérapie sont mis en place avec les enfants, « pour qu’ils puissent s’exprimer en créant », ajoute Maria.
Un accompagnement social organisé pour les déplacés internes
Les besoins des bénéficiaires concernent aussi des questions légales ou administratives. Alors, un.e travailleur social de l’équipe mobile accompagne les déplacés internes dans certaines démarches administratives. Elles les informent sur leurs droits et les orientent vers des institutions spécialisées dans l’aide humanitaire ou vers les services sociaux de l’Etat.
« Une réelle discussion s’opère entre les bénéficiaires et moi », souligne Roman, travailleur social depuis quelques mois chez Première Urgence Internationale à Dnipro. « Je les écoute attentivement pour comprendre leurs situations et leurs besoins. Je les aide en partageant les informations les plus récentes sur leurs droits et les services gouvernementaux disponibles. » Aussi, même si leurs situations restent complexes, « je continuerai à les aider tant que je le pourrai », conclut Roman.
La plupart des déplacés internes ont des questions sur les procédures à suivre au niveau administratif et légal. « J’ai perdu ma maison lors des bombardements. Et j’ai eu l’opportunité de discuter avec le travailleur social qui m’a indiqué la marche à suivre pour recevoir des aides financières», raconte une bénéficiaire de Dnipro, venue à l’origine rencontrer les équipes médicales.
Le travail des équipes mobiles de Dnipro est soutenu par UHF/OCHA, et par des donations de Americares, Tulipeassociation et Protectioncivile.
[1] https://reports.unocha.org/en/country/ukraine/
[2] https://extranet.who.int/ssa/Index.aspx
[3]https://reports.unocha.org/en/country/ukraine/card/4WkSLakFjw/