« Dans n’importe quel contexte, si rien n’est fait en matière d’eau, hygiène et assainissement, il y aura des risques d’épidémies »


Kares Mwahulwa est ingénieur de formation et d’origine congolaise. Il occupe le poste de Coordinateur en eau, hygiène et assainissement (WASH) en République centrafricaine (RCA). Il nous parle de ce domaine essentiel et de son parcours.

Kares Mwahulwa, Coordinateur WASH pour Première Urgence Internationale

Site de la décharge (à 3km du camp de Minawao) Cameroun / © Première Urgence Internationale

Tu as en tout plus de quatre ans d’expérience à nos côtés, comment cela a commencé ?

J’ai été recruté comme Responsable technique WASH pour suivre les activités sur le camp de réfugiés de Minawao au Cameroun. J’ai passé 22 mois sur ce poste. En juillet 2017, le Coordinateur terrain et l’Administrateur logistique ont terminé leurs contrats, j’ai donc assuré l’intérim sur ces deux postes tout en gérant deux projets WASH sur le camp. Le Chargé de programmes du Cameroun était de passage sur la base de Maroua et m’a parlé d’un poste de Coordinateur terrain. Je suis rentré dans le processus de recrutement et je suis devenu Coordinateur terrain à Kidal au Mali. J’ai occupé ce poste pendant 10 mois. Le siège m’a ensuite proposé le même poste mais à Abéché, au Tchad, sur lequel j’ai passé 11 mois. En novembre 2020, on m’a parlé en interne du poste de Coordinateur WASH au Mali sur lequel j’ai passé quatre mois. Depuis mars 2021, j’occupe le poste de Coordinateur WASH en RCA.

Comment décrirais-tu en quelques mots le secteur eau, hygiène et assainissement ?

L’eau c’est la vie, c’est une nécessité pour tout le monde. Dans n’importe quel contexte, si rien n’est fait en matière d’eau, hygiène et assainissement, il y aura des risques d’épidémies, surtout lorsqu’il y a des regroupements. C’est pour cela que les équipes de ce secteur sont toujours parmi les premières à intervenir lorsqu’il y a des catastrophes, car c’est le premier élément dont les communautés ont besoin. C’est une nécessité d’avoir des latrines, des toilettes sécurisées, de diffuser des messages clairs par rapport à l’hygiène, le lavage des mains, la consommation d’eau potable…

Kares Mwahulwa, Coordinateur WASH pour Première Urgence Internationale

Mission d’évaluation dans le CSCOM de Somadougou dans la région de Mopti au Mali / © Première Urgence Internationale

Quelles sont les principales innovations que tu as pu mettre en place au sein du camp de Minawao ?

Ce camp est très grand et complexe. Quand je suis arrivé, il comptait 64 000 réfugiés. Le plus grand problème auquel nous avons dû faire face était le remplissage précoce des latrines. Il a fallu que je réfléchisse à une technologie qui permette de les vidanger pour pallier ce problème. Car ce n’était pas viable d’en recreuser à chaque fois des nouvelles sur cet espace. J’ai donc suggéré qu’on consolide les parois des latrines et qu’elles soient vidangées une fois remplies pour ensuite être réutilisées. Avec cette réhabilitation, les latrines sont devenues plus opérationnelles et à un coût moins élevé (de 150 000 CFA à 30 000 CFA par latrine). Cela a vraiment été une grande innovation et cette stratégie est en application jusqu’à aujourd’hui, tout comme la mise en place d’un transport de déchets par ânes. Nous avons aussi mené des études sur une station de traitement d’égout des vidanges. Une ancienne stagiaire du Siège est venue m’appuyer dans cette activité. Ces études ont permis aux partenaires qui ont repris ces activités après nous de mettre en place cette station de traitement d’égout qui est aujourd’hui fonctionnelle.

Avant de rejoindre Première Urgence Internationale tu as travaillé avec de nombreuses ONG internationales, qu’est-ce qui t’a convaincu de rester au sein de notre organisation ?

Au départ, j’avais vraiment peur de travailler pour une ONG française. Mais après sept ans dans une ONG anglaise, je voulais découvrir ce qu’il se passait ailleurs. Mes premières craintes se sont vite dissipées. J’ai été émerveillé par l’organisation et surtout par le département des ressources humaines. Tous les trois mois, il y a des échanges et des discussions avec ce département pour parler de notre évolution. Toutes les missions où je suis intervenu se sont bien déroulées. Un point commun est que j’y ai rencontré de bons managers qui ont été à l’écoute de mes propositions. Au départ je pensais m’engager pour une mission de neuf mois avec Première Urgence Internationale, puis peut-être retourner dans l’ONG où j’avais déjà travaillé. Et voilà que j’entame ma cinquième année, on peut dire que les choses ont bien fonctionné (rires).

Une autre particularité est que l’ONG a su capitaliser sur mes compétences. Ils ont eu confiance en moi et ont vu que je pouvais aussi faire encore mieux sur d’autres postes, à partir des intérims dont j’ai eu la charge. Le suivi du parcours du personnel au sein de Première Urgence Internationale est très intéressant. Si l’on trouve que tu as du potentiel, on va chercher à le capitaliser.
À présent, je rêve de grandir en responsabilité pour mieux servir l’organisation ainsi que les communautés.

Kares Mwahulwa, Coordinateur WASH pour Première Urgence Internationale, à Yaoundé lors d'un atelier WASH

Atelier WASH à Yaoundé en 2016 / © Première Urgence Internationale

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