Afghanistan : 3 questions aux docteurs Shah Mahmood et Shireen sur leur travail dans la province de Kunar


Première Urgence Internationale est présente dans la province de Kunar depuis près de 20 ans. L’engagement de nos équipes sur le terrain est resté entier malgré les aléas politiques et les conflits qui ont secoué l’Afghanistan au cours des deux dernières décennies. Assurer l’accès aux soins des populations les plus isolées et vulnérables reste la priorité de Première Urgence Internationale dans la province de Kunar.

Grâce au Fonds Commun Humanitaire (CHF), nos équipes mettent en place depuis juin 2015 un programme d’urgence qui permet de gérer et soutenir 4 centres de santé dans des districts particulièrement isolés de la province. 32 000 personnes peuvent ainsi accéder à des soins de santé de qualité. Ces 4 structures sont situées dans des villages qui ne bénéficient d’aucun soutien gouvernemental.

Première Urgence Internationale a choisi de recruter ses équipes au sein même des communautés afin de permettre une meilleure acceptation des projets. Des liens solides avec les chefs locaux et une présence de longue date dans la région nous permettent aujourd’hui de travailler dans des zones difficiles d’accès, et qui ne bénéficient d’aucune aide.

En quoi consiste votre travail dans la province de Kunar ?

Dr Shah Mahmood : Je travaille depuis 22 ans pour Première Urgence Internationale, j’ai commencé en tant que directeur de centre de santé, puis coordinateur terrain. Aujourd’hui, je suis référent sur les projets de la province de Kunar. Mon travail consiste à m’assurer que notre intervention est en adéquation avec les besoins des populations et acceptée par celles-ci. Les relations que j’ai développées avec les chefs des communautés nous permettent d’avoir accès à la population. Nous pouvons bénéficier par exemple de zones dégagées et sécurisées pour les campagnes de vaccination. Je participe également à la supervision des centres de santé.

Dr Shireen : J’ai rejoint Première Urgence Internationale en 2011 en tant que directeur de centre de santé et je suis actuellement chargé de projet. Je gère directement le programme d’urgence financé par le Fonds Commun Humanitaire et supervise les équipes des 4 centres dans lesquelles nous intervenons. La qualité des soins prodigués est bien sûr au premier plan, ainsi que l’approvisionnement en médicaments.

Pourquoi est-il important de travailler dans ces zones ?

Dr Shah Mahmood : Dans les zones isolées, la prévalence des maladies saisonnières est très importante. En hiver, nous constatons une augmentation des maladies respiratoires, comme la pneumonie ; au printemps et en été, on assiste à des épidémies de fièvre typhoïde et de malaria. L’absence d’eau potable dans la plupart des villages a également un impact majeur sur la santé des populations.

Dr Shireen : Sans le programme de Première Urgence Internationale, des milliers de personnes n’auraient pas accès aux soins dans la région. Par ailleurs, la supervision des centres nous permet de maintenir des standards de qualité, notamment par le respect des protocoles et la bonne planification des soins.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez ?

Dr Shireen : La principale difficulté réside dans l’environnement sécuritaire aléatoire qui peut menacer nos activités et notre capacité à les superviser quotidiennement.

Dr Shah Mahmood : Certaines communautés sont particulièrement isolées et n’acceptent pas toujours les visites de l’extérieur, ce qui peut nous poser des problèmes en termes d’acceptation et de sécurité. Mais la plupart des communautés avec lesquelles nous travaillons souhaitent continuer à bénéficier des services de santé que Première Urgence Internationale fournit. Dans certaines zones, qui ne sont pas totalement sous le contrôle du gouvernement, la situation peut changer très rapidement. On nous a reproché récemment de ne pas venir assez régulièrement dans un village et de ne pas communiquer suffisamment sur nos visites. Créer des liens solides prend beaucoup de temps, car les chefs des communautés avec qui nous travaillons doivent régulièrement convaincre les groupes armés du bienfait de nos actions.


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