Soudan : Retour au Darfour
13 ans après le retrait d’Aide Médicale Internationale du Darfour, Première Urgence Internationale va à nouveau répondre à la situation nutritionnelle préoccupante et retrouver par la même occasion d’anciens collaborateurs.
Dans la localité de Ag Geneina, Première Urgence Internationale a l’objectif d’améliorer l’état nutritionnel et la sécurité alimentaire des familles souffrant de malnutrition aiguë.
Nos équipes n’avaient pas foulé le sol du Darfour depuis leur retrait de la région en 2009. Présente dans d’autres zones du Soudan depuis 2020, Première Urgence Internationale va répondre notamment à la situation nutritionnelle préoccupante, et retrouver par la même occasion d’anciens collaborateurs.
Flashback au Soudan, 2005. Entre instabilité politique, crise climatique et tensions intercommunautaires, la crise du Darfour bat son plein et les organisations humanitaires affluent pour alléger les souffrances des populations civiles.
Mohamed Abdusamed Emam, surnommé Samad, a alors une vingtaine d’années et il souhaite s’engager pour aider sa communauté. Il sera engagé par l’association Aide Médicale Internationale (AMI) comme traducteur.
AMI assurait alors des activités de santé primaire, notamment par la construction de centres de santé, le soutien aux centres préexistants (réhabilitation, approvisionnement, formation…), la création de cliniques mobiles ou encore le transfert de patients vers des structures spécialisées.
Samad évolue ensuite vers un poste d’assistant logistique et administratif puis assistant programme. Il garde des souvenirs très forts de cette expérience : « AMI avait par exemple secouru la population du village de Nurlei dans le Sud Darfour, par la construction d’une clinique, le support en personnel et équipement médical. Pendant la saison des pluies, ce village n’avait accès à aucun service de soins pendant plus de 3 mois à cause des inondations qui ont bloqué l’accès au centre de santé le plus proche. Pour cette raison, les gens mouraient, en particulier les femmes enceintes. Ce projet était donc une des grandes réussites d’AMI. Oui, AMI a fait beaucoup. »
En avril 2009, avec 3 de ses collègues, Samad est victime d’une attaque violente au sein des bureaux d’AMI et d’un enlèvement. A la suite de cet incident, la mission d’AMI au Soudan est contrainte de fermer ses portes. « J’ai beaucoup appris de mes collègues d’AMI, ils m’ont formé sur de nombreux aspects et notamment sur le fonctionnement des financements humanitaires. C’est ce qui m’a permis de monter ma propre association. »
En 2010, Samad crée ‘Trust Rehabilitation & Development Organisation -TDO’, active au Darfour dans les domaines de la santé, de l’aide en eau, hygiène, assainissement, de la sécurité alimentaire ainsi que de la protection.
L’année suivante, AMI fusionne avec Première Urgence, ce qui donnera naissance à Première Urgence Internationale.
Darfour : une situation humanitaire toujours préoccupante
Les combats intercommunautaires, les déplacements prolongés, l’insécurité alimentaire, les risques liés au climat (inondations, périodes de sécheresse) et l’accès insuffisant aux services sociaux de base ont fait de nombreuses victimes civiles, détruit plusieurs villages et créé de nombreux déplacements de population. Au Darfour aujourd’hui, plus de 6 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire (selon OCHA).
Première Urgence Internationale, de retour au Soudan après la révolution de 2019, a mené une mission exploratoire dans cette région durant l’été 2022. Lors de cette évaluation, l’équipe a eu la chance de retrouver par hasard Samad, aujourd’hui âgé de 40 ans. « C’est avec une émotion particulière que j’ai appris que PUI est désormais de retour au Soudan et que de nouveaux projets vont être menés dans l’Ouest-Darfour. Les besoins y sont grandissants. »
En partenariat avec l’ONG Triangle Génération Humanitaire et grâce au soutien du Comité Interministériel d’Aide Alimentaire français, PUI lance en Octobre 2022 de nouvelles activités dans la localité de Ag Geneina (Ouest-Darfour), avec l’objectif d’améliorer l’état nutritionnel et la sécurité alimentaires des familles souffrant de malnutrition aiguë. Suite à de récents affrontements, plus de 83 000 personnes ont été déplacées dans cette localité (selon OIM). Cette situation critique à laquelle ils font face nécessite une intervention humanitaire d’urgence.
