«Une mission faussement calme»


DSC_2483_cDagobert Blondon vient de vivre sa première mission humanitaire. Il a passé 9 mois au Kurdistan irakien pour Première Urgence Internationale dans le camp de Bardarash en tant que chef de programme multisectoriel. De retour depuis quelques semaines en France, il espère repartir au plus vite sur le terrain.

En quoi consistait ta mission ?

Ma principale tâche consistait à gérer les services publics d’assainissement du camp de déplacés de Bardarash, dont les habitants ont fui Mossoul et les villages périphériques contrôlés par l’organisation Etat Islamique. Mon équipe assurait notamment le ramassage des ordures, la vidange des fosses septiques, la maintenance des installations publiques et individuelles et la qualité de l’eau. Il fallait trouver quotidiennement des solutions à différentes problématiques liées à la santé par exemple, au soutien à la construction de deux écoles, à la distribution de kits hygiène ou encore à des enjeux plus techniques comme l’électricité. J’étais également en charge, en tant que chef de programme, de la mise en place de différents projets dans le camp comme la mise en place d’activités psycho-sociales. Il y a en effet énormément de troubles psycho-sociaux dus à l’inactivité dans le camp et en raison de ce que les personnes ont pu vivre avant leur arrivée à Bardarash.

Qu’est ce qui t’a particulièrement marqué pendant ta mission ?

Un jour, j’ai entendu parler d’une famille ayant fui Mossoul, une ville du nord de l’Irak contrôlée par Daesh, et qui venait d’arriver dans le camp. Je suis allé la voir. Les membres de cette famille étaient vraiment soulagés d’être arrivés. Ils m’ont parlé de la situation apocalyptique qui règne à Mossoul. Pas d’eau, pas d’électricité, pas de travail. Certaines personnes qui meurent de faim. Ils m’ont également raconté le trajet qu’ils ont parcouru lorsqu’ils se sont évadés à l’aide de passeurs. Ils étaient cachés derrière des cartons à l’arrière d’un pick-up. De Mossoul, ils se sont rendus jusqu’en Syrie puis ont traversé la ligne de front de nuit et se sont rendus aux milices kurdes. De là, ils ont été renvoyés en Irak, dans le camp de Bardarash. C’était le seul itinéraire possible. J’ai trouvé cette histoire assez bouleversante et j’ai été aussi fortement marqué par l’optimisme de cette famille.

Qu’as-tu pensé de ta mission ?

Même si la mission était fatigante, c’était une expérience très enrichissante. Ce qui était vraiment fantastique, c’était de constater quotidiennement l’impact de notre travail. Le contexte, lui, au Kurdistan irakien est particulier. C’est une mission faussement calme. Nous savions qu’il y avait des explosions à 15-20 km mais nous ne ressentions pas l’impact à Bardarash même. Nous entendions les bombardements mais tout restait calme dans la ville.

J’avoue que je repartirai sans hésitation avec Première Urgence Internationale et en Irak dès que l’on me sollicitera. Mon rêve c’est de voir Mossoul. J’espère qu’un jour la situation évoluera et que je pourrai me rendre dans cette ville.

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