Interview d’Anna Soravito, cheffe de mission au Cameroun


Anna Soravito, cheffe de mission au Cameroun pour Première Urgence Internationale va prochainement quitter ses fonctions, elle nous raconte son expérience.

Ce poste de cheffe de mission est une première pour Anna. C’est sa première expérience dans le monde de l’urgence. En effet, Anna vient du milieu du développement.

Anna, tu quittes prochainement ton poste de cheffe de mission au Cameroun que tu occupais depuis février 2016, qu’est-ce qui t’a plu dans ce poste ?

Ce poste est extrêmement polyvalent, riche en défis, en difficultés mais aussi en découvertes. Le contexte camerounais est particulièrement intéressant puisque le pays subit deux crises distinctes, celle qui perdure en Centrafrique et une autre qui sévit dans la région du lac Tchad. Ces deux crises sont extrêmement différentes. Les besoins et actions qui en découlent le sont également. Notre mission au Cameroun est riche car nous intervenons dans des contextes différents. Nous menons des actions dans des camps de réfugiés mais également en dehors, avec la communauté hôte.

Dans ce cadre, nous adoptons une approche intégrée, spécificité de Première Urgence Internationale. En effet, nous menons des activités très différentes en faisant à la fois :

  • de la gestion de camps de réfugiés
  • de la construction et de la réhabilitation
  • de la sécurité alimentaire
  • des interventions en eau, hygiène et assainissement.

Nous disposons sur cette mission d’une véritable expertise sur les questions d’eau, hygiène et assainissement et menons  ainsi des projets qui répondent à un besoin urgent.

Urgence, résilience, post-urgence et développement

En parallèle, nous accompagnons les autorités locales pour s’assurer qu’elles reprennent la main sur ces questions. Il est important de faire un lien entre l’urgence et le développement.

Dans le pays, nous mettons en place des projets visant à répondre à l’urgence pure. Nous développons aussi des projets de résilience, post-urgence voir de développement en lien avec les autorités locales pour des résultats plus structurels. Nos activités en eau, hygiène et assainissement en sont un parfait exemple.

Au Cameroun, nous travaillons également avec les organisations et les associations locales qui ont besoin de formation pour renforcer leurs capacités. Nous leur apportons nos connaissances notamment en termes d’organisation. Les projets menés peuvent être d’une durée courte de 9 mois à 1 an ou de plus long terme, sur plusieurs années, ce qui nous permet de nous investir plus durablement.

Enfin, nous avons commencé cette année à travailler en association avec d’autres ONG. Cela représente un défi mais cela permet surtout un partage d’expériences, une harmonisation des pratiques et une meilleure coordination entre les acteurs humanitaires.

Peux-tu nous parler de la mission Cameroun ?

L’an prochain, nous fêterons les 10 ans de Première Urgence Internationale dans le pays. Ces années d’activité nous permettent d’avoir une bonne compréhension du contexte et des autorités. Nous avons une bonne connaissance de l’Est du pays et de l’Adamaoua notamment. Cette mission a beaucoup grandi depuis 2015, notamment avec le lancement d’activités dans l’Extrême Nord du pays, à Maroua fin 2015 et à Kousseri en avril dernier.

Qu’est ce qui t’a le plus satisfait durant cette mission ?

Je pense tout de suite aux grandes compétences de nos équipes camerounaises et à leur engagement, ce qui est vraiment très agréable. Ces personnes ont énormément de qualités et c’est une force.

Comment qualifierais-tu ta vie d’expatriée au Cameroun ?

En tant que cheffe de mission j’avais la chance d’être basée à Yaoundé où la vie est très agréable et les conditions de vie sont faciles. Même si nos terrains d’interventions sont compliqués, avec notamment des difficultés en termes de sécurité, j’étais privilégiée en vivant dans la capitale. Cela permet notamment de pouvoir poursuivre un engagement humanitaire et d’avoir une vie de famille.

Quels défis devra relever le chef de mission qui prendra le relai après ton départ ?

Nous prévoyons la mise en place d’un projet pilote de réponse rapide aux urgences. Ce type de projet a déjà été mené dans d’autres contextes et il faudra ici l’adapter au Cameroun. Le prochain chef de mission devra également relever un défi de croissance, assurer la structuration et la stabilisation de cette mission qui a beaucoup grossi récemment. Enfin, Première Urgence Internationale a un fort ancrage régional là-bas et nous envisageons des collaborations transfrontalières avec les missions de Première Urgence Internationale au Nigéria et en Centrafrique. Ce qui sera, je pense, extrêmement intéressant !


Nous vous conseillons également