Soudan du Sud : Une mobilisation nécessaire face à une crise sans précédent


Une sécession du Soudan en 2011

Le Soudan du Sud est une nation nouvellement créée qui a vu le jour en juillet 2011 suite à une sécession du Soudan. Dès sa création, le pays est l’un des plus pauvres du monde, avec une économie et des infrastructures faibles, un taux de mortalité maternelle et infantile élevé et une malnutrition très répandue.

En décembre 2013, de violents combats ont éclaté après une tentative de coup d’état. Depuis lors, la situation du pays reste très instable. En novembre 2016, on dénombrait 1,83 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays, 1,3 million de réfugiés dans les pays voisins et 261 541 réfugiés au Soudan du Sud en raison de l’instabilité dans leur pays.

Première Urgence Internationale intervient dans le pays depuis 2015 et face à une situation de plus en plus critique a récemment décidé de procéder à une évaluation globale de la situation dans la région de Bahr el Ghazal afin de répondre au mieux aux besoins de la population. L’eau, l’hygiène et l’assainissement, la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire sont les différentes secteurs qui ont été étudiées par les experts de l’organisation. Le résultat de cette évaluation est sans appel : les besoins sont considérables et il est nécessaire de réagir rapidement pour éviter que la situation ne dégénère.

En effet, selon les données relevées une grande majorité de la population (61%) est très vulnérable avec un besoin urgent d’assistance, en particulier pour la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire. Ainsi le taux de malnutrition aiguë global s’élève à 40,6% de la population. La malnutrition chez les femmes enceintes et allaitantes est également élevée avec près d’une femme sur deux qui souffre de malnutrition. Selon le réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine, le pays a atteint le niveau de 4/5 correspondant à l’urgence et devrait atteindre le stade famine de 5/5 sans intervention humanitaire.

Le manque d’aliments pousse plus de 80% des ménages à se nourrir d’aliments « sauvages », à réduire les portions lors des repas en favorisant toujours l’alimentation des enfants et à régulièrement s’abstenir de nourriture pendant un ou plusieurs jours.

En outre, l’évaluation multisectorielle a démontré que la production agricole locale est trop faible pour répondre aux besoins de la population. Les ménages produisent en moyenne 100 kg de céréales par an, alors que les besoins seraient d’au moins 1 022 kg. Cette faible production est due à plusieurs facteurs: le manque de graines (en raison de la faible production des années précédentes); le manque d’équipement pour la culture (outils, arrosoir, charrue); la présence de nombreux parasites, la faible fertilité du sol et les changements climatiques. Enfin, l’inflation galopante continue d’être un défi majeur (l’inflation annuelle globale était de 425,9% en février dernier).

Pour Mauricio Tautiva, référent eau, hygiène et assainissement de Première Urgence Internationale, la situation est particulièrement critique en termes de sécurité alimentaire « il n’y a plus de nourriture, ils en sont réduits à manger les feuilles des arbres et des racines avec du sorgho », or les stocks de sorgho ne sont assurés que jusqu’à mai et la prochaine récolte n’aura lieu qu’en octobre. Dans les prochaines semaines, la population n’aura donc plus aucune alimentation disponible et de plus en plus de personnes risquent de se déplacer pour aller chercher de la nourriture, notamment au Soudan voisin dans la région du Darfour.

L’accès aux soins est également une problématique majeure à laquelle est confrontée la population du Soudan du Sud. Dans la zone où elle intervient actuellement, Première Urgence Internationale travaille notamment dans un centre de santé qui fonctionne comme un hôpital avec 6 000 à 8 000 consultations par mois, voire 10 000 lors des pics de Malaria. L’organisation propose également des soins de santé  gratuits et un accès aux médicaments dans une zone plus large. La qualité du travail des équipes y est particulièrement reconnue, c’est pourquoi la population vient parfois de très loin pour se faire soigner. Ainsi, plus de la moitié des familles mettent 1 heure et plus pour rejoindre un centre de santé. Malheureusement les conditions de travail et de soin restent parfois rudimentaires car les établissements sont confrontés à un manque de médicaments, de ressources humaines et d’équipement. Il apparaît ainsi indispensable de renforcer l’accès au soin de cette population sujette à de nombreuses pandémies et à de nombreux cas de malnutrition.

« Quand on se rend au Soudan du Sud, l’aide humanitaire prend tout son sens, cela nous donne une motivation supplémentaire pour travailler » souligne Marie-Michèle Thiam, référente santé Afrique à Première Urgence Internationale.

Enfin, l’accès à l’eau est également critique avec très peu de points d’accès à l’eau sécurisés. Ainsi, 74% de la population doit marcher plus de 30 minutes pour accéder à un point d’eau, 57% doit même marcher plus d’une heure. La population est par ailleurs obligée de se rendre à ces points d’eau 3 à 4 fois par jour sous une température de 45°C. Cette problématique affecte directement l’état nutritionnel de la population qui doit dépenser une importante quantité de leurs propres réserves énergétiques, déjà très limitées, pour aller chercher l’eau. L’accès à une eau de qualité et à des conditions d’hygiènes décentes sont deux autres défis que le pays doit relever rapidement.

Face à cette situation particulièrement dramatique, Première Urgence Internationale se mobilise et souhaite renforcer son intervention pour apporter l’aide nécessaire à cette population victime de l’une des crises oubliées à travers le monde.

Sur ce sujet, nous vous invitons à regarder ce reportage en anglais réalisé pour The National, une émission de la chaine de télévision canadienne CBC où vous pourrez écouter l’interview d’Agnes Acheng, chargée de programme nutrition pour Première Urgence Internationale :

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