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Faire face à la crise climatique dans le sud de l’Irak : évaluation et plan d’action

Entre octobre 2024 et janvier 2025, une évaluation approfondie des déplacements liés au climat a été menée dans cinq gouvernorats du sud de l’Irak : Thi Qar, Missan, Muthanna, Qadissiya et Bassorah. L’étude s’est appuyée sur 387 enquêtes auprès de ménages, 10 groupes de discussion et 15 entretiens avec des informateurs clés, afin d’analyser les impacts du changement climatique, les vulnérabilités locales, les besoins multisectoriels, les lacunes juridiques et politiques, ainsi que les priorités opérationnelles pour la phase II.

Publié le 28/11/2025 | Temps de lecture : 3 min

Les résultats révèlent une situation alarmante : 98,7 % des personnes interrogées ont constaté une hausse des températures moyennes, et 96,6 % une augmentation de la fréquence des sécheresses. La rareté de l’eau est particulièrement préoccupante, notamment à Qadissiya et Muthanna, où les niveaux des rivières ont fortement baissé et les systèmes d’irrigation sont en déclin. Les moyens de subsistance agricoles sont gravement affectés : 67 % des ménages signalent des impacts significatifs, et 59 % citent la perte de récoltes comme principal défi. Les problèmes de santé liés au climat — maladies respiratoires, affections liées à la chaleur, maladies hydriques — touchent plus de la moitié des répondants, avec une incidence plus élevée chez les personnes déplacées. 

Les groupes les plus vulnérables identifiés sont les personnes âgées, les femmes et les filles, les enfants, les agriculteurs, les personnes en situation de handicap, ainsi que les ménages déplacés et à faible revenu. Les besoins urgents couvrent plusieurs secteurs, avec la gestion des ressources en eau comme priorité absolue. Les recommandations incluent la modernisation des systèmes d’irrigation, l’accès élargi à l’eau potable, le soutien à une agriculture résiliente, le déploiement d’unités mobiles de santé, et le renforcement des infrastructures et des abris. 

Sur le plan géographique, Qadissiya et Muthanna apparaissent comme les zones les plus touchées, nécessitant des investissements urgents dans les systèmes hydriques, le soutien agricole et les opportunités d’emploi. Missan et Thi Qar font face à la dégradation des marais et à une forte dépendance au transport d’eau, tandis que Bassorah est confrontée à la salinisation, à la pollution et à une exposition extrême à la chaleur. 

Des lacunes importantes en matière de gouvernance ont été identifiées : faible sensibilisation aux politiques climatiques, accès limité à l’aide humanitaire, coordination fragmentée entre les acteurs. Le rapport propose des actions ciblées telles que des interventions d’urgence sur l’eau, des projets pilotes d’irrigation goutte-à-goutte, des campagnes de santé mobile, et la mise en place d’un mécanisme régional de gouvernance de l’eau. Ces investissements prioritaires offrent un fort retour sur les fonds humanitaires et de développement, en protégeant les moyens de subsistance, en réduisant les migrations forcées et en renforçant la résilience locale.