Entretien avec Amélie d’Hautefeuille, ancienne coordinatrice terrain au Nigeria


Amélie est partie en mission 9 mois au Nigeria. Une première fois en avril 2016 pour assurer l’ouverture de la mission de Première Urgence Internationale dans le pays puis en octobre 2016 en tant que coordinatrice terrain. Elle nous raconte son expérience.

Lors de mon premier séjour en avril 2016 pour l’ouverture de la mission, mon rôle était de lancer et suivre notre premier projet de sécurité alimentaire à Maiduguri, dans le Nord-Est du Nigeria. Pour cela nous avons travaillé avec les leaders communautaires et la communauté sur les critères de vulnérabilités afin de sélectionner les  bénéficiaires du projet. L’idée était d’ajouter aux critères standards d’insécurité alimentaire des critères de vulnérabilité s’inscrivant dans la culture locale et la réalité de la situation à laquelle les populations font face.

Par la suite, en tant que coordinatrice terrain, j’assurais la coordination interne et externe de nos projets. En interne, nous avons adopté une approche intégrée visant à répondre de manière multisectorielle et complémentaire à l’ensemble des besoins des populations. A Maiduguri, nous menons désormais des activités en santé, en sécurité alimentaire et en nutrition ainsi qu’une phase test pour un projet de soutien aux ménages qui souhaitent créer ou développer leur propre source de revenus. Nous couvrons certes une zone restreinte mais espérons ainsi agir sur l’ensemble de la chaîne de vulnérabilité et avoir un véritable impact sur la situation des bénéficiaires. En plus de nos activités directement tournées vers les populations locales, nous sommes également gestionnaires d’un entrepôt ouvert à l’ensemble des acteurs humanitaires de la zone. En externe, l’explosion du nombre d’acteurs humanitaires entraîne des enjeux très importants en termes de coordination. Mon rôle était de faire le lien avec l’ensemble de la communauté humanitaire afin d’apporter des réponses complémentaires en fonction des domaines de compétences de chaque organisation. Par ailleurs, j’assurais également la gestion de la sécurité sur la base de Maiduguri, le management général de l’ensemble des équipes et le développement de nouveaux projets en collaboration avec le chef de mission.

Cette expérience a été passionnante, j’ai rarement vu une telle pertinence et une telle qualité des projets mis en place. Dans notre zone d’intervention nous avons toujours travaillé en étroite collaboration avec la communauté pour comprendre leurs besoins réels et construire nos projets en fonction des besoins exprimés par la population. Les retours que nous avons des bénéficiaires et des autres acteurs montrent que nous avons acquis une vraie reconnaissance de la population locale et de la communauté humanitaire ce qui est une immense satisfaction et un véritable atout pour continuer et développer notre réponse à cette crise majeure.

En effet, les besoins restent énormes et la réponse insuffisante. Aujourd’hui, dans les zones accessibles pour les travailleurs humanitaires, les besoins des populations ne sont que très partiellement couverts, qu’en sera-t-il quand nous pourrons accéder au reste de la population ? 

La mission doit maintenant continuer à accroître son volume opérationnel tout en conservant la pertinence et la qualité de ses projets. Un enjeu de taille dans un pays où les défis sont innombrables et les besoins immenses.


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