Coordinateur terrain, une mission variée et stimulante


Coordinateur terrain

Pendant seize mois, Enguerrand Roblin a été coordinateur terrain sur la mission Liban de Première Urgence Internationale, dans la région du Akkar. Revenu fin janvier 2019, il témoigne de cette expérience, et explique le rôle du coordinateur terrain sur une mission humanitaire.

Coordinateur terrain
© Photo Alexis Fogel

Concrètement, qu’est-ce qu’un coordinateur terrain ?

Le rôle du coordinateur terrain (« field coordinator », en anglais) s’articule autour de trois grands axes de coordination : premièrement, il fait l’interface entre les équipes de terrain, basées sur place, et les équipes de support, basées dans la capitale et au siège. Deuxièmement, il fait aussi le lien entre tous les départements de la mission sur le terrain. Enfin, il gère la coordination entre Première Urgence Internationale et les autres acteurs présents sur la zone (autres ONGs, nationales ou internationales, autorités locales…)
Le coordinateur terrain est également en charge de s’assurer de la sécurité des biens et des personnes sur sa zone de couverture. Cela implique, notamment, d’analyser en continu l’évolution du contexte, de définir et diffuser des procédures claires pour gérer les incidents et d’organiser de façon régulière des ateliers pour s’assurer que l’ensemble des équipes soient au clair sur les règles sécuritaires.

Quelles sont ses missions ?

C’est l’équivalent d’un chef de mission, à l’échelle d’une région spécifique : un poste de direction, mais basé sur le terrain. Le coordinateur terrain a donc notamment des fonctions de représentation et d’encadrement. Par nature, il doit s’intéresser à tout, et être polyvalent voire multitâches. Le coordinateur terrain doit être capable, dans la même journée – voire dans la même heure – de passer d’un sujet ‘réponse d’urgence’ à une problématique liée à la gestion des stocks, ou encore à un entretien disciplinaire.
Même si le coordinateur terrain n’est pas directement impliqué dans la mise en œuvre des activités auprès des populations (c’est le travail des équipes programmes), il y est étroitement associé. À titre d’exemple, je participais chaque semaine à un comité durant lequel nous passons en revue la situation individuelle de familles rencontrées sur le terrain par les équipes, pour décider si nous pouvons les soutenir et, si oui, par quels moyens. Au quotidien, sur ce poste, on peut réellement voir l’impact des décisions que l’on prend.

Au Liban, tu travaillais sur la base du Akkar. Quelle est le contexte de cette région ?

Le Akkar, historiquement et encore aujourd’hui, est une des régions les plus pauvres du Liban. Elle est située assez loin des pouvoirs centraux de Beyrouth. C’est aussi depuis toujours une région d’accueil, car transfrontalière. Depuis le début de l’exode syrien, 100 000 à 130 000 réfugiés sont venus se réfugier au Akkar, ce qui représente près de 40 % de la population de la région.
Première Urgence Internationale est mobilisée au Liban, et notamment dans le Akkar, pour apporter un soutien aux populations locales et aux familles de réfugiés syriens. Les programmes mis en œuvre sont vraiment pertinents et diversifiés. Nous proposons de la réponse d’urgence après des catastrophes naturelles, dans une temporalité plutôt courte. À l’autre bout du spectre, nous menons un programme de soutien aux centres de santé nationaux, qui s’étale sur plusieurs années, donc une activité au long cours. Et entre les deux, il y a toute une palette d’activités pour apporter une assistance alimentaire aux bénéficiaires, ou aider à la réhabilitation d’infrastructures.

Comment se compose l’équipe de Première Urgence Internationale ?

Sur la base du Akkar, Première Urgence Internationale compte une cinquantaine de personnes. Les équipes sont réparties en départements : santé, sécurité alimentaire et moyens d’existence, protection, logement et abris, suivi et évaluation. Ce dernier département est une vraie chance, car cela permet d’avoir des enquêtes d’impact sur nos activités. Nous sommes toujours dans une démarche d’amélioration, à partir des retours de nos bénéficiaires.
Par ailleurs, nous pouvons vraiment compter sur l’expérience et les compétences des équipes locales. Les équipes nationales actuelles sont là depuis longtemps, à tous les niveaux de la base, jusqu’aux postes de cadres. Cela permet de s’appuyer sur des équipes fiables et efficaces, capables de mettre en œuvre sur le terrain mais aussi de réfléchir à la stratégie de la mission à plus long terme.

Quel est le contexte sécuritaire au Akkar ? Et les conditions de vie pour les expatriés ?

Il y a de fortes idées reçues qui persistent jusqu’à aujourd’hui, basées sur la perception de ce qu’il se passait en 2013-2014, lorsqu’il y avait encore des zones de conflit au niveau de la frontière et dans la région du Akkar. Aujourd’hui, ça n’est plus le cas ! Le risque sécuritaire n°1 auquel on fait face, ce sont les accidents de la route. Ce qui n’est pas très différent de n’importe quel autre endroit du monde. Mis à part ça, et quelques tensions intercommunautaires, le contexte sécuritaire est très stable.
Il n’y a pas de problématiques d’accès particulières. Il est tout à fait possible, en tant que coordinateur terrain expatrié, d’accéder à l’ensemble des activités sur le terrain. En termes de conditions de vie, moi j’y ai trouvé le compromis idéal. La communauté d’expatriés humanitaires vit dans un petit village dans les montagnes, à une vingtaine de kilomètres de nos bureaux. Au quotidien, on voit des paysages magnifiques, et il y a la possibilité d’aller passer le weekend à Beyrouth ou de visiter le reste du Liban assez facilement.

Dans le futur, quelles sont, pour toi, les perspectives de ce poste ?

Je dirais qu’aujourd’hui nous sommes à un moment charnière de la crise syrienne. Quelques milliers de réfugiés au Liban sont rentrés en Syrie en 2018. Ce mouvement va-t-il s’accélérer ou pas, alors que le Liban compte toujours 1 million de réfugiés ? C’est aussi ce qui fait toute la richesse du poste : on ne peut pas se contenter de regarder la situation du Liban, sans regarder celle des autres pays de la région. Au quotidien, il faut savoir être force d’analyse pour accompagner les évolutions de la mission et des activités déployées.

Coordinateur terrain au Liban
L’équipe Première Urgence Internationale de la base du Akkar entourant Enguerrand Roblin, quelques jours avant son départ.

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