Entretien avec Claire Arnaud, référente technique Urgence au Cameroun


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Au Cameroun, Première Urgence Internationale prend en charge la gestion de l’ensemble des camps de réfugiés du pays. Claire Arnaud rentre de six mois de mission en tant que référente technique Urgence à Batouri. Elle a accepté de nous expliquer en quoi consistait son travail sur place.

En quoi consiste le rôle d’un référent technique Urgence ?

Le rôle du référent technique est assez vaste. Il y a tout d’abord la partie liée à la gestion et la coordination des camps de réfugiés.  Il y a à la fois un rôle de représentation lors des réunions de coordination entre les acteurs sur le terrain et lors des visites des bailleurs de fonds ; une fonction opérationnelle avec le suivi de la mise en œuvre des projets; il s’assure que les conditions de sécurité sont respectées et assure le suivi logistique dans le cadre de la mise en œuvre des activités. A Batouri, mon poste couvrait quatre sites de réfugiés de l’Est du Cameroun: Lolo, Mbilé, Timangolo et Ngarsingo. Ces camps créés lors de la crise en 2014 accueillent des réfugiés centrafricains. Concernant la gestion et la coordination des sites, deux actions étaient au cœur de ma mission : la gestion des camps et la coordination avec les différents acteurs ainsi que la gestion sécuritaire des différents sites. L’objectif étant que le camp fonctionne en permanence ce qui  nécessite une présence des équipes en permanence. Cette présence permet aux réfugiés d’avoir une interface en cas de problème, à nous ensuite de nous coordonner avec les différents acteurs pour répondre aux besoins des réfugiés. La protection et gestion sécuritaire des camps se fait elle en coordination avec le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), les partenaires,la population locale, et les réfugiés eux-mêmes. Chaque camp est géré par un gestionnaire de site avec qui j’étais en permanence en contact notamment sur ces questions sécuritaires. Le RT Urgence est mobilisable 24h sur 24, 7 jours sur 7 et est en permanence informé de ce qui se passe sur place.

Ensuite, il y a la partie liée à la construction des abris. Au début de la crise, les réfugiés étaient logés dans des hangars communautaires puis, au fur et à mesure, dans des abris de plus en plus durables pour faire face aux intempéries de la région Est, notamment la saison des pluies qui peut rapidement détériorer les habitations. Les personnes les plus vulnérables sont prioritairement accompagnées pour la construction de ces abris durables sous la responsabilité  de Première Urgence Internationale. L’objectif est de faire participer les réfugiés à la construction de leurs propres abris et ainsi permettre une meilleure prise en charge de leurs besoins.

Cette aide apportée aux réfugiés est censée être temporaire, comment cela se concrétise sur le terrain ?

Au début de la crise c’est une aide d’urgence qui leur est apportée, désormais nous sommes plus dans une phase transitoire, on va vers l’autonomisation et/ou le retour des réfugiés. Pour cela, on les accompagne en mettant en place certaines règles comme un règlement intérieur, un code de conduite et en définissant les rôles et devoirs de chacun. Nous avons notamment organisé l’élection de comités de représentants au sein des réfugiés tels que le comité de réfugiés représentatifs des jeunes, des femmes, des sages etc. On fait alors du renforcement des capacités auprès des personnes élues pour qu’ils deviennent des partenaires de discussion et d’actions et puissent ensuite devenir autonomes dans la gestion quotidienne des camps. Enfin, on forme les réfugiés à la construction d’abris durables ou semi durables pour qu’ils puissent être autonomes, et ainsi moins dépendre de l’aide humanitaire. Ces formations leur seront également utiles dans le cadre d’un éventuel retour en RCA.

Cette mission était ta première mission en Afrique, qu’est ce qui t’a marqué ?

Effectivement, mes précédentes missions se sont toutes déroulées au Moyen-Orient. En Afrique, le contexte et les besoins sont complètement différents et le management des équipes également. Les bénéficiaires eux sont toujours des personnes en situation de vulnérabilité qui fuient des combats. A chaque fois, c’est la même envie qui m’anime en tant qu’humanitaire, l’envie de comprendre ce qu’il leur est arrivé et leur apporter mon aide au plus proche de leurs besoins. Quand on arrive sur une mission il faut écouter les bénéficiaires pour comprendre quels sont leurs besoins, et parfois déconstruire des schémas acquis sur les missions précédentes. Pour moi cette mission a été très enrichissante tant personnellement que professionnellement.


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