Bárbara, Cheffe de Mission en Colombie : « J’ai eu l’opportunité de grandir »


Bárbara est pharmacienne au Brésil quand elle décide de mettre ses compétences au service de Première Urgence Internationale et de participer à une première mission en tant que coordinatrice médicale. Il y a plusieurs mois, Bárbara devient Cheffe de mission en Colombie.

Comment es-tu devenue Cheffe de Mission en Colombie ?

J’avais déjà travaillé avec Première Urgence Internationale dans deux missions avant de partir en Colombie en tant que coordinatrice médicale. Mais, honnêtement, je devais déjà m’impliquer dans beaucoup de choses qui n’étaient pas de mon ressort. Cela fait partie de ma nature, je veux toujours en savoir plus, m’impliquer plus. Parfois, je dois me forcer à me poser des limites…

Quand je suis arrivée en Colombie, nous n’étions que quatre personnes sur la mission. Donc, à la fin de la journée, on devait faire un certain nombre de choses. Quand le chef de mission est parti, je connaissais bien la mission, le contexte et l’équipe. J’avais envie de m’impliquer davantage. J’ai beaucoup réfléchi, j’avais des doutes et puis finalement, je me suis dit que c’était l’opportunité pour moi d’essayer. Et en fin de compte, j’ai réussi à convaincre les personnes qui m’ont recrutée que c’était une bonne idée.

Qu’est qu’être Cheffe de Mission signifie pour toi ?

Lâcher prise du domaine médical n’est pas facile. Un nouveau coordinateur arrivera prochainement, je vais découvrir ce que c’est de complétement laisser cet aspect de côté. Mais devenir cheffe de mission m’a permis de m’impliquer dans différents aspects de la mission comme la sécurité, les finances ou la logistique. J’apprends désormais tellement de choses nouvelles, c’est très excitant.

La mission en Colombie est très spéciale. L’équipe est formidable, elle veut vraiment améliorer la prise en charge des personnes. C’est un plaisir pour moi de pouvoir l’aider à réaliser ses objectifs.

Quel est le contexte de ta mission ?

La mission a débuté avec la vague d’immigration vénézuélienne. Nous travaillons donc beaucoup avec les migrants vénézuéliens, principalement avec les Caminantes : les migrants vénézuéliens qui viennent en Colombie à pied. Ils traversent la frontière en empruntant une très longue et fatigante route, certains marchent pendant plus de 20 jours, en gravissant, descendant des montagnes en affrontant des climats extrêmes qui passent régulièrement du chaud au froid. Mais, depuis peu, nous entreprenons aussi de plus en plus de choses pour les populations colombiennes vulnérables qui vivent dans des zones touchées par le conflit armé. La mission progresse très rapidement. Parfois, même trop rapidement…

Quel a été ton plus gros challenge ?

Je suis passée d’un poste où j’étais en charge de deux personnes, à un poste où je supervisais une quinzaine de personnes des agents aux les coordinateurs. L’écart était tellement important. C’est un challenge pour beaucoup de chefs de mission de gérer les différentes personnalités, niveaux, cultures et histoires de chacun des membres de son équipe. Les premières semaines, je ne faisais que me dire : « Ok, il faut que je respire ». C’est encore un challenge aujourd’hui, mais il est beaucoup moins grand qu’il y a six mois.

Quelle est la chose que tu as accomplie dans la mission dont tu es la plus fière ?

Les progrès que nous avons faits sont incroyables. Quand nous avons commencé, nous n’avions presque aucun papier, aucun dossier. Nous avancions à l’aveugle, maintenant, nous avançons à moitié à l’aveugle, mais, d’une manière bien plus structurée.

Avec mon équipe, nous avons effectué un exercice pour repenser notre stratégie et la manière dont nous allions aller de l’avant. La fin de cette phase de développement stratégique, où nous nous sommes mis d’accord sur la façon dont nous allions opérer est le moment dont, pour l’instant, je suis la plus fière. Mais si vous me posez la même question dans six mois, j’espère que notre organisation sera totalement fonctionnelle et fluide.

Quelle est la spécificité de Première Urgence Internationale ?

Travailler pour Première Urgence Internationale, comme partout ailleurs, comporte des hauts et des bas. Cependant, je peux voir par exemple que, comparé à d’autres amis dans le secteur humanitaire, j’ai eu beaucoup d’opportunités de croissance. On m’a confié des responsabilités, on m’a fait confiance et apporté autant de soutien qu’il était physiquement possible à ce moment-là. C’est quelque chose que je ne vois pas nécessairement dans toutes les ONG. Beaucoup de personnes sont coincées dans leur emploi et dans leur fonction unique. Chez Première Urgence Internationale, au contraire, j’ai l’impression que si je veux essayer d’explorer autre chose, je peux le faire. Le fait que ce soit une petite équipe permet d’essayer d’autres domaines. D’autre part, il existe également des possibilités de projets intégrés. Par exemple, en Colombie, nous avons maintenant un programme en soutien en santé mentale en psychosocial, en santé et en protection. Et comme nous avons compris les effets du programme d’eau, assainissement et hygiène (WASH en anglais) sur la santé, nous allons essayer de l’intégrer dans nos actions. Nous sommes dans la possibilité de proposer une approche globale. Parfois, d’autres ONG qui s’occupent de santé se concentrent uniquement sur la santé. Ce n’est pas un modèle auquel je crois personnellement. Par exemple, en Colombie, si un patient vient voir le psychologue, nous cherchons toujours à savoir s’il a faim ou encore s’il a un endroit où dormir. Aucun psychologue ne peut faire de la magie, car, tant qu’il y a des gens qui ont faim et qui sont dans la rue, votre soutien psychologique ne peut pas aller plus loin. La volonté de Première Urgence Internationale de couvrir plusieurs secteurs est donc pour moi très intéressante.

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