Coordinateur de zone au Mali : « Dans tout ce que j’entreprends, j’essaye de transmettre mes compétences »


Patrick Valère Kouam est nigérien et a travaillé comme médecin clinicien durant quatre ans avant de se lancer dans la gestion de projet. Il a ensuite gravi les échelons pour devenir Coordinateur de zone au Mali, un poste à responsabilités qui lui permet de redistribuer le savoir acquis.

Patrick Valère Kouam sur le terrain pour Première Urgence Internationale

Patrick Valère Kouam sur le terrain pour Première Urgence Internationale

Lorsque j’ai eu mon diplôme de médecin, j’ai cherché à travailler pour une ONG humanitaire dans le domaine de la santé. J’ai commencé avec un poste au Niger, puis au Congo avec une autre ONG française.
J’ai toujours été attiré par ce secteur car je suis quelqu’un de très compatissant par nature, je mets toujours le bien-être des autres avant le mien.

Mon parcours au sein de Première Urgence Internationale a commencé au Tchad en tant que Responsable projet santé.
J’étais très technique, je comprenais tout ce qui était santé, indicateurs, comment les calculer, etc… Mais à la gestion de projet, je n’y comprenais pas grand-chose. J’ai eu la chance d’avoir une Coordinatrice terrain qui était très compétente dans ce domaine et j’ai appris à ses côtés. Elle m’a appris la planification, le suivi budgétaire… Tout ce qu’il y avait à savoir.
Dans les missions qui ont suivi j’ai pu mettre à profit toutes ces connaissances.

La sécurité avant tout

Être Coordinateur zone au nord du Mali, c’est d’abord penser à la sécurité des équipes et des personnes soutenues. Quand je me réveille le matin la première chose que j’ai besoin de savoir c’est : « Est-ce que les équipes vont bien au niveau des bases ? ». C’est ma première préoccupation.

Je suis toujours en alerte quand elles vont sur le terrain car il faut être prêt à réagir aux différents évènements.
On ne peut rien faire sans la sécurité. Nous sommes tenus d’apporter une assistance adéquate aux communautés. Pour autant, nous sommes continuellement en réflexion sur comment réadapter nos stratégies pour pouvoir atteindre les populations isolées malgré les enjeux d’ordre sécuritaire.

Première Urgence Internationale est à la tête de la coordination humanitaire dans le nord du Mali (cercle d’Ansongo et région de Kidal). Nous sommes un peu une référence en tant qu’acteur humanitaire dans cette région, principalement dans le cercle d’Ansongo. Nous allons là où les autres acteurs ne vont pas.

Tirer les équipes vers le haut

Une autre difficulté liée à ma position réside dans le renforcement des capacités. Par exemple, je ne voudrais pas quitter le nord du Mali avec des personnels nationaux qui sont toujours au même niveau qu’à mon arrivée. C’est pourquoi dans tout ce que je fais, j’essaye de transmettre mes compétences en discutant et en expliquant le pourquoi du comment.

Être Coordinateur de zone au Mali me permet de faire évoluer les choses en ouvrant le champ des possibles en termes de gestion sécuritaire ou ressources humaines notamment. Les équipes sont beaucoup plus motivées qu’à mon arrivée il y a cinq mois et quand je vois cela, ça m’encourage.

Patrick Valère Kouam, Coordinateur de zone au Mali pour Première Urgence Internationale
Patrick Valère Kouam sur le terrain pour Première Urgence Internationale

Aujourd’hui trois collègues ont été promus et font un travail remarquable, c’est vraiment une fierté pour moi.

Quand je prends un poste, je ne regarde pas seulement ce que les équipes sont capables de faire, mais je regarde le potentiel de chacun. Je m’inspire de ma propre expérience, je suis parti du niveau 0 et j’ai prouvé que je pouvais être un atout pour l’ONG.

Redevabilité et transparence

La redevabilité est une des valeurs qui me fascine à Première Urgence Internationale.
Je m’y reconnais entièrement car je ne vois pas les actions humanitaires comme étant de simples projets. Je vois l’être humain au-delà des indicateurs, quelqu’un qui souffre et qui a des besoins.
La meilleure façon d’apporter de l’aide à une personne c’est de comprendre quel est son problème et ses besoins mais sans les identifier à sa place. Donc nous discutons avec les communautés en détresse. Nous essayons de les comprendre et nous réfléchissons ensemble à quelle réponse nous pouvons apporter.
De plus, nous rendons compte de nos activités et de leurs résultats aux chefs de villages et leaders communautaires régulièrement. Nous faisons également des réunions trimestrielles avec les autorités administratives sur le même principe.
Des boîtes à suggestion ont également été mises en place. Si quelqu’un ne se sent pas à l’aise pour nous dire en face ce qui ne va pas, il peut faire des suggestions ou des plaintes dans cette boîte. Nous prenons ensuite la peine d’analyser ces messages et de faire un retour aux populations.
Dans tout ce que nous effectuons, nous nous posons toujours la question : « Est-ce que d’une manière ou d’une autre cela ne va pas apporter une nuisance aux personnes soutenues ? »

Des liens étroits

Quand nous avons un problème sur le terrain, nous pouvons parler librement avec notre Chargé de ressources humaines expatriées. Ils ont tous été formidables avec moi. Je dirai que ce sont des coachs, que nous pouvons compter sur eux.
Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de rencontrer une ONG telle que celle-ci. Il y a une vraie valeur de fidélisation. À Première Urgence Internationale quand tu es quelqu’un qui travaille, tu es encouragé, tu es accompagné.

Dans le futur, j’envisage d’être Chef de mission. C’est ambitieux mais j’ai travaillé de manière très étroite avec plusieurs d’entre eux. J’ai beaucoup appris et il me semble que ce serait une bonne chose d’essayer de redistribuer ce savoir à mon tour dans une mission.
Je dis souvent que je suis Première Urgence Internationale.
Je ne me vois pas travailler autre part pour le moment. Peut-être que dans le futur j’irai puiser quelques expériences ailleurs mais jusqu’à preuve du contraire, je considère cette ONG comme étant ma maison.


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