Communiqué de presse

Le patrimoine archéologique de Gaza menacé de destruction 

[Gaza, 12 septembre 2025] – Première Urgence Internationale, en collaboration avec le Patriarcat latin de Jérusalem, a réussi à sauver l'une des plus riches collections archéologiques de la bande de Gaza de la destruction totale lors d'une frappe aérienne israélienne jeudi.

Les équipes de Première Urgence Internationale sauvent le patrimoine archéologique de Gaza menacé de destruction 

Tout au long de la guerre, l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF) a hébergé 80 mètres cubes d’antiquités dans un entrepôt de la ville de Gaza. La collection représente plus de 25 ans de fouilles et comprend des objets provenant du site de Gaza inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le monastère byzantin de Saint-Hilarion. 

L’armée israélienne a ordonné l’évacuation de l’entrepôt mercredi matin, avant ce qu’elle a décrit comme une frappe imminente contre le bâtiment dans lequel il se trouve, malgré son statut protégé dans le cadre du système de déconfliction de l’ONU. 

Première Urgence Internationale, qui assure la sécurité du site, a négocié un délai supplémentaire tout en recherchant des partenaires capables de déplacer la collection. Depuis 2017, ses équipes travaillent à la protection du patrimoine historique de Gaza afin d’offrir à des centaines de jeunes Palestiniens une formation professionnelle et des moyens de subsistance. 

La collection archéologique comprend des dizaines de milliers d’objets provenant de sites chrétiens et antiques importants du territoire palestinien, notamment Saint-Hilarion, l’église de Mukheitim, l’église d’Al-Bureijh, la nécropole romaine d’Ard-Moarbin et Anthedon (liste indicative de l’UNESCO). 

Ces vestiges – céramiques, mosaïques, pièces de monnaie, plâtres peints, restes humains et animaux, etc. – constituent un élément essentiel du patrimoine palestinien et sont indispensables à la compréhension de l’histoire chrétienne primitive et antique du Moyen-Orient. Leur destruction représenterait une perte irremplaçable pour le patrimoine mondial, selon l’EBAF, qui estime que ce n’est pas seulement l’histoire de Gaza qui est en jeu, mais celle du monde entier. 

L’armée israélienne a accepté de suspendre l’attaque à condition que des « progrès » soient réalisés dans le transfert des fragiles antiquités vers un autre lieu, rejetant l’objection selon laquelle du temps, des ressources et un autre lieu sûr étaient nécessaires. L’armée a indiqué que la frappe aérienne aurait lieu si Première Urgence Internationale ne parvenait pas à déplacer la collection. 

Le Patriarcat latin de Jérusalem a proposé son aide pour transporter la collection vers un lieu plus sûr. Le transfert a eu lieu jeudi après-midi sous la menace constante des bombardements. L’entrepôt est désormais vide, en prévision de la frappe aérienne israélienne. 

Depuis la fin du XIXe siècle, l’EBAF est l’une des institutions académiques les plus renommées de la région, reconnue pour son travail dans la région et consultée par l’Autorité israélienne des antiquités. Rattachée au couvent dominicain Saint-Étienne de Jérusalem, l’école a dirigé la publication des manuscrits de Qumran. 

Avant la guerre, les interventions de Première Urgence Internationale en matière de sauvegarde du patrimoine offraient des moyens de subsistance aux jeunes Palestiniens grâce à toute une série d’activités, notamment la maçonnerie, la photogrammétrie 3D et les fouilles archéologiques. Certains sites, comme Saint-Hilarion, étaient destinés à devenir des espaces communautaires proposant des cours de langue et des activités de soutien psychosocial et de santé mentale pour les adultes et les jeunes. 

La menace qui pèse sur la collection archéologique reste grave, car les attaques israéliennes continuent de s’intensifier. Les organisations humanitaires avertissent que l’assaut israélien sur la ville de Gaza imposera des conditions désastreuses à près d’un million de Palestiniens affamés, en deuil et déplacés. Première Urgence Internationale continue de fournir une aide vitale à ceux qui en ont besoin. 

Depuis le début de la guerre, l’UNESCO a constaté des dégâts sur au moins 110 sites culturels dans la bande de Gaza, dont 13 sites religieux, 77 bâtiments d’intérêt historique ou artistique, un musée et sept sites archéologiques. 

Ces attaques ont suscité des inquiétudes plus générales quant à une guerre menée non seulement contre une population vivante, mais aussi contre l’histoire et l’identité palestiniennes. Le même schéma a été observé dans d’autres conflits ces dernières années, notamment avec la destruction par l’État islamique d’artefacts et de sites historiques en Irak et en Syrie, dont le site de Palmyre, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

La communauté internationale doit agir pour protéger les trésors de Gaza. Leur perte effacerait des siècles d’histoire chrétienne et antique de la région et du monde. 

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