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Une réponse rapide face à l'urgence humanitaire dans l'Extrême-Nord au Cameroun

Depuis 2013, la région de l'Extrême-Nord du Cameroun est frappée par une crise sécuritaire persistante due aux attaques de groupes armés. Ces violences, aggravées par des inondations dévastatrices ces dernières années, forcent de nombreuses familles à fuir leurs maisons. C'est ce qu'on appelle les mouvements de populations, engendrant un niveau de besoins humanitaires alarmant et en constante augmentation.

Publié le 12/12/2025 | Temps de lecture : 9 min

Suivi post-intervention : entretien entre Kambo et un membre de l’équipe du partenaire local Tamounde Speranza, Blangoua, département du Logone et Chari, Extrême-Nord Cameroun, octobre 2025 | © Première Urgence Internationale

La crise, ses conséquences et les chiffres clés de l’urgence humanitaire au Cameroun 

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 3,3 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire au Cameroun en 2025. 45% d’entre elles – soit 1,5 million de personnes – résident dans la seule région de l’Extrême-Nord. Parmi ces personnes, on compte une proportion très élevée de femmes, souvent cheffes de familles intergénérationnelles et d’enfants, les populations les plus vulnérables. 

Le témoignage touchant de Kambo, déplacée à Blangoua 

Kambo et trois de ses enfants devant leur abri d’urgence, Blangoua, département du Logone et Chari, Extrême-Nord Cameroun, octobre 2025 | © Première Urgence Internationale

Urgence humanitaire au Cameroun – Kambo et trois de ses enfants devant leur abri d’urgence, Blangoua, département du Logone et Chari, Extrême-Nord Cameroun, octobre 2025 | © Première Urgence Internationale.

Kambo, 30 ans, est l’une de ces personnes. Originaire du village de Souéram, elle a dû fuir sous la contrainte avec ses six enfants après une attaque. Elle raconte son arrivée dans leur nouvelle localité d’accueil, Blangoua : 

« Nous sommes arrivés de Soueram les mains vides, nous dormions dehors exposés au froid, à la pluie et aux piqûres de serpents. Certains chefs de ménages partaient travailler dans les champs et ne rentraient qu’avec de quoi cuisiner le repas du soir ou avec de l’argent pour acheter de la nourriture pour les enfants. » 

Son récit met en lumière la vulnérabilité immédiate et le manque de ressources pour assurer la survie la plus élémentaire. 

L’expertise de la réponse rapide (RRM)

Aire de puisage à disposition des déplacés internes de Blangoua, département du Logone et Chari, Extrême-Nord Cameroun, novembre 2025 | © Première Urgence Internationale

Urgence humanitaire au Cameroun – Aire de puisage à disposition des déplacés internes de Blangoua, département du Logone et Chari, Extrême-Nord Cameroun, novembre 2025 | © Première Urgence Internationale

Face à une alerte émise par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) le 2 juin 2025 signalant un afflux de populations à Blangoua, la mobilisation fut immédiate. 

Le lendemain, nos équipes de Première Urgence Internationale se sont rendues sur place. En collaboration avec notre partenaire local Tammounde Speranza, ainsi que Solidarités International et Serbowel Humanitaire, nous avons mené une évaluation rapide des besoins dans le cadre du Mécanisme de Réponse Rapide (RRM). 

En tout, 149 ménages, représentant 1 142 personnes, ont été recensés. Seulement onze jours plus tard (du 14 au 27 juin 2025), nos équipes étaient déployées pour apporter une aide concrète et ciblée, répondant aux urgences identifiées pour des familles comme celle de Kambo. 

Une assistance concrète pour reconstruire le quotidien 

Kambo explique comment cette aide a transformé ses conditions de vie : 

« J’ai bénéficié de l’appui de Première Urgence Internationale à travers la distribution des kits d’eau, hygiène et assainissement (EHA) et des kits pour la construction d’abris d’urgence. Ces kits abris contenaient tout le nécessaire (lattes, chevrons, outils…) et nous avons même reçu un soutien financier pour la main d’œuvre. 

Aujourd’hui, nous avons un abri décent où nous sommes en sécurité. Nous avons aussi accès à l’eau potable ainsi qu’aux latrines et douches construites. Nos enfants et nous-mêmes utilisons également les aires de lavage, ce qui nous facilite la tâche au quotidien. » 

Les chiffres clés sur l’impact de nos interventions à Blangoua après cette alerte de 2 juin sur le déplacement de 149 ménages : 

  • Abris : 83 ménages ont reçu une assistance complète en abris d’urgence. 
  • Eau et hygiène : 94 ménages ont reçu des kits EHA essentiels. 
  • Assainissement : 11 blocs de latrines d’urgence ont été construits pour environ 1 100 personnes, limitant la défécation à l’air libre et réduisant les risques d’épidémies. 
  • Accès à l’eau potable : 2 bladders (réservoirs souples) ont été installés, sécurisant l’approvisionnement en eau potable pour 5 000 personnes. 

Cette aide cruciale a été possible grâce au soutien de l’Union européenne et de l’UNICEF. 

Nos soutiens financiers


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