Soudan : la communauté prend la lutte contre la malnutrition à bras-le-corps
La malnutrition aiguë et chronique reste l’un des principaux problèmes de santé publique au Soudan. Afin de répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels d’urgence des familles avec enfants diagnostiqués en malnutrition modérée et sévère à Gedaref, dans l’est du Soudan, Première Urgence Internationale implique des volontaires de santé communautaire. Rogia est l’une d’entre eux.
Portrait de Rogia, volontaire de santé communautaire | © Première Urgence Internationale
Rogia a 24 ans et est originaire de la ville de Basonda, située dans l’état de Gedaref, dans l’est du Soudan. « Pendant la pandémie de COVID-19, j’ai commencé à m’impliquer avec le Ministère de la santé dans des campagnes de sensibilisation. Puis j’ai entendu dire que Première Urgence Internationale recherchait des volontaires de santé communautaire. Je n’ai pas hésité car je souhaitais poursuivre mon engagement ! ».
Pour assurer une représentation équitable, les volontaires sont sélectionnés directement par différents représentants de la localité. Ensuite, ils reçoivent une formation dispensée par le personnel de Première Urgence Internationale sur les messages à délivrer, les techniques de collecte de données, ainsi que sur les bonnes méthodes de communication à adopter avec la communauté.
L’impact significatif de la mobilisation communautaire
Les volontaires communautaires mènent des actions de sensibilisation par le biais de visites à domicile, de sessions de groupe ou directement à l’hôpital. Rogia explique : « Nous sommes 15 volontaires à Basonda et par groupe de deux, nous menons 2 à 3 sessions par semaine. Nous nous joignons à des événements communautaires occasionnels tels que les rassemblements autour d’un thé/café ou des célébrations religieuses, afin d’atteindre le plus grand nombre de personnes possible« . Les volontaires adaptent les thèmes de promotion de la santé aux besoins spécifiques de la communauté : services de soins de santé préventifs, hygiène, malnutrition, gestion des déchets, santé sexuelle et reproductive et vaccination. Après six mois de mise en œuvre du projet, les volontaires communautaires ont déjà délivré des messages clés à 14 311 femmes et 11 580 hommes.
Rogia est la première à témoigner de l’impact de cette mobilisation communautaire : « Les campagnes de sensibilisation que nous organisons sont très importantes. Ma communauté ne dispose pas de toutes les informations sur les bonnes pratiques en matière d’hygiène, de santé et de nutrition. Les gens sont généralement très curieux de nous écouter et de discuter de ces sujets. »
Les volontaires communautaires du programme à Gedaref, Soudan | © Première Urgence Internationale
La lutte contre la malnutrition comme objectif
En plus de la sensibilisation à la santé et à la nutrition, les volontaires de santé communautaire créent un lien entre les communautés et les centres de santé. Cela permet aux volontaires de référer les enfants avec des signes de malnutrition vers les unités de nutrition dans les centres de santé soutenus. Rogia explique : « Chaque semaine, nous comparons les listes de cas de malnutrition que nous avons identifiés dans la communauté et la liste des admissions au programme de nutrition de l’hôpital. Si nous voyons qu’une famille ne s’est pas rendue à l’hôpital, nous retournons la voir pour la convaincre de l’importance de poursuivre le traitement de son enfant ».
Les facteurs de la malnutrition comprennent la pauvreté liée aux faibles revenus, les mauvaises conditions d’hygiène, l’accès limité aux services de santé et à l’éducation sanitaire, les prix élevés des denrées alimentaires qui contribuent à un apport alimentaire insuffisant et à une diversité alimentaire limitée. La crise socio-économique actuelle, l’insécurité alimentaire et l’accès limité à des aliments nutritifs affectent la croissance et le développement des enfants dès leur plus jeune âge. La malnutrition est l’une des principales causes sous-jacentes de la mortalité et de la morbidité infantiles au Soudan.
« J’aime vraiment ce que je fais avec Première Urgence Internationale. Cela me permet de rencontrer de nouvelles personnes et de changer la perception et les pratiques pour une meilleure prévention des maladies et de la malnutrition. Je suis reconnaissante de ce que Première Urgence Internationale fait pour ma communauté », conclut Rogia.
Ces activités sont rendues possibles avec le soutien du Comité Interministériel d’Aide Alimentaire (CIAA), et en partenariat avec Solidarités International (SI) depuis mai 2022. Cette action s’efforce de renforcer la résilience des communautés, de promouvoir les meilleures pratiques et de sensibiliser, afin de réduire l’impact de la malnutrition, en particulier chez les mères enceintes et les enfants. Les activités sont mises en œuvre à Basonda et dans le village 8, ciblant environ 19 000 personnes.
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