« Ce que je retiens de cette mission, c’est avant tout la très bonne entente de l’équipe »


Wendy Pierre et Vincent Rotureau reviennent du Tchad, où ils ont passé huit mois en tant que coordinatrice terrain et coordinateur sécurité alimentaire, nutritionnelle et moyens d’existence. Ils reviennent sur le contexte spécifique de cette mission. Récit.

Wendy, 30 ans, est coordinatrice de programme et coordinatrice de zone. Après un Master d’anglais, elle s’est orientée vers l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), où elle a suivi le parcours humanitaire. Elle a rejoint Première Urgence Internationale en 2014 et a effectué plusieurs missions pour l’organisation en Afrique et au Moyen-Orient.

distribution alimentaire au Tchad

Vincent, 28 ans, est issu d’une formation d’agronome, qu’il a complétée avec un Master de gestion de projet humanitaire à l’Institut de Formation et d’Appui aux initiatives de Développement (IFAID). Il est revenu au Tchad en tant que coordinateur sécurité alimentaire, nutritionnelle et moyens d’existence. Il avait effectué sa toute première mission dans ce pays en 2011-2012 avec Première Urgence Internationale.

Quel était votre rôle sur la mission ?

Wendy : j’étais coordinatrice de zone du Ouara, un département à l’est du pays. J’étais  basée à Abéché, où j’étais en charge de carte du Tchadsuperviser les programmes (santé, nutrition et sécurité alimentaire) et de gérer tous les aspects logistiques, financiers, administratifs et ressources humaines de la base. Mon rôle était également d’assurer la représentation externe de l’ONG auprès des autorités locales et des autres ONG présentes dans la région.

Concernant la sécurité, j’effectuais de la veille auprès du comité de sécurité composé de membres de notre équipe nationale, des différents partenaires et autorités locales. La mission était plutôt calme mais quelques petits braquages ont eu lieu à Abéché et ses environs. Un pic de risques  a été franchi en mars avec l’évasion d’une centaine de prisonniers de la prison d’Abéché et l’enlèvement d’un expatrié français travaillant pour une société minière dans l’est du pays. Mon rôle consistait donc à rechercher des informations et à adapter les règles de sécurité par rapport aux événements qui se produisaient.

distribution de médicaments au Tchad

Vincent : Je travaillais à la fois sur les bases d’Abéché et d’Hadjer Hadid, situées dans les départements du Ouara et de l’Assoungha (Est du Tchad).  J’apportais un support technique aux responsables techniques de projet dans la mise en œuvre de leurs activités, la gestion technique de leurs projets, la formation des équipes, les propositions d’intervention ou plus globalement la structuration du département sécurité alimentaire, nutritionnelle et moyens d’existence sur la mission.

De juin à octobre, le Tchad entre dans une phase critique. On l’appelle « période de soudure », période durant laquelle les ménages les plus pauvres ont terminé leurs stocks alimentaires issus de leur production. Ces ménages sont dans l’obligation de mettre en œuvre un certain nombre de stratégies de survie, plus ou moins grave. Parfois, un membre de la famille doit migrer pour trouver du travail, une source de revenu externe. Certaines familles vont jusqu’à réduire le nombre de repas par jour ou les quantités consommées lors des repas. Le risque de sous-alimentation et de sous-nutrition est très élevé pendant ces quatre mois. Dans leurs activités, les équipes de Première Urgence Internationale ciblent les populations les plus à risque : les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes, qui tombent plus facilement dans la malnutrition.

La mission Tchad allie une intervention en santé et en nutrition pour avoir l’impact le plus fort possible dans la lutte contre la malnutrition. Les équipes organisent des distributions alimentaires, le dépistage et la prise en charge de la malnutrition et apportent un appui aux centres de santé.

journée de la femme au Tchad

Y-a-t-il un fait particulier qui vous a marqué sur cette mission ?

Wendy : ce que je retiens de cette mission, c’est avant tout la très bonne entente qu’il y avait au sein de l’équipe, autant expatriée que nationale. L’équipe était composée d’environ 80 personnes.  Nous étions un peu comme une petite famille à Abéché, ça impulsait une bonne énergie pour le travail. C’est d’autant plus important que les conditions climatiques sont spécifiques. Le Tchad, c’est le désert. En 8 mois, nous avons aperçu les premières gouttes d’eau dans les dernières semaines.

Vincent : ce qui m’a personnellement marqué, ce sont les faibles changements visibles dans contexte tchadien depuis ma première mission. Cinq ans plus tard, ce pays et plus particulièrement la région du Ouaddaï, où nous intervenons, est toujours dans une insécurité alimentaire chronique. Pour les ménages les plus pauvres, une assistance humanitaire reste nécessaire, d’où la présence de Première Urgence Internationale sur place. La situation est encore plus complexe depuis l’arrivée massive de réfugiés en provenance du Soudan, ce qui a augmenté la densité de population, accentué la pression exercée sur les ressources naturelles et leur disponibilité.


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